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CHRONIQUES D�UN TERRIEN
Les chasseurs de printemps Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 06 - 2007

Quand le temps n��tait pas fou et que mes parents vivaient encore, les saisons �taient sages et ob�issaient au calendrier. Aussi, avions-nous pris l�habitude de sortir les habits d�hiver d�s le mois d�octobre, au moment o� les temp�ratures prenaient un coup de froid. Mais, au mois de juin, on rangeait les lourds manteaux et les pulls en laine, pour sortir enfin les chemisettes et les shorts qui nous indiquaient que la belle saison n�allait pas tarder � nous gaver de cerises et de glaces � la pistache. Nous savions alors que nous n�allions pas tarder � reprendre le chemin des rivages aplatis par les chaleurs estivales.
Mais, depuis que mes parents sont morts, le temps a perdu sa sagesse et nous nous sommes retrouv�s, en plein mois de janvier, � farfouiller dans les grands cabas remis�s, � la recherche de� chemisettes ! Nos parapluies ne servaient plus � rien et les commer�ants �taient d�sappoint�s. Vendre des chapeaux de paille en d�cembre n��tait pas fait pour les rassurer. Et voil� que le temps, apr�s un printemps mitig�, se met � fr�mir en plein juin. Il faut ressortir les habits d�hiver ! Quel cafouillage ! Quand mes parents vivaient encore, le temps devait certainement avoir peur de leurs claques. Maintenant, il fait ce qu�il veut et moi, en regardant le ciel bas et pluvieux couver sa m�lancolie au-dessus de ma petite plage, j�ai bien envie de les appeler, ainsi que tous les parents morts, pour que les saisons restent bien sages et arr�tent de se bagarrer entre elles. Nous ne savons plus s�il fait chaud ou froid. Comment le saurions- nous quand le climatiseur anime le r�veillon et que les chemin�es fument en mai ? Comment le saurions-nous quand les bambins font trempette en f�vrier et qu�ils attrapent des angines r�p�t�es en juin ? Quant au soleil, il a la berlue ! Apr�s avoir montr� ses muscles, il a subitement disparu derri�re les voiles soulev�es par d�immenses vents de sable qui envoient, sur nos t�tes, des dunes enti�res garanties pur Sahara ! Depuis que mes parents sont morts, le d�sert n�a plus peur de sortir tout seul. Il ne craint plus personne. Des colonnes poussi�reuses virevoltent partout au-dessus de la ville, pareilles � des escrimeurs �m�ch�s qui essayent de balafrer le ciel avec leurs �p�es mal aiguis�es. Le Sahara doit utiliser un TGV que nous ne voyons pas : il avance vers le Nord � une vitesse prodigieuse et ne tardera pas � montrer le bout de son nez en ces lieux m�mes. Il tra�nera bient�t ses nonchalantes cambrures ici et l�on ne pourra plus faire la diff�rence entre nos rivages dor�s et les dunes venues narguer la M�diterran�e. Mais o� est donc le printemps ? O� est cette saison baign�e par la douce lueur d�un soleil en f�te, �bauch�e par le batifolage des papillons, chant�e par les oiseaux chamarr�s qui passaient devant nos balcons, amus�e par la folle cavalcade des coquelicots sur les pr�s en �veil ? Le printemps n�a plus de personnalit�. Il ressemble � un homme politique. Il est devenu menteur et hypocrite. Ce matin, je suis triste. A cause du printemps remplac� par une saison concoct�e dans les laboratoires de la contrefa�on. A cause, aussi, du vent de sable. A cause de la mer que je ne vois pas. D�ailleurs, les bateaux ont peur de cette mer. Elle pourrait �tre un faux oc�an v�tu de faux cirrus, un pi�ge pour marins amn�siques et jeunes candidats � l��migration clandestine. Ma tristesse vient aussi du fait qu�en ville, il n�y a plus de vie ! Les gens sont morts et ne le savent pas ! On leur a fait croire que la bagnole rembours�e au cr�dit et le chantier interminable d�une villa qui va jeter dans l�air encore plus de poussi�re sont la vie. On a oubli� de leur dire que la vie, c�est d�abord le sourire. Ils sont morts parce qu�ils ne sourient plus ! La vie, c�est le plaisir de courir derri�re son m�me sur un gazon infini. Ils sont morts parce qu�il n�y a pas de m�mes sur l�herbe. Il n�y a pas de gazon. La vie, c�est d�aller voir une premi�re vision avec sa copine. Ils sont morts parce qu�il n�y a plus ni premi�re ni seconde vision. Et, souvent, il n�y a pas de copine. Les gendarmes se chargent de vous d�montrer qu�une amie promen�e dans un endroit romantique, c�est un p�ch�. Et m�me un crime qui vous enverra devant le procureur. La vie, c�est d�aller au th��tre sans pr�senter une carte d�invitation. Ils sont morts parce qu�il n�y a plus de th��tre sans carnaval. La vie, c�est d�aller au cirque et de se d�tourner des clowns et des panth�res pour rire et fr�mir dans les yeux des enfants. Ils sont morts parce que les clowns ont quitt� les r�ves des gosses. La vie, c�est de jouir de tous ses droits. Ils sont morts parce qu�ils n�ont plus aucun droit ! La vie, c�est de ne pas avoir peur du flic et du g�n�ral. Ils sont morts parce qu�ils ont peur du flic et du g�n�ral. La vie, c�est de travailler. Ils sont morts parce qu�ils sont ch�meurs de p�re en fils. La vie, c�est d�avoir envie de rester dans ce pays. Ils sont morts, parce que, du matin au soir, ils ne font que r�ver au d�part. La vie, c�est de les �couter quand ils disent � il y en a marre ! � Ils sont morts parce que, quand ils ont os� le dire clairement dans un vote, on n�a pas trouv� mieux que de prolonger la vie de ce gouvernement dont ils ne voulaient plus ! La vie, c�est d�esp�rer. Ils sont morts parce qu�ils n�esp�rent plus rien ! C�est trop ! Le printemps qui part, l�espoir qui prend le large� Et devinez ce que l�on vient de m�apprendre : ils ont r�ussi � tuer l�amour ! Quatre gars cagoul�s l�ont attendu au coin d�une rue et l�ont froidement abattu � l�aide d�armes automatiques. A l�h�pital, une petite foule s�est form�e devant les urgences. Une jeune fille pleure et ses larmes sont comme la pluie qui a d�cid�, elle aussi, de sangloter. La jeune fille a un cartable et des id�es de progr�s. Elle pleure l�amour qui �tait sa seule raison de vivre. Maintenant qu�il n�est plus l�, elle va mourir elle aussi. Elle va marcher dans l�eau jusqu�� rencontrer le blanc du ciel. Ou, peut-�tre, quelques �migr�s clandestins qui partent vers la Sardaigne, � la recherche d�un autre amour. Quand l�amour meurt dans un pays, il y a beaucoup de d�parts. Il y a ceux qui prennent des barques et une carte routi�re pour le retrouver ailleurs. Et il y a ceux qui restent, mais qui partent vers la ligne blanche pour dormir dans le silence de la mer. De toutes les fa�ons, m�me s�ils l�avaient rat�, l�amour aurait fini par se suicider. Il ne peut plus supporter leurs sales gueules ! Quand des amoureux sont tra�n�s devant la justice, quand la libert� est intern�e, quand les id�es r�trogrades s�emparent des t�tes, grandes et petites, que la raison recule, que la logique est combattue, que la culture se trucide dans les boudoirs ; quand les belles mani�res n�existent plus, que la vie sociale est d�structur�e, la bont� pi�tin�e, la solidarit� embrigad�e, la religion monopolis�e ; quand les valeurs sont invers�es, ne vous attendez pas � ce que l�amour vive bien longtemps ! Si mes parents �taient encore vivants, j�inventerai un autre amour. Mais je ne peux plus le faire. Alors, mes enfants, allez le chercher en terre sarde ou ailleurs, l� o� vous m�nera votre arche de No�. Je cr�erai un nouvel hymne qui vous accompagnera partout. Ne vous inqui�tez pas pour moi : je ne peux plus vivre loin de la mer. De ma mer. Je reste sur le rivage et je vous suivrai jusqu�au Cap. De ma main fatigu�e d�avoir compos� tant de po�mes st�riles ; de cette main lac�r�e par les �pines de tant de roses, je ferais un petit signe pour vous dire �Bon vent !� Puis, sur le sable de ma plage, cette main tremblotante sculptera une statue, haute et belle comme une fille de Numidie, qui dira vos d�parts pr�cipit�s, vos morts et vos d�sillusions. Elle restera plant�e dans le vent jusqu�� votre retour, quand les chasseurs de printemps s�en iront de chez nous. Quand vos barques, fatigu�es de courir derri�re une dignit� et un espoir qu�on vous refuse ici, retourneront � la plage. Quand vous pourrez enfin oublier de mourir ici. Parce que, d�sormais, vous Vivrez ! Vous Vivrez ! Vous Vivrez !

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