En pr�ambule, l�auteur dresse un constat accablant de la politique coloniale de la France en Alg�rie � l�aube de la R�volution de 1954. La population alg�rienne vit une situation de pr�carit� extr�me, suite � la spoliation de ses meilleures terres, aggrav�e par un ch�mage s�v�re. Cet appauvrissement va immanquablement g�n�rer une malnutrition, une promiscuit� et un d�ficit en hygi�ne propices � l�installation de maladies redoutables, � propagation rapide et facile, telles que la tuberculose, le chol�ra, la m�ningite c�r�brospinale, la poliomy�lite, le paludisme, sans compter le trachome au Sud. Tous ces ingr�dients vont alimenter l�embrasement qui va �tre d�clench� le 1er novembre 1954. Dans un deuxi�me temps, le dossier �Situation sanitaire au maquis de1954 � 1962� va �tre d�voil�. Nous pouvons retrouver une foule de d�tails, sur ce secteur, � combien strat�gique, en p�riode de conflits arm�s. Dans le m�me ordre d�id�es, nous constaterons que toutes les unit�s de soins clairsem�es, improvis�es dans l�urgence, avec les moyens locaux et rudimentaires, vont �tre, � partir de1956, restructur�es, r�organis�es, en plus coordonn�es entre elles et finalement chapeaut�es par des directions sanitaires d�appui bas�es en Tunisie pour les wilayas I, II, III et au Maroc pour les wilayas IV, V et VI. Ces bases centrales seront sous la responsabilit� du Dr M. S. Nekkache. Quatre dossiers vitaux devaient �tre biens g�r�s pour am�liorer l��tat sanitaire des troupes. La visite syst�matique �tait imp�rative pour le recrutement et le suivi m�dical des soldats. L�essentiel du travail incombait � la prise en charge des bless�s de guerre et l�, le facteur humain et mat�riel rev�tait tout son sens, surtout, lorsque l�on sait que les cas graves devaient �tre achemin�s jusqu�aux bases d�appui d�Oujda ou Gardimaou. La m�decine conventionnelle avait aussi son mot � dire au regard des dures conditions de vie des combattants. La pr�vention par la vaccination permettait � cette frange de la population de b�n�ficier d�une relative immunit� face aux maladies transmissibles qui foisonnaient � cette �poque. Le maquis et surtout la situation de guerre ont fait que l�infirmerie constituait la structure de base. En 1956, la situation sanitaire s��tait retrouv�e revigor�e par l�arriv�e de praticiens, d��tudiants en m�decine et de nombreux param�dicaux. La grande nouveaut� �tait la formation m�dicale, surtout celle des infirmi�res . L�approvisionnement de ces structures en consommables et petit mat�riel m�dical �tait effectu�, autant que faire se peut, � partir des bases d�appui. En plus de toutes ces contingences, la s�curit� de ces unit�s de soins n��tait pas le moindre de leurs soucis pour les responsables de ce secteur. Le c�t� curatif s�accompagnait d�une action pr�ventive et mettait en avant l�hygi�ne corporelle individuelle et collective. Les moudjahidine devaient toujours �tre bien ras�s et bien coiff�s, quand cela pouvait se faire. Des campagnes de sensibilisation, dans ce sens, �taient permanentes, comme la javellisation de l�eau de boisson pour �viter les probl�mes digestifs. Puis les grands noms des m�decins de la R�volution vont appara�tre, comme Nekkache, Haddam, Yagoubi, El Okbi, Abdelwahab, Ma�za, Ma�meri ainsi que des Fran�ais qui ont fait sienne la cause alg�rienne comme Martini, Chaulet, Masbeuf, Laborde, Grongo, Colonna. Notons que la premi�re femme m�decin qui a pris le maquis est Mme Nefissa Laliam. Pour corroborer l�esprit de sacrifice et de d�vouement des acteurs de ce secteur n�vralgique, Dr Benkhaled a choisi de d�crire pour nous le parcours d�une h�ro�ne de Chlef, en l�occurrence Bedj Messaouda. En effet, cette derni�re, �l�ve dou�e et studieuse, va poursuivre son instruction jusqu�en terminale. A l�occasion d�une visite � une parente, hospitalis�e dans une clinique d�Orl�ansville, elle d�couvre le m�tier d�infirmi�re qui la s�duit. Constatant qu�elle poss�de tous les crit�res pour int�grer ce cr�neau, elle s�inscrit � l��cole param�dicale de Verdun, � Alger. Les trois ann�es n�cessaires � l�obtention du fameux s�same seront une occasion pour elle de rejoindre une section des scouts musulmans et de s�impr�gner ainsi des id�aux de Novembre. Entre-temps, elle mettra toute son �nergie � participer aux efforts de secours pendant le tremblement de terre d�Orl�ansville de 1954. Son d�vouement sera tel qu�elle recevra en signe de reconnaissance la m�daille du m�rite des mains m�mes du pr�fet de l��poque. En juin 1957, elle r�pondra pr�sente � l�appel de l�Ugema et rejoindra le maquis. L�organisation de ses infirmeries de guerre dans l�Ouarsenis seront un mod�le du genre pour toutes les autres wilayas. Ces structures accueilleront des grands noms de la R�volution tel que Si M�hamed Bougara. Elle sera f�licit�e par le commandement de la Wilaya IV, repr�sent� par Si Saddek. De son nom guerre Meriem, elle sillonna toute la Wilaya IV pour organiser le secteur sanitaire et participa � la formation acc�l�r�e de nombreuses infirmi�res. Elle fut de toutes les grandes batailles. Comme r�compense � son m�rite, elle fut destinataire d�une bourse � l��tranger pour parfaire sa formation. Malheureusement, lors de son voyage pour rejoindre la base d�Oujda, elle tomba lors d�un accrochage avec son escorte, les armes � la main. La derni�re partie du livre sera consacr�e � la p�riode sanitaire post-ind�pendance. Il est facile de deviner, qu�apr�s juillet 1962, la situation, dans ce secteur, n�est gu�re reluisante. Cela s�explique tout naturellement par le d�part massif de 2 200 m�decins et 2 700 param�dicaux, sans compter le sabotage des structures de sant� et du mat�riel m�dical imput� aux �l�ments de l�OAS. Le peuple, affaibli par sept ann�es de guerre, devenait la proie facile � la maladie. Deux d�cisions furent prises dans l�urgence ; la mi-temps obligatoire pour les praticiens du priv� et une coop�ration m�dicale des pays amis, comme la Bulgarie et la Pologne. Ainsi �paul�s, les d�cideurs vont s�atteler � �radiquer les maladies contagieuses. Dans la premi�re d�cade, l�on notera avec satisfaction, le recul d�affections redoutables comme la tuberculose, la polio et d�autres maladies infantiles comme la dipht�rie. A cette occasion, il faut noter l�action remarquable du Pr Chaulet qui a multipli� les DAT (dispensaire antituberculeux). Ce redressement op�r� doit beaucoup � la comp�tence des enseignants en m�decine. Citons le cas du Pr Tedjini Haddam, assistant du Pr C. Jackson � l�h�pital de Philadelphie de1954 � 1957, faisant partie de l��quipe qui a op�r� le pr�sident Eisenhower Il est indispensable de lire cet ouvrage, �crit dans un style simple et tr�s bien document� qui le rend incontournable pour l�histoire de la m�decine.