C�est ce dimanche que la police nationale f�te le 45e anniversaire de sa cr�ation. L�occasion est belle pour voir de pr�s, � travers une sortie nocturne � Tizi-Ouzou et ses environs, o� en sont les �hommes en bleu� dans la lutte contre la criminalit� sous ses diverses formes, du terrorisme � la revente de stup�fiants en passant par le vol par effraction, dans une ville o� les siens se disent sous le joug de voyous en tous genres. Ces m�mes voyous qui font qu�aujourd�hui, les policiers �prouvent de plus en plus de mal � accomplir le travail pour lequel ils sont pay�s. Ils ne vous le diront pas. Ils n�ont pas le droit de se plaindre. Surtout pas en pr�sence �d�intrus�, comme ces journalistes qui ont �t� convi�s � cette sortie tout � fait routini�re, comme tenait � le pr�ciser l�officier charg� de mener les op�rations. Op�rations qui seront pr�c�d�es par un petit tour � travers ce qui s�apparente au centre n�vralgique du si�ge de la police. En effet, montrer les nouveaux outils de travail dont disposent d�sormais, notamment les enqu�teurs de la police judiciaire, est un plaisir qu�a voulu s�offrir sans trop se faire prier l�officier. Des outils, il est vrai, d�une utilit� telle que dor�navant, une histoire d�identification qui pouvait prendre plusieurs jours est r�gl�e en quelques minutes � peine. Le Syst�me d�identification et de recherche criminelle (Sirc) et le Syst�me d�identification et de recherche de la police alg�rienne (Sirpal), qui constituent une base de donn�es pour une recherche prenant en compte tous les crit�res imaginables, � travers laquelle sont r�pertori�es des milliers de fiches d�identit�, sont mis au fur et � mesure � la disposition des S�ret�s de wilayas depuis le d�but de cette ann�e. �C�est s�r que ce sont des outils dont on ne peut se passer, mais le policier reste l�essentiel�, estime le commissaire de la PJ de Tizi-Ouzou qui, sur ce, sonne le rassemblement pour la sortie �routini�re� � laquelle �taient convi�s des titres de la presse nationale. Des op�rations coup-de-poing Dr�a-Ben-Khedda est la premi�re halte programm�e pour cette cohorte de v�hicules, sans objectif pr�alablement �tabli donc. Le m�me officier, un ancien de la Brigade de r�pression du banditisme � Alger, coordonne � partir de sa voiture banalis�e les op�rations avant l�entr�e dans l�ex-Mirabeau. Trois groupes, avec l�entr�e en lice des �l�ments de la S�ret� de da�ra, sont form�s pour ce qui s�apparente � une op�ration coup-de-poing dans un grand quartier, apparemment le lieu de pr�dilection o� foisonnent les revendeurs de zetla. Surprise ! L�endroit n�est pas d�sert mais la faune qui l�occupe habituellement a disparu du d�cor. �Les t�l�phones portables ont d� beaucoup travailler au moment o� on entrait en ville�, explique l�officier. Mais, ses hommes auront eu le temps quand m�me de mettre le grappin sur deux �clients�. Le premier, un adolescent de 17 ans pour d�tention de stup�fiants. Une toute petite quantit� � vrai dire, dont quelques grammes �taient d�j� diss�min�s dans des cigarettes pr�tes � l�usage. Par contre, le second, �g� de 27 ans, il devait �tre un sacr� num�ro. Avec sa vingtaine de petites plaques pr�tes � �tre �coul�es, il ne devait pas faire figure du plus petit dealer de la place. Gr�ce au Sirc, en tous les cas, son �palmar�s� n�allait pas �tre difficile � conna�tre dans ses moindres d�tails dans les minutes qui ont suivi son interpellation. Les premi�res r�ponses � son interrogatoire n��taient pas achev�es que les policiers �taient interrompus par un appel radio faisant �tat de coups de feu � Boukhalfa, la banlieue ouest de Tizi- Ouzou, soit � cinq kilom�tres environ de Dra�- Ben-Khedda o� la mission avait �t� entam�e. �Le respect de la tenue ? Bof ...� Dans le v�hicule de l�officier, tout le monde pense la m�me chose : une incursion terroriste dans cette partie de Tizi qui en a vu des vertes et des pas m�res dans les ann�es quatre-vingt-dix. Fausse alerte. Les premiers �l�ments de la BMPJ arriv�s sur place, ahuris comme n�importe qui par ces temps o� le GSPC ne cesse de faire parler de lui, apprennent que les coups de feu ont �t� tir�s par des membres d�une famille en f�te, comme cela se passe encore un peu partout, terrorisme ou pas. Un point de contr�le d�identit� est improvis� malgr� tout � l�intersection des routes menant � Boukhalfa et � Tizi-Ville. L�, on tombe sur ce fameux tableau qui a fait dire � un des officiers de la BMPJ que si l�on devait proc�der � tous ceux qui se rendent coupables d�outrages � policier, aucune prison d�Alg�rie ne serait assez grande pour contenir tout le monde. En effet, � bord d�une Renault Clio, quatre jeunes avaient pris place, mais ni le chauffeur ni ses accompagnateurs ne se sont cru oblig�s de se munir d�un permis de conduire si tant est que l�un d�eux en poss�dait. L�incartade ne s�arr�te pas l�. Le chauffeur ne se sentait pas le moins du monde g�n� de se comporter comme s�il voulait dire au policier qui l�interpellait : �Vous me d�rangez !� Outr�, mais aussi calme que devait le lui commander son rang, le commissaire fait en sorte que le jeune homme soit conduit pour un contr�le plus pouss� au commissariat central et commande � ses hommes, peu avant minuit, de se pr�parer pour une vir�e dans cette tentaculaire Nouvelle-ville de Tizi- Ouzou. L� �galement, tout comme ce fut le cas une heure et demie plus t�t � Dra�-Ben-Khedda, et comme par enchantement, les lieux, connus pour leur agitation, m�me � des heures impossibles, sont aussi d�serts. La magie du portable a de nouveau fait son effet. Mais cela n�emp�che pas les policiers de s�infiltrer entre des immeubles sis pas loin du nouveau commissariat du 6e arrondissement. A leur vue, des jeunes prennent la poudre d�escampette, mais se font vite rattraper. A leur fouille, on comprend pourquoi ils avaient pris les jambes � leur cou. Deux d�entre-eux portaient des armes blanches, alors que le troisi�me �tait muni de cette nouvelle arme qui fait, para�t-il, fureur par les temps qui courent : une petite grenade lacrymog�ne. De la psychologie pour g�rer les tensions La Nouvelle-Ville, � comparer avec sa r�putation, �tait somme toute tranquille en cette nuit. A savoir comment ont �t� les heures qui suivaient, tout juste apr�s que le commissaire eut d�cid� d�une ronde sans but pr�cis. La tourn�e sera interrompue par un de ces appels radio qui �fracassent� le silence de la nuit. L�appel faisait �tat d�une patrouille de la BMPJ qui �prouvait un mal fou � ma�triser des jeunes dans un quartier du centre-ville. Une petite poign�e de minutes ont suffi pour que tous les v�hicules de la mission y convergent. En effet, tout le monde a les nerfs � fleur de peau. �La psychologie� dont font preuve le chef et quelquesuns de ses lieutenants �vite ce qui aurait pu donner lieu � un de ces clashs qui ont fait, et font toujours, la mauvaise r�putation de Tizi-Ouzou ces derni�res ann�es. Les germes de la violence ont pris depuis longtemps et malheureusement �personne ne semble comprendre que la police est avant tout l� pour assurer la s�curit� m�me de ceux qui la vilipendent�, l�che un agent de la BMPJ qui ne pouvait malgr� tout cacher son �d�go�t� de ce qui pr�vaut comme pr�jug�s depuis quelque temps sur la police. �Il ne faut pas croire que c�est propre � Tizi�, affirme un officier du m�me corps. En somme, pas loin d�un demi-si�cle apr�s sa cr�ation, la police nationale a plus que jamais du pain sur la planche, surtout avec la �modernisation� du crime qui exige d�sormais une formation des plus rigoureuses, adapt�e au mod�le de soci�t� qui est le n�tre.