La Chambre des repr�sentants am�ricaine a approuv� r�cemment un projet de loi qui, si la Maison-Blanche l�adopte, rendrait ill�gale la constitution de cartels tels l�Organisation des pays exportateurs de p�trole (OPEP). Pis, le projet de loi intitul� NOPEC pourrait autoriser l�engagement de poursuites judiciaires aux Etats-Unis contre les pays membres de l�OPEP. Au-del� du fait que cette organisation n�ait pas encore r�agi, cette proposition l�gislative confirme la propension am�ricaine � jouer le gendarme du monde m�me en mati�re �nerg�tique Ch�rif Bennaceur � Alger (Le Soir)- - Intitul� NOPEC (No Oil Producing and Exporting Cartels), un bill ou projet de loi a �t� adopt�, fin mai dernier, par la Chambre des repr�sentants du Congr�s am�ricain. Ce bill a re�u le soutien de repr�sentants tant r�publicains que d�mocrates et m�me l�aval du comit� des affaires juridiques du S�nat. Cela �tant, m�me si les s�nateurs l�adoptent, ce projet de loi risque de recevoir le veto de la Maison- Blanche, en raison de l�hostilit� affirm�e du pr�sident George Bush. En effet, le bill NOPEC ne vise pas moins qu�� interdire aux Etats �trangers ainsi qu�� leurs agents de cr�er des organisations p�troli�res et gazi�res � l�instar de l�OPEP. Voire, cette loi permettrait � l�Administration am�ricaine, en la personne du procureur g�n�ral (G�n�ral attorney) de poursuivre en justice ces Etats et m�me leurs repr�sentants sur le sol am�ricain. En d�autres termes, il rendra ill�gal la cr�ation de structures similaires � l�OPEP et impliquera des poursuites judiciaires dans le domaine de l�extraction ou de la distribution du p�trole, gaz naturel et autres produits p�troliers. Une amende financi�re est m�me pr�vue, de l�ordre de 150 millions de dollars, contre cette infraction qualifi�e de crime f�d�ral, les instances judiciaires am�ricaines ne pouvant, selon les termes de cette loi, invoquer en aucune mani�re les principes du respect de la souverainet� des Etats �trangers ni se r�fugier derri�re le motif de non-comp�tence judiciaire. En fait, cette proposition vise � emp�cher les pays p�troliers de modifier, fixer et, partant, de sp�culer sur les prix du p�trole et autres sources d��nergie dont les Etats-Unis sont de grands consommateurs, voire les plus importants consommateurs au monde. Pour ses promoteurs, un tel bill est � m�me de prot�ger les consommateurs am�ricains des fluctuations des prix de l�essence. Cela, m�me s�il est paradoxal de relever que l�adoption de cette proposition a fortement encourag� une hausse des carburants � la pompe � plus de 3 dollars le gallon. Comme n�a pas manqu� de le relever le pr�sident d�une association des p�troliers am�ricains ind�pendants, Michael Linn, cit� par voie m�diatique. Ce qui n��tait pas au d�part voulu, certains observateurs refusant d�y voir un lien de cause � effet et pr�f�rant mettre en avant les probl�mes d�insuffisance de capacit�s de raffinage, la hausse de la demande en carburants ainsi que la baisse des prix. Protectionnisme � l�am�ricaine ? Une tentative que des analystes consid�rent comme des menaces directes � l�encontre de l�OPEP qui, pour les chantres de ce bill, ne doit pas dicter les prix de l��nergie. Et m�me s�il est admis que cette organisation fournit environ 40% du p�trole consomm� dans le monde. Une OPEP qui, pourtant, n�influe aucunement sur les prix du p�trole et que ce sont les facteurs g�opolitiques et la sp�culation qui font plut�t monter ou baisser les cours du baril. N�anmoins, il est possible d�expliquer cette initiative parlementaire am�ricaine par une volont� protectionniste, voire de r�action �pidermique de certains milieux am�ricains incapables de juguler la crise �nerg�tique mondiale et de jouer sur des prix dont ils imputent faussement la hausse � l�OPEP. Cela au moment o� les Etats-Unis, selon d�autres observateurs, peinent � s�adapter � une situation mondiale marqu�e par des prix du p�trole voguant au-dessus des 70 dollars le baril. Et des prix qui ne semblent pas marquer d�inflexion � la baisse au niveau mondial, la crise �nerg�tique actuelle devant encore perdurer. Mais aussi dans un contexte o� l�id�e d�une OPEP du gaz a �t� maintes fois formul�e par les repr�sentants des pays exportateurs sans �tre r�ellement concr�tis�e. Cela, en d�pit du leitmotiv maintes fois affirm� par la Russie d�encourager le dialogue entre les pays producteurs ainsi que d�assurer la s�curit� �nerg�tique mondiale. Et quoique la cr�ation d�un cartel gazier, d�fendue par la Russie et l�Iran, deux pays aux rapports plus que tendus aux Etats-Unis, reste encore au stade de l�id�e, le march� du gaz n��tant pas aussi liquide que celui du p�trole et le prix du gaz restant index� � celui du p�trole, outre le fait que le gaz est fourni dans le cadre de contrats � long terme. Cependant, malgr� les pronostics de certains experts, aucune entente concr�te � ce sujet n'est intervenue au forum des pays producteurs de gaz qui s'est tenu en avril au Qatar. Au lieu de cela, les participants au forum ont d�cid� de cr�er un groupe de coordination de haut niveau qui sera charg�, entre autres, de mettre au point un m�canisme de formation des prix sur le march� du gaz, compr�hensible et transparent pour les clients et les fournisseurs. Comme il est aussi loisible d�y voir une volont� de contrer les tentatives d��mancipation du Venezuela, sous la houlette de son pr�sident Hugo Chavez, autre �ami� et fournisseur en �nergie des Etats-Unis, de la tutelle de ce pays. Un bill qui d�montre, selon moult observateurs, la volont� manifeste des Etats-Unis de montrer leur h�g�monisme, leur obsession de jouer continuellement le r�le de �gendarme � du monde m�me en mati�re �nerg�tique. Voire, un moyen politique de r�gler des probl�mes �conomiques, ce que les analystes avertis mettent en avant, d�imposer de facto aux autres les r�gles propres au march� am�ricain. Que va d�cider la Maison-Blanche ? A ce propos, la position de la Maison-Blanche est fort attendue m�me si la pr�sidence am�ricaine a laiss� entendre que le pr�sident George Bush opposerait son veto. Une attitude n�gative motiv�e par le fait que la pr�sidence am�ricaine craigne des mesures de r�torsion de la part des pays p�troliers, producteurs et exportateurs, en termes notamment d�interruption des fournitures d��nergie. Ce qui am�nerait in�luctablement � une hausse des cours du p�trole dans le monde. Et ce qui semble pour le moment relever plus du simple discours de circonstance connaissant les relations de subordination av�r�e qui lient certains Etats p�troliers du Golfe. Cela �tant, des observateurs sp�culent sur un possible deal entre la Maison- Blanche et le Congr�s, domin� par les d�mocrates, selon lequel le pr�sident Bush n�opposera pas de bill en contrepartie de l�aval du Congr�s de son programme �nerg�tique � moyen terme. Une �ventualit� catastrophique � laquelle l�OPEP n�a, pourtant, pas encore r�agi, refusant peut-�tre d�accr�diter l�id�e qu�elle soit la cible de menaces am�ricaines, m�jugeant d�une telle initiative parlementaire. Attendons pour voir.