À Tizi Ouzou, il ne semble plus être évident que parce qu'on porte un uniforme bleu portant l'inscription sûreté nationale, qu'on est respecté comme autorité et qu'on peut donc remplir sa mission de veille sur la sécurité du citoyen et d'application des lois de la république sans risque ni difficulté. Une sortie nocturne en compagnie des équipes de la brigade de lutte contre la criminalité à travers les artères de la ville de Tizi Ouzou et sa périphérie nous a suffi pour parvenir à un tel constat. “Nous n'avons rien prévu, c'est une sortie routinière que nous effectuons de manière quasi quotidienne”, nous dira d'emblée l'officier à qui revenait la charge de coordonner le travail de la cinquantaine de policiers mobilisés dans chaque opération. Tous souriants, les éléments de la police judiciaire prennent le départ vers la ville de Drâa Ben Khedda où une opération coups-de-poing devait avoir lieu, quelques minutes après, dans le milieu de la drogue. À l'entrée de cette ville, située à un peu plus d'une dizaine de kilomètres de Tizi Ouzou, lorsque le cortège de la police se scinde en deux pour boucler la ville. 22h10, alors que l'artère principale grouillait toujours de monde, plusieurs quartiers, les plus connus pour être les repères des vendeurs de drogue, ont été totalement quadrillés. Les policiers, arme de poing attachée à la ceinture et kalachnikov entre les mains, courent dans tous les sens. Ils s'éclipsent un moment puis reviennent tous en même temps et parmi eux plusieurs jeunes menottés. “Rendez-vous au commissariat”, annoncera l'officier dans son talkie-walkie. Une fois au commissariat, on procède alors à l'ouverture de plusieurs sachets contenant des quantités importantes de cannabis. “À qui appartient ce sachet ?” lancera un policier à l'endroit du jeune. Ce dernier, pourtant pris en flagrant délit, commence à rechigner et à hausser le temps. La suite on n'a pas eu le temps de la suivre. L'officier ordonne à ses éléments de laisser ces jeunes au poste de police et de se dépêcher : “On signale des coups de feu à Boukhalfa”, dira-t-il. Tout le monde s'engouffre dans les 4x4 qui prennent la route à vive allure en direction du lieu indiqué. Sur la route, l'officier, imperturbable, demandait aux journalistes s'ils ont constaté comment l'utilisation du téléphone portable a permis à un grand nombre de vendeurs de drogue de prendre la fuite. Sur les lieux, on n'a même pas vu les véhicules s'arrêter que les policiers, en quelques acrobaties, avaient déjà pris position, prêts à tirer. Une voiture de marque Clio fonce dans leur direction et à l'aide d'un projecteur, l'officier donne le signal pour qu'il s'arrête. L'officier demande les papiers d'identité, mais les quatre jeunes à bord du véhicule n'ont ni leurs papiers d'identité ni ceux du véhicule. Toutefois, cela ne les empêche pas de rechigner et de crier à la hogra. Après un quart d'heure d'embuscade, les policiers apprennent par radio qu'il y a une fête dans les parages et qu'il se peut que les coups de feu viennent de là. L'embuscade levée, direction Tizi Ouzou-ville. Plusieurs quartiers, notamment la nouvelle-Ville, ont été tour à tour, jusqu'à une heure tardive de la nuit, bouclés et passés au peigne fin. À chaque fois, des arrestations et la récupération de quantités de cannabis, d'armes blanches et de bombes lacrymogènes sont enregistrées. Sur les hauteurs de la ville, l'opération était très délicate. Dans ce quartier, la drogue se vend sur un étalage de fortune. Là, les jeunes étaient prêts à en découdre avec les policiers, après l'arrestation de quelques personnes. Les policiers tentent de les calmer, en vain. Leur réaction renseigne sur toute la violence que couvent les quartiers de la ville. L'émeute a été évitée de justesse. “L'effet des évènements qu'a connus la Kabylie est toujours présent dans les esprits du jeune tizi-ouzéen”, dira un policier. Et d'ajouter : “On fait de notre mieux pour éviter la confrontation. On doit leur faire sentir que nous sommes là pour leur sécurité. d'ailleurs, on évite même d'enregistrer des outrages qui peuvent les emmener devant les tribunaux.” De retour au commissariat central, vers 1h du matin, l'officier de la police judiciaire nous conduit au cœur de ce qui fait l'efficacité dans la lutte contre la criminalité. le système d'identification et de recherche criminelle, la recherche multicritère, la cellule d'analyse criminelle et les logiciels utilisés dans la lutte et même la prévision de la criminalité sous toutes ses formes sont autant de moyens, relevant des nouvelles technologies et que l'officier nous a présentés dans les détails de leur fonctionnement. Samir LESLOUS