Lors du scrutin du 17 mai, les d�mocrates de la wilaya de Boumerd�s ont perdu une bataille. Ils ont �t� compl�tement lamin�s par les r�sultats des urnes. La somme des scores r�alis�s, selon les sources partisanes, par le RCD, le MDS et l�ANR ne suffit pas � avoir un chiffre �gal au quotient �lectoral de la wilaya pour revendiquer un seul si�ge. Cette situation rappelle �trangement une p�riode fort d�plaisante aussi bien pour le pays que pour la r�gion. On s�en souvient en effet de la gifle d�un certain 27 juin 1991 et de ce qui s�en �tait suivi. Fort heureusement, il reste une marge de man�uvre aux d�mocrates pour revenir grandis. Pour rappel, selon les chiffres officiels quelque peu corrig�s dans le sens positif, 291 978 �lecteurs soit un peu plus de 75% n�ont pas vot�. Pour les 8 si�ges � la d�putation � la prochaine APN, M. Djiar et consorts ont �t� �lus chacun par moins de 6000 �lecteurs. En cons�quence, chaque d�put� est mandat� seulement par 01,50% des �lecteurs de la wilaya de Boumerd�s qui comprend 384 633 votants inscrits. Le score r�alis� par chacun des 8 d�put�s est l��quivalent de celui pour un mandat � l�Assembl�e populaire de wilaya (APW). Par ailleurs, si la l�galit� des prochaines mandatures a �t� d�sormais acquise le 17 mai, encore que cette l�galit� n�a pas �t� montr�e d�une fa�on irr�futable ; par contre, la l�gitimit� politique subordonn�e � une mobilisation cons�quente de l��lectorat reste � d�montrer. A la d�charge en outre de l�opposition d�mocratique, les listes du pouvoir ont b�n�fici� de la mobilisation des finances, des moyens humains et logistiques que l��thique politique r�prouve. A chacun de faire sa lecture en la mati�re. Au plan �lectoral, le commun des abstentionnistes serait tent� de dire que le pouvoir a gagn� ces (ou ses) �lections par d�faut. Lui souffrant d�insuffisance de l�gitimit� populaire, le retour en force des d�mocrates sur la sc�ne politique locale est r�alisable. Cette mouvance est interpell�e par l�opinion publique pour r�viser courageusement le mode de fonctionnement interne des structures locales, la m�thode de travail de proximit� � l�endroit des franges de la soci�t� fragilis�es par la pr�carit� dans la wilaya de Boumerd�s. Ce retour est essentiel ; il r�tablira l�interconnexion entre deux r�gions et deux p�les politiques, l�Alg�rois et la Haute Kabylie qui portent une dynamique contestataire contre la r�gression. Les d�mocrates doivent faire montre de plus de pr�sence aupr�s des populations touch�es par la crise s�curitaire, la crise de logement, de travail� Leur absence sur le terrain est effectivement une r�alit� am�re. Ils devront tenir compte du fait que plus de 75% des �lecteurs de la wilaya se sont d�lib�r�ment abstenus le 17 mai. Ces �lecteurs, contrairement aux id�es re�ues, sont politis�s : ils ont boycott� les urnes, uniquement pour des raisons de marginalisation. Leur position ne r�pond � aucune injonction d�une quelconque chapelle politique �pour quoi devrions-nous voter puisque pour ceux qui sont au pouvoir nous ne sommes pas des Alg�riens et ils ne feront rien pour nous tirer de notre mis�re ? M�me la fuite nous est interdite�, assenait un groupe de jeunes de Si- Mustapha en marge de la marche improvis�e par des centaines de supporters pour c�l�brer dans la joie la victoire de l�ESS. Singuli�rement, au m�me moment le d�pouillement des quelques voix se d�roulait presque dans la clandestinit�. Ces f�tards que nous avions rencontr�s � Si-Mustapha, aux Issers, � Th�nia ou ailleurs nous ont rappel� � chaque occasion : �Nous sommes ici pour le football, pas pour le FLN !� Plus pessimiste, un entrepreneur harass� par le racket, que lui imposent des responsables, nous confiait le lendemain du vote : �C�est la d�mobilisation g�n�rale des Alg�riens. Mes compatriotes �taient int�ress�s par les �lections pr�sidentielles en France, ils sont d�sormais accroch�s par les prochaines l�gislatives dans ce pays.� Ces �lecteurs abstentionnistes ne se sont pas reconnus dans aucune liste ni courant politique en course. L�opposition, tous partis confondus, a fait cas d�amateurisme politique impardonnable en pareille circonstance. Elle a ignor� certains param�tres politiques n�cessaires pour construire une victoire. On ne s��rige pas repr�sentant du peuple en ob�issant aveugl�ment aux directives du chef et partir en guerre politique contre un syst�me b�ti sur la corruption, la r�pression, le client�lisme et le r�gionalisme, pour simplement satisfaire son ego et grimper dans l��chelle sociale. L�ambition personnelle est, certes, le moteur du combat politique, mais pour gagner la sympathie des �lecteurs, l�exp�rience enseigne que cette ambition doit �tre fond�e, en premier lieu, sur l�ancrage des perspectives de la mouvance ou du projet pour lesquels on milite. Le m�pris affich� � l�endroit des cadres et des responsables int�gres � ils sont nombreux � au sein des institutions, toutes les institutions de la R�publique comme la m�connaissance des relais utiles dans la soci�t� sont des handicaps qui concourent fatalement � la d�faite.