Plus de 50 hectares de p�turages et de for�ts ont �t� ravag�s par les flammes dimanche dernier � Constantine. Notre reporter qui rendait visite ce jour-l� � la Conservation des for�ts pr�cis�ment pour s�enqu�rir du bilan des sinistres caus�s par le feu depuis le d�but de l��t� est t�moin de la premi�re alerte. C�est le branle-bas de combat. Il d�cide de suivre, au c�ur des flammes, les gardes forestiers qui ont v�cu cet �t� une saison particuli�rement �prouvante. Reportage. �Voil� nos h�licopt�res !� ironise un sapeur-pompier en essayant de circonscrire les flammes avec une branche d�eucalyptus. Le terrain accident� de la for�t de Djebel-El-Ouahch est inaccessible pour le camion-citerne de la Protection civile d�autant plus que le rayon d�action de son d�vidoir ne d�passe pas les 80 m�tres. Le vent, qui souffle dans tous les sens, a mis � rude �preuve aussi bien les pompiers que les gardes forestiers qui ont mobilis� tous les moyens de bord pour faire face aux feux qui se sont d�clench�s sur plusieurs fronts. Et n��taient l�intervention du consortium japonais (COJAAL), en charge de l�ex�cution d�un tunnel traversant le mont de Djebel-El- Ouahch, les d�g�ts auraient �t� plus importants. Le feu s�est d�clench� vers 12h30 du c�t� de la ferme Massali, sise � Merdj-ERoth � quelques kilom�tres de la cl�ture du parc de Djebel-El- Ouahch. Les flammes, pouss�es par le vent, se sont vite propag�es aux terrains de parcours limitrophes � la for�t. La v�g�tation, constitu�e essentiellement de paille et autres g�tes de la faune locale, a �t� d�truite. Les animaux (li�vres, corneilles et autres reptiles), encercl�s par les feux, courent � hue et � dia pour fuir l�enfer. La fum�e a form� des nuages asphyxiants au-del� du p�rim�tre sinistr�. �Ce sont les �leveurs de la r�gion qui sont derri�re ces feux�, accusera le chef du service de la protection aupr�s de la Conservation des for�ts de Constantine, M. Didine Sa�ghi en l�occurrence. En route vers un foyer de feu � bord d�une Toyota- Station, dot�e d�un petit r�servoir et d�une motopompe, ce responsable expliquera que la paille n�est plus consommable par le b�tail d�s qu�elle se dess�che et que les maquignons proc�dent � sa destruction par le feu afin de renouveler les p�turages. L��tat d�plorable des chemins forestiers a pouss� le chauffeur du 4x4 et pas moins chef du district de Djebel-El-Ouahch � emprunter des pistes trac�es, am�nag�es par les Japonais afin de faciliter la mobilit� de leurs engins � pour se rendre au front qui n�est pas loin de la centrale � b�ton de COJAAL. Les Nippons ont m�me �rig� un rond-point devant le parc des engins, convenablement int�gr� dans son environnement, pour couronner le syst�me de signalisation hautement pr�cis, mis en place � m�me la montagne dans le but de rendre fluide la circulation. De la cl�ture du parc, il ne reste que la fondation qui sert actuellement comme point de rep�re aux gardes forestiers. �Les barreaux en acier, plac�s dans les ann�es 1980, ont �t� vol�s�, pr�cise Nadjib, le chef du district. Il est 13h. Les quelques �l�ments de la Conservation des for�ts qui �taient sur place, collaborent avec les pompiers d�p�ch�s pour faire face au sinistre du c�t� de la ferme Massali. Le renfort de la Protection civile n�est pas encore arriv� et les flammes qui se d�placent � une vitesse foudroyante viennent � bout des framboisiers qui bordaient la piste, plus ou moins goudronn�e, jouxtant la cl�ture du parc. Le feu poursuit sa course vers le nord en direction du hameau dit Ksar El-Kallal et vers l�est en direction des eucalyptus de la for�t r�cr�ative de Djebel-El- Ouahch. La for�t n�est plus qu�� 300 m�tres environ et le r�servoir de la Toyota s�est rapidement �puis�. M. Sa�ghi d�cide de solliciter l�aide des Japonais. � bord du 4x4, Nadjib qui conna�t parfaitement le terrain, prend, vers 14h, la direction de la centrale � b�ton. Dans un fran�ais approximatif, il a su� pour transmettre le message aux responsables de cette unit� de la COJAAL. L�un de ses derniers, qui a tenu une longue conversation avec ses sup�rieurs, l�avait rassur� et d�cid� de le guider vers le parc d�engins, situ� en bas � la sortie nord du tunnel. En vain. Tout le mat�riel �tait sur chantier. Il prendra, alors, la voie du retour via des raccourcis, des cours d�eau pour rejoindre rapidement le point de d�part. La majorit� des chemins forestiers sont barricad�s de pierres. �C�est l��uvre des bergers �, ass�ne Nadjib. La montre affichait 15h. Sur place, l�on apprend que le front du c�t� de la ferme de Massali est ma�tris� � 100%. Les gardes forestiers ont rejoint le renfort de la Protection civile (un camion-citerne et huit pompiers) pour participer � l�extinction des flammes au niveau de ce flanc. D�autres volontaires parmi les riverains ont �galement adh�r� � l�action des sapeurs-pompiers. Cependant, l�autre camion-citerne d�incendie (CCI) a �t� maintenu sur place pour parer aux feux en cas de reprise. Mais, le CCI mobilis� a vite �puis� ses r�serves. Pis encore, il ne pourra plus acc�der aux surfaces parcourues par les flammes. �Les feux de for�t n�cessitent des bombardiers d�eau. Si nous disposions de canadairs, ces feux ne devraient pas parcourir toute cette flore�, d�plore l�un des pompiers qui ont poursuivi, avec courage, faut-il le signaler, leur travail, manuellement, � l�aide de branches feuillies d�eucalyptus. En d�pit du massif rocheux, les flammes ont continu� de ravager les terrains de parcours et ce, jusqu�� la limite de la for�t. Vers les coups de 16h30, elles attaqu�rent les arbres sous le regard impuissant de tous les pr�sents. D�bord�s, les pompiers comme les gardes forestiers n�avaient plus qu�� esp�rer un miracle. Fort heureusement, une fois de plus, les Japonais d�cident d�intervenir. Ils avaient d�j�, il y a quelques jours, particip� � la sauvegarde de cette for�t. Des bulldozers appartenant � un sous-traitant de Oued-Souf commencent vers 17h10 � niveler la terre pour barrer la route aux flammes. Le feu a �t� ainsi ma�tris� vers 18h. Une demi-heure plus tard, une petite reprise est signal�e et est rapidement circonscrite, manuellement par les pompiers. Bilan : plus de 50 hectares de p�turages et pas moins de 5 autres de for�t ont �t� d�vast�s. L. H. Un bilan alarmant Le feu qui s�est d�clench� dimanche dernier � la for�t de Djebel-El-Ouahch fut le 26e sinistre � Constantine depuis l�av�nement de la p�riode des grandes chaleurs. En fait, le bilan est tr�s lourd et les origines de ces flammes ne sont pas encore identifi�es. La surface parcourue par les flammes est de 1 474 hectares dont 165 hectares de for�t, 1 163,5 hectares de broussailles et 145,5 hectares de p�turages. Ainsi, la for�t de Djebel-El- Ouahch, Dra�-E-Nagha, El-Meridj, El-Djebbas, Hadj-Baba Chettaba ont �t�, toutes, partiellement d�vast�es par les flammes. Des sites paradisiaques class�s zones d�expansion touristique ayant vu leurs richesses florales endommag�es. Des milliers d�arbres de pin d�Alep, de ch�ne-li�ge, d�eucalyptus, de ch�nes� ont �t� r�duits en cendres. Ces chiffres restent, cependant, approximatifs dans la mesure o� les moyens utilis�s par la Conservation des for�ts dans l�estimation des d�g�ts sont caducs. Si les surfaces foresti�res ravag�es sont calcul�es en fonction du nombre des sujets calcin�s, pr�cis�ment 150 arbres par hectare, celles des broussailles et des p�turages sont estim�es � l��il, autrement dit, c�est l�exp�rience des gardes forestiers qui d�termine l�ampleur des pertes. Aussi, la Conservation des for�ts fait des lev�s topographiques par un th�odolite et calcule les d�g�ts en fonction de l��chelle des cartes g�ographiques exploit�es. Cette m�thode, selon un forestier, prend beaucoup de temps et de ce fait, son administration compte amplement sur l�exp�rience de ses agents. Par ailleurs, la Conservation des for�ts a lanc� bien avant la p�riode des grandes chaleurs une campagne de sensibilisation aupr�s des agriculteurs. Cette campagne a �t� coupl�e � un plan d�action qui consiste dans la r�quisition des moyens mat�riels des entreprises publiques et priv�es implant�es � proximit� des for�ts et ce, en cas de catastrophe. Mais la port�e de ce plan est limit�e parce que les moyens d�intervention aussi bien mat�riels qu�humains, de la Conservation des for�ts comme ceux de la Protection civile sont inadapt�s � ce genre de sinistres et aussi, insuffisants. Il est �galement � signaler que le bilan des feux de r�coltes n�est pas mince, voire jamais atteint � Constantine par le pass�. La canicule ayant touch� la r�gion ces derniers mois ainsi que la b�tise humaine ont provoqu� des centaines de foyers de feu � travers le territoire de la wilaya qui ont ravag� des milliers d�hectares de c�r�ales. La Protection civile a enregistr� 276 interventions et comptabilis� 3596 hectares de pertes dont 1097 hectares de bl� dur, 1131 h de bl� tendre, 282 h d�orge, 53h d�avoine et 1018h de chaume en plus de 49 602 bottes de foin et 2 289 arbres fruitiers.