a mascarade �lectorale et l'absence de d�mocratie ont toujours desservi les femmes. Si les partis politiques s'en servent pour se rapprocher des sph�res d�cisionnelles, les femmes ne peuvent �tre que perdantes quand la situation perdure. Dans un souci de cr�dibilit�, je tiens � pr�ciser que cette contribution n'est pas le fruit de mes illusions mais une tentative d'exprimer ce que je pense et ce que je per�ois autour de moi. Car la construction de la d�mocratie fait partie de mon id�al m�me si je suis consciente qu'elle mettra quelques si�cles � s'�difier, l'histoire des autres soci�t�s l'a d�montr�. M�me une d�mocratie de fa�ade doit �tre prise au s�rieux par ceux qui en sont exclus. Et qui, plus que les femmes, en ont le moins b�n�fici�? Si, en d�mocratie, la majorit� prend le pouvoir, la minorit� a le droit de penser le contraire. Et nous sommes nombreux � �tre conscients du m�pris que les politiques nous portent. Me consid�rant envers et contre tout(s) comme citoyenne, je m'accorde le droit d'interpeller ceux qui se pr�tendent porte-parole du peuple, d�tenteurs uniques du monopole des revendications de ce peuple qu'ils ne voient jamais. A moins d'une semaine des �lections que constatons-nous ? Des chefs de partis partout, rempla�ant les candidats, emp�chant les �lecteurs de conna�tre leurs futurs repr�sentants. Les candidats � la t�l� lisent avec monotonie des textes, comme une corv�e administrative � accomplir. M�me les candidats de l'�poque du parti unique, FLN-partiadministration-Etat paraissaient plus motiv�s ! Les partis ne s'investissent pas beaucoup dans cette campagne. Est-ce la crainte de la fraude, qui a bon dos, ou l'assurance d'un nombre de si�ges, comme ils en accusent les autres parfois? Dans les deux cas de figures, les �lecteurs-spectateurs que nous sommes oblig�s d'�tre pour le moment, et dont les places sont pr�pay�es par les imp�ts, devraient avoir droit � quelques �gards de leur part. A Alger, l'administration a pris de court les partis. Le d�cor est pr�t depuis le premier jour de la campagne mais les partis ne se sont pas empress�s de coller leurs affiches. Ils n'�taient visiblement pas pr�ts. Ils semblent �tre d�pass�s par le nombre de panneaux et leurs affiches ne suffisant pas, elles sont coll�es sur quelques panneaux seulement. Ils ne sont pas d�rang�s par les portraits des autres chefs de partis qui les occupent. Nous nous �loignons de l'�poque o� les partis se plaignaient de l'administration qui les d�favorisait. Si ces acteurs, pour des raisons qui les concernent, ont d�cid� de jouer cette com�die, qu'ils respectent le public-�lecteur. Et pour gagner un si�ge � l'Assembl�e, il faut, au moins, passer par cette campagne-corv�e. A moins de consid�rer, comme Coluche , que la politique "est une rigolade et il faut la laisser aux v�ritables comiques". En attendant, on ne peut s'emp�cher de relever l'aspect d�risoire de ce qui nous est servi. Le profil des candidats Les listes semblent �tre plus des propositions pour l'embauche que pour des repr�sentants. Les candidats sont, dans leur quasi-totalit�, universitaires. A croire que le syst�me de l'enseignement, tant d�cri�, est parfait. Or, les profils des candidats ont chang� selon les �poques. La 1�re d�cennie post ind�pendance a invent� des profils de moudjahid. La construction du socialisme, au cours de la 2�me d�cennie, a fait appara�tre des candidats pr�sentant un profil de pauvres. Et s'ils occupaient un poste, c'�tait pour construire le pays. Au cours de la 3�me d�cennie, le profil des candidats penchait vers les responsables ayant de l'influence dans les administrations et les "Souks el fellah". La cr�ation des partis, durant la 4�me d�cennie, n�cessitait la l�gitimation par un pass� militant dans l'opposition et la clandestinit�. Des parcours politiques et des s�jours en prison et des gardes � vue ont �t� exhib�s. Et aujourd'hui, c'est un �talage de dipl�mes universitaires aussi ind�cent que suspect. Le niveau d'instruction n'est pas une garantie de bonne repr�sentativit�. Ce choix est fait au d�triment des convictions et des engagements. Certains partis n'ont pas h�sit� � faire appel � des "comp�tences" ext�rieures � leur formation. Certains d�noncent de faux dipl�mes. D'autres se fabriquent des titres de "cadres sup�rieurs". A l'exemple du num�ro 3 de la liste RND, qui a occult� son titre de membre de la direction de l'UGTA, qui �tait bien plus honorable si ce n'�tait le m�pris de la r�glementation avec lequel il s�vissait. Serait-ce un complexe d'inf�riorit� des non-dipl�m�s occupant des t�tes de listes face � des universitaires et des cadres dirigeants rel�gu�s en bas de listes? Le programme des partis n'est pas plus motiv� ni motivant. Les candidats et les discours se ressemblent presque tous. Tous les partis d�noncent tout. Les FLN-RND-MSP imitent les autres et d�noncent encore plus fort, oubliant leurs r�les dans la gabegie. Certains partis de "l'opposition" d�fendent le programme du gouvernement et trouvent des boucs �missaires tels que les Etats-Unis et les partis concurrents. Le RND nous propose "du travail et de l'espoir pour la stabilit�". On n'a vu ni travail ni espoir lorsque son chef �tait Premier ministre. Le FLN a oubli� qu'il a tenu les r�nes du pays, depuis toujours, et il ose promettre la stabilit�, la solidarit� et la prosp�rit�. Le MSP nous demande d'�lire ses candidats et de leur demander des comptes apr�s. Mais il oublie de pr�senter les comptes des pr�c�dents. Les partis font le m�me constat et pr�sentent les m�mes propositions: les aides, les pensions pour les jeunes ch�meurs, pour les femmes au foyer. La cr�ation d'emplois n'est pas � l'ordre du jour. Le SNMG, depuis le d�but de la campagne, est pass� de 15 � 30.000,00 DA. La surench�re ne co�te rien. Pas de perspectives politiques, pas de projet de soci�t�, pas de r�f�rences id�ologiques. D�s qu'on interdit l'utilisation de la photo du pr�sident et la religion, la politique perd de sa teneur. M�me le 8 Mai n'a pas �t� exploit� � sa juste valeur. La jeunesse n'a pas eu droit � sa m�moire et � son histoire. C'�tait l'occasion d'appeler les citoyens � participer � la vie politique. La vraie d�mocratie commence par-l� ! O� se trouve la place des femmes dans ces l�gislatives ? On pr�tend que les femmes ne s'int�ressent pas aux �lections. Les partis politiques, par militantes interpos�es, nous avaient pr�par�es � l'exclusion des femmes de leurs listes . Les pr�textes invoqu�s s'av�rent fallacieux. Il ressort des listes propos�es que les partis ont su trouver des femmes r�pondant � leurs exigences. Elles sont dipl�m�es, cadres, responsables, engag�es dans les partis ou coopt�es. Il semble qu'elles ont r�pondu � l'appel des partis mais les partis ont-ils r�pondu � leurs attentes ? Ils semblent unanimes � soulever le probl�me de la condition des femmes. Ils semblent tous reconna�tre que le l�gislateur doit se pencher sur leurs droits. Mais que proposent-ils de concret ? Rien. Les plus g�n�reux proposent des pensions pour la femme au foyer ! Le Code de la famille et la place des femmes dans la soci�t�, ne semblent plus les int�resser. Mais leurs nombre et places sur les listes disponibles sont plus parlants. Pour cela, on ne tient pas compte des programmes des partis, les candidates ne se sont pas pr�sent�es sur une base f�ministe. Pourquoi ce profil de candidates alors qu'on pr�tend que les Alg�riennes sont arri�r�es, analphab�tes, soumises...? Sur les 19 partis, dont les listes ont �t� affich�es � Alger, 67 femmes se sont pr�sent�es sur un total de 440 candidats, soit 15,22%. Le FLN pr�sente le nombre le plus �lev� de femmes (10), suivi par le RND, 9. Le RPR arrive en 3�me position avec 6 femmes. Le RCD est class� 4�me avec 5 femmes suivi du MSP, du PRA, de l'ANR, du MNND, de l'INFITAH, et AHD 54( 4 femmes). Parmi les partis qui ont pr�sent� plus de 29 candidats, le FLN reste en t�te, avec 28,57% de femmes. Le RND, en a pr�sent� 25,71%. Le RCD avec 15,62% est class� en dessous de la barre des 20%, avec le MSP, AHD 54, le MNND, l'INFITAH, et le FNA ( respectivement 13,79; 12,90; 11,42; 11,42 et 8,82%). Si le pourcentage est sup�rieur � la moyenne nationale, 6,90% en 2002 et 5,55 % entre 1977 et 2002, cela ne garantit pas une repr�sentativit� dans les m�mes proportions. Car, si on les a tol�r�es, leur positionnement ne leur donne pas beaucoup de chances d'acc�der � l'Assembl�e. Elles sont class�es � partir de la 4�me et 5�me places dans le meilleur des cas. Seul le FLN se distingue avec des femmes en 3�me, 4�me et 6�me places. L'absence d'�tude de probabilit�s ne permet pas une simulation de la future repr�sentativit� f�minine, ce qui n'emp�che pas quelques sp�culations. Combien faudrait-il d'�lus pour que les 4 ou 5 candidates obtiennent un si�ge ? Au FLN, elles occupent les N�3; 4;6;11;13;15;22;30;32 et 34. Au MSP, les femmes sont aux N� 4,7;13 et 20 au RCD, elles sont aux N� 5;9;13;15 et 26. Pour avoir 4 femmes ( sans jeu de mots), le RCD doit obtenir 26 si�ges, le MSP, 20. Le FLN en aura eu 7 avec 22 �lus seulement. Quelles sont les chances d'obtenir autant de si�ges ? La strat�gie du FLN, l'artisan du code de la famille, est plus judicieuse et surtout plus audacieuse, plus conforme � l'�volution de la soci�t�. Quel choix reste-t-il aux femmes? A l'image de l'ensemble de la soci�t�, les femmes semblent se d�sint�resser de cette �ch�ance. Et pourtant, elles n'ont jamais h�sit�, elles ont fait des intrusions spectaculaires sur la sc�ne politique lorsque l'enjeu �tait important. Elles ont, de tous temps, et en tous lieux, impos� leur pr�sence, transgress�, choqu�. Elles se sont impos�es dans les partis et dans les maquis. Elles ont �t� repouss�es, �cart�es, exclues, emprisonn�es, tortur�es mais elles n'ont pas l�ch� prise. Comment et pourquoi s'investiraient- elles maintenant alors que ni les programmes, ni les attitudes des partis ne sont motivants ni encourageants? Les r�gles �l�mentaires de d�mocratie ne sont pas appliqu�es. On pr�tend que les listes ont �t� d�mocratiquement �tablies alors que des crises couvent au sein des partis. Les hommes s'en plaignent, les femmes n'osent pas s'affirmer et se contentent de la petite reconnaissance. Elles sont d�j� tol�r�es. Elles ont compris que si elles demandent plus, elles risquent l'exclusion. Tout en saluant le "sacrifice" de celles qui se sont pr�sent�es croyant � la d�mocratie et � leur parti, il ne faut pas oublier que la d�mocratie ne d�marrera que le jour o� les partis se prononceront sur un projet de soci�t�. Ce projet n'aura pas besoin de discours grandiloquent sur la reconnaissance du r�le des femmes ni de leur reconnaissance condescendante par l'octroi d'une pension de femme au foyer. Le projet de soci�t� sera clair, lorsque les d�tenteurs du pouvoir, quel que soit leur sexe biologique, imposeront � la soci�t� un pourcentage de candidates proportionnel au pourcentage de la population f�minine. Car seule une politique volontariste assurera l'accession des femmes aux postes de d�cision. Que les partis ne se cachent surtout pas derri�re les traditions et les conservateurs, les meetings dans les villes de l'int�rieur regroupent un nombre plus important de femmes que ceux des grandes villes et les meetings tenus par des femmes n'ont pas �t� boycott�s par les �lecteurs. En r�alit�, les femmes ne se d�sint�ressent que de ce qui n'est pas int�ressant. L'exemple des tricoteuses des assembl�es du peuple et de la convention de la r�volution fran�aise est �difiant. N. M. (*) F�ministe, chercheure sur la m�moire de la lutte des femmes