Presque tous les quotidiens de la presse ind�pendante ont r�v�l� la semaine �coul�e quelques pans d�une �imminente�, �certaine� (qualificatifs des journalistes) r�vision constitutionnelle. Celle-ci serait ax�e sur trois points essentiels (voir article de Kamel Amarni �Le Soir d�Alg�rie� 11 juin 2007 page 5) 1) L�abrogation de la limitation des mandats pr�sidentiels 2) La d�signation du vice-pr�sident par le pr�sident lui-m�me 3) Le remplacement du chef du gouvernement par un coordinateur du gouvernement Et certains journalistes de conclure �que le r�gne du pouvoir absolu est en marche�. Est-ce v�ritablement �tonnant, incroyable et inattendu, que Abdelaziz Bouteflika � l�instar d�un Moubarak en Egypte, ou d�un Bachar Al Assad en Syrie, ait l�ambition de briguer un mandat � vie avec � cela va de soi � des urnes faiseuses de miracles, soit 99 % ? Est-ce surprenant que le sempiternel r�dacteur des Constitutions, Mohamed Bedjaoui, ait �t� somm� par son pr�sident de pr�ciser que le vice-pr�sident sera d�sign� par le chef de l�Etat ? Absolument pas, car ce vice-pr�sident sera celui qui lui succ�dera en cas de maladie ou de d�c�s. Or, ce que veut Abdelaziz Bouteflika est que son nom lui survive : tout sauf l�oubli. Mais qui alors d�signera-t-il ? Moubarak en Egypte a r�gl� de son vivant sa succession : son fils se pr�pare d�ores et d�j� � ses futures fonctions. Bachar Al Assad a �h�rit� de son p�re la pr�sidence, la Syrie et son peuple. Qui Abdelaziz Bouteflika d�signera-t-il comme �h�ritier du palais d�El Mouradia� ? Un islamiste � coup s�r. Il suffit de se concentrer quelques secondes et �l�heureux l�gataire� sera vite identifi�. Mais pour quelles raisons n�iraitil pas piocher dans sa fratrie ? Risible ? Inconcevable ? Absolument pas. C�est certainement la seule �institution� (la fratrie) � laquelle Abdelaziz Bouteflika accorde sa confiance, c�est surtout l� sa conception �monarchique� du pouvoir et de l�art de gouverner. Son premier souci � prioritaire � est de ne pas abandonner le fauteuil pr�sidentiel. Et si cela devait tout de m�me survenir, sa seconde pr�occupation serait de se faire remplacer par un vice-pr�sident �digne� de lui succ�der. Existe-t-il mieux qu�un fr�re de sang ? Sinon pourquoi aurait-il pr�cis� que ce serait luim�me qui d�signerait ce vice-pr�sident ? Aussi le v�ritable probl�me ou la vraie question n�est pas de dire qu�avec la mise en application de ces amendements � et c�est un euph�misme car le terme de chamboulements serait plus juste � Abdelaziz Bouteflika d�tiendra le pouvoir absolu. Depuis 1999, les Alg�riens savent que l�Etat n�a plus qu�une t�te, tant il est clairement �tabli qu�apr�s huit (8) ann�es de r�gne, Abdelaziz Bouteflika gouverne seul. Il tient la pr�sidence, le gouvernement, le Parlement, le Conseil constitutionnel, les wilayas, les communes. Il d�tient absolument tous les pouvoirs y compris ceux qu�il n�a pas le droit de d�tenir constitutionnellement. Mais la Constitution, il n�en a cure et lorsqu�il faut lui tordre le cou, Abdelaziz Bouteflika le fait sans h�sitation et sans scrupules : prolongation du mandat du Conseil constitutionnel pr�sid� alors par Sa�d Boucha�r au-del� de sa dur�e, limogeage de l�ex-pr�sident du S�nat avant sa fin de mandat, gr�ce amnistiante du 13 janvier 2000 anti-constitutionnelle et concernant des terroristes islamistes non jug�s, non condamn�s. Limogeage r�cemment de 16 ministres �lus d�put�s, avant d�mission du gouvernement puis presque tous reconduits au lendemain des l�gislatives. Autant d�exemples qui montrent que le premier magistrat du pays gouverne sans partage depuis 8 ann�es. Il d�cide, les autres appliquent. Voil� pour quelles raisons il n�a gu�re besoin d�un chef du gouvernement mais d�un simple coordinateur. Dans les faits, cela existe d�j�. Tout ceci pour dire que �le pouvoir absolu qui serait en marche� Abdelaziz Bouteflika le d�tient d�j� et il n�entend pas s�en d�saisir. Ce n�est plus la question. Celle-ci r�side dans le fait de savoir si l�ambition d�mesur�e du chef de l�Etat de d�signer lui-m�me son vice-pr�sident successeur ne rencontrera aucune opposition. Le laissera-t-on proc�der � une r�vision qui fragilisera un peu plus les institutions et aggravera la condition des Alg�riens puisque l�immobilisme succ�dera � l�immobilisme ? Et si l�on venait � en douter, il suffirait de faire une br�ve mais n�cessaire explication de texte du Conseil des ministres en date du 13 juin 2007. Qu�on en juge. �Le Conseil des ministres a eu pour axes : le parach�vement du processus de la r�forme de la justice... la r�forme du secteur p�nitentiaire, l�am�lioration des prestations de protection des biens et des personnes... Premi�re remarque: y� a-t-il eu r�forme de la justice pour entamer son parach�vement ? Si l�on en juge par le profond malaise qui r�gne dans le monde judiciaire avec notamment la gr�ve nationale des avocats largement suivie sur tout le territoire, on est loin, tr�s loin de ces mots creux coll�s les uns aux autres. Ces mots qui ornent les discours pr�sidentiels depuis 8 ans et dont l�unique r�alit� est qu�ils ne sont que des mots, encore des mots �paroles... paroles...�, comme dit la chanson. De qui se moque-t-on ? La r�forme de la justice n�a gu�re vu le jour, comment parler de son parach�vement ? Les avocats suffoquent face � une justice mal en point. Tr�s fatigu�e. Et lorsqu�on �voque les magistrats, c�est pour annoncer �qu�ils vont �tre 20, 15 � compara�tre devant le Conseil de discipline�. Le corps des magistrats, n�est-ce donc que cela ? T�tanis�, il ne r�pond pas et ne se d�fend pas. Dans l�esprit de Abdelaziz Bouteflika, cette justice n�est qu�une petite fonction appel�e � s�ex�cuter et � ex�cuter. R�forme dites-vous ? A d�autres... Tous ces mots, tous ces concepts creux ont pour mission d�avoir la magie de cacher l�immobilisme de l�ex�cutif. Car, enfin, ce ne sont pas quelques amendements par-ci, par-l�, � tel code ou tel autre, vot�s par le Parlement qui pourraient �tre qualifi�s de r�forme. L�unique r�forme � laquelle je croirai serait celle d�une prise en charge s�rieuse du rapport de �la commission justice� pr�sid�e par le professeur Mohand Issad. Tout le reste n�est que balivernes, et pour l�instant la gr�ve des avocats se heurte, comme le peuple abstentionniste, � la surdit� totale de l�ex�cutif. 2e remarque : que signifie la protection des biens et des personnes lorsque sont lib�r�s 5 000, 6 000 d�linquants par �gr�ce pr�sidentielle� ? On vide les prisons surpeupl�es et l�on demande au citoyen honn�te de prot�ger lui-m�me ses biens, sa personne et ses proches. 41 enfants ont �t� kidnapp�s dans une Alg�rie dite s�curis�e et l�on ne sait toujours rien sur le pourquoi de ces enl�vements. Sous d�autres cieux, la disparition d�un enfant constitue la une du journal t�l�vis�. Et l�on en parle jusqu�au d�nouement heureux ou tragique. Alors c�est quoi le renforcement des missions de protection lorsqu�il est devenu impossible de ne pas craindre pour sa vie, celle de ses enfants et de ne pas angoisser � l�id�e de se voir d�lest� de son sac � main, de se voir arracher son t�l�phone mobile, de ne plus retrouver son v�hicule ? Tout ceci gr�ce � la mansu�tude pr�sidentielle, suicidaire puisque non accompagn�e ou plut�t non fond�e sur une v�ritable politique de lutte contre la criminalit� qui ne repose pas sur le seul volet des sanctions p�nales. Qu�a donc fait Abdelaziz Bouteflika, lui et �ses hommes�, pour am�liorer les conditions socio�conomiques de l�Alg�rien ? Dans une Alg�rie para�t-il opulente, riche. A ce m�me Conseil des ministres, il a �t� �galement question �de la consolidation de l�Etat de droit et la promotion des libert�s�. Ainsi, l�Etat de droit existerait et il suffirait de le consolider. Heureusement que le 14 juin est l� pour nous rappeler le harc�lement policier et judiciaire de la presse et surtout l�enfermement � la prison d�El-Harrach durant deux longues ann�es (14 juin 2004-2006) de Mohamed Benchicou, et la fermeture du si�ge du Matindont il �tait directeur. Depuis son accession au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika n�a eu de cesse d��touffer toute forme d�opposition. En la gratifiant d�abord de scores ridicules et mensongers � l��lection pr�sidentielle de 2004 en serrant la vis aux partis politiques et associations autres que politiques qui tentaient de r�sister. En r�partissant ensuite les si�ges de l�Assembl�e selon des quotas pr�alablement d�finis. Et le r�sultat est qu�il n�existe plus de vie politique pas m�me d�opposition. En cons�quence de quoi, lors de sa premi�re sortie m�diatique, le pr�sident de l�Assembl�e a esquiv� les questions �casse-t�te� du journaliste d� El Watanpar deux r�ponses sans appel : 1) L�Assembl�e ne sera pas un lieu d�affrontement ; 2) Des mesures seront prises contre les partis sans ancrage. L�Assembl�e nationale �lue avec 35% de votants a �videmment un ancrage ! Qui oserait en douter ? Et il est clair que le coup d�estocade a �t� donn� aux petits ou moyens partis par Abdelaziz Bouteflika, lequel tol�re � � d�faut de pouvoir les faire dispara�tre � d�autres formations politiques. N�est-ce pas le pouvoir absolu antinomique avec l�Etat de droit ? L�Etat de droit se nourrit d�une justice ind�pendante que l�Ex�cutif ne malm�ne pas toutes les fois qu�il a besoin d�habiller l�arbitraire par une d�cision de justice. Il se nourrit du multipartisme, d�une presse libre, de la parole lib�r�e, de droits �gaux entre tous les citoyens ne souffrant d�aucune discrimination en raison du sexe (le code de la famille est l� pour prouver le contraire). L�Etat de droit n�est pas celui o� son pr�sident d�clare que �la plume est plus assassine qu�une balle�. L�Etat de droit est celui o� les pouvoirs sont �quilibr�s et le pouvoir absolu totalement banni. De quel Etat de droit a-t-il �t� question au Conseil des ministres ? Celui o� Abdelaziz Bouteflika gouverne seul. C�est le seul en lequel il croit. Des mots... encore des mots... seulement des mots... Et qui arr�tera le premier magistrat du pays dans ses ambitions et ses r�ves fous ? Les partis politiques ? Les m�dias ind�pendants ? Le peuple ? Celui-ci s�est abstenu, il n�a pas �t� entendu. Mais nul ne peut savoir ce que nous r�serve demain... Et lorsque Aboudjerra Soltani d�clare que si le premier magistrat est en bonne sant� et qu�il veut briguer un troisi�me mandat, son parti n�y voit aucun inconv�nient, il est exclu de faire une lecture au premier degr�... J�ai presque envie de dire que pour une fois ce fan de la �Star Academy� n�a pas parl� pour ne rien dire. Il reste que si la Constitution �tait r�vis�e comme annonc� pour juillet 2007, la vigilance citoyenne est de mise avant cette r�vision car le danger est r�el et les cons�quences d�un vice-pr�sident d�sign� par le seul chef de l�Etat seraient catastrophiques et irr�parables. Abdelaziz Bouteflika a suffisamment prouv� depuis 8 ann�es (huit) qu�il �tait int�ress� par le pouvoir et seulement par le pouvoir. L�Alg�rie ? Ce n�est pas son probl�me. Le peuple ? �Il est m�diocre et sale.� Pr�cis�ment dans cette logique, le choix par ses soins de son successeur car c�est cela dont il s�agit � ob�ira au seul souci de d�tention du pouvoir devant lui survivre. Lui... encore lui... m�me apr�s la mort... Voil� pourquoi l�Ex�cutif et � sa t�te Abdelaziz Bouteflika nous berce d�illusions en nous faisant croire qu�en �haut�, on se pr�pare s�rieusement � passer devant l�Assembl�e. Abdelaziz Belkhadem en aurait perdu le sommeil car il craindrait un rejet... Abdelaziz Bouteflika a dict� les axes d�action : la justice, l�Etat de droit � consolider la protection des personnes et des biens, le d�veloppement de l�investissement. A tout cela Abdelaziz Ziari a d�j� r�pondu : �L�Assembl�e ne sera pas un lieu d�affrontements.� Dont acte. Toute cette gesticulation et agitation pour bien nous emballer la r�vision constitutionnelle. Toute cette gesticulation pour nous faire croire qu�il y a r�ellement une vie politique et un gouvernement qui travaille en pensant au seul int�r�t du peuple. Un peuple qui lui tourne s�rieusement le dos... Mais cela Abdelaziz Bouteflika et ses deux Abdelaziz ne veulent pas le voir. L��t� risque d��tre chaud... L. A. N. B. : Dans Le Quotidien d�Oran, le ministre de la Justice a adress� ses condol�ances � la famille de Monsieur Djillali Baghdadi, ancien magistrat d�c�d� r�cemment (mais la date n�est pas indiqu�e). J�ai relev� que l�unique qualit� � laquelle fait r�f�rence l�avis de condol�ances est celle d�ancien inspecteur g�n�ral du minist�re de la Justice. Je n�ignore nullement que ledit minist�re n�honore jamais ses juges vivants encore moins lorsqu�ils d�c�dent. Cependant, il est regrettable et choquant que le magistrat talentueux qu��tait M. Baghdadi, dont la comp�tence av�r�e �tait connue de tous, n�ait �t� r�duit qu�� l�une de toutes ses derni�res fonctions, �inspecteur�. Si celleci n�a rien de d�gradant, il y a lieu de signaler que feu Baghdadi Djillali occupa les fonctions durant de longues ann�es (plus de 30 ans) de pr�sident de chambre (chambre criminelle) � la Cour supr�me, de professeur � l�Institut national de la magistrature. Qu�il laisse par ailleurs aux juristes comme aux �tudiants en droit des ouvrages tr�s utiles. On peut citer 1) La jurisprudence de la Cour supr�me en mati�re criminelle en langue nationale. 2) volumes ANEP Le guide pratique du tribunal criminel. Comment un homme ayant consacr� toute sa vie � la justice et � la formation de magistrats n�a-t-il eu droit qu�� cet avis ridicule du minist�re de la Justice alors qu�on se serait attendu � un vibrant hommage ? Il est vrai que si Baghdadi El Djillali �tait un homme direct qui avait la �bosse du droit� comme les matheux ont la leur, il ne supportait de ce fait ni la m�diocrit� encore moins l�incomp�tence. J�ai fait partie de ceux et celles qu�il a form�s g�n�reusement. N�e�t �t� l�avis de presse, j�aurais continu� � ignorer sa triste disparition. Que sa famille accepte tardivement, il est vrai, mes sinc�res condol�ances. Puissent ces quelques mots leur faire oublier un avis de condol�ances minist�riel aussi �sec� qu�une circulaire. Puisse ce bref et modeste t�moignage signifier � l��gard du d�funt, champion de la proc�dure p�nale, une mani�re pour moi de lui dire merci pour tout ce qu�il m�a appris. 2) Le chemin du Paradou est interdit aux automobilistes et pour cause ! Des ambassades et un ministre de souverainet� y r�sident. Qui a dit que les kamikazes ce n��tait pas alg�rien ? Qui a dit que la r�conciliation nationale entre le bourreau et la victime �tait un parfait succ�s ?