Au moins un million d�enfants sont victimes de traumatismes li�s � la violence terroriste. Seuls 5% d�entre eux ont pu b�n�ficier d�une prise en charge psychologique ad�quate. Les autres sont livr�s � eux-m�mes et risquent de reproduire la violence qu�ils ont subie. Plus de 50% des personnes, pourtant suivies, souffrent aujourd�hui encore de s�quelles. Le pr�sident de la Forem craint que cette situation ne conduise � la banalisation des actes violents et pr�dit une recrudescence des agressions dans les ann�es � venir. Dix ann�es apr�s le massacre de Bentalha, la Fondation nationale pour la promotion de la sant� et le d�veloppement de la recherche (Forem) s�est int�ress�e � l��valuation des effets de la violence non seulement sur les enfants mais �galement sur les adultes. Les r�sultats de l�enqu�te men�e aupr�s de l��chantillon choisi sont significatifs : les ann�es n�ont en rien pans� les blessures. Grands et petits continuent de souffrir du syndrome du stress post-traumatique (PSTD) qui se traduit par l��chec scolaire, l�autisme, la violence et, dans les cas les plus s�v�res, par des tendances suicidaires. Les psychologues de la Forem ont, en effet, �tudi� le cas de 413 enfants devenus aujourd�hui adolescents. 261 d�entre eux, soit 63,2%, ont pu b�n�ficier rapidement du suivi psychologique contre 152 qui n�ont fait l�objet de suivi que plusieurs ann�es plus tard. Ag�s aujourd�hui entre 13 et 18 ans, 73% d�entre eux ont �t� confront�s aux actes terroristes entre 1995 et 2000. 28% d�entre eux ont tr�s mal v�cu l�assassinat de leur p�re. Issus essentiellement de familles d�munies, 91% de ces adolescents ne survivent que gr�ce au programme Kafil El Yatim mis en place par la Forem et sont � 62% orphelins de p�re et � 8,7% de m�re. Les parents, qui sont encore en vie, ne travaillent pas toujours puisque 19,6% des p�res sont sans emploi contre 78% des mamans. Apr�s des ann�es d��coutes psychologiques, plus de la moiti�, soit 51% de ces adolescents, ne se portent pas bien. Ils pr�sentent des difficult�s � faire face aux situations stressantes et sont en situation d��chec scolaire. Un quart d�entre eux sont s�rieusement perturb�s. S�agissant de l�estime de soi, la situation n�est pas meilleure. 24% ont une tr�s mauvaise image d�eux-m�mes, un sentiment qui peut conduire, dans les cas les plus critiques, � des tentatives de suicide. Ces r�sultats ont fait dire au professeur Khiati, pr�sident de la Forem, que �le suivi psychologique est indispensable et doit se faire pendant des ann�es encore�. Si les enfants ne se portent pas tr�s bien, les adultes souffrent pratiquement des m�mes sympt�mes. Si le standard mondial veut que qu�une moyenne de 9% de la population peut souffrir du syndrome de stress, dans certaines wilayas le ratio atteint 20%. Sur un �chantillon de 120 adultes, essentiellement des femmes ayant perdu leur mari, 47% souffrent de PSTD et 35% ont une faible estime de soi. Deux d�entre elles se sont d�ailleurs suicid�es au cours de l�enqu�te. Les diff�rents psychologues, qui ont fait des interventions hier au cours du 3e s�minaire national sur les enfants traumatis�s par la violence, ont �t� cat�goriques : en l�absence de suivi, les cons�quences sur le devenir des grands et des petits seront �normes. A ce sujet, le directeur ex�cutif de la Forem qui reconna�t � la loi sur la r�conciliation nationale quelques vertus, d�plore qu�elle se soit uniquement centr�e sur l�urgence de r�tablir la paix sans prendre en consid�ration les cons�quences sur le tissu social des ann�es de terrorisme.