C�est l�un des derniers bastions de la dictature de la plan�te. Depuis le coup d�Etat du g�n�ral Ne Win en 1962, qui avait mis fin au r�gime multipartiste, la Birmanie a �t� soumise � une dictature implacable. La junte militaire au pouvoir, qui a cru faire le bonheur du peuple, d�cidant en lieu et place des Birmans ce qui est bon pour eux et ce qui ne l�est pas, a men� en fait le pays � la catastrophe. �La voie birmane vers le socialisme�, un �clectisme empruntant au marxisme et au bouddhisme, bas� sur un syst�me g�n�ralis� de coop�ratives, fond� sur l�autosuffisance, qui se voulait une sorte de �troisi�me voie� entre communisme et capitalisme, a ruin� le pays. La nationalisation, par exemple, des petits commerces de d�tail, a jet� dans la mis�re des centaines de milliers de Birmans. Qui plus est, cette junte militaire, qui a impos� un r�gime soi-disant �galitaire au petit peuple, menait un train de vie qui n�avait rien de �socialiste�. L�anti-imp�rialisme, dont se pr�valait le r�gime birman, du moins dans les ann�es 1960, n��tait qu�un paravent dont il se drapait pour r�primer toute opposition. En plus des communistes, qui avaient pris les armes contre la junte, les ethnies minoritaires, les Karens et les Shans, qui n�ont pas accept� d��tre des �nationalit�s� de seconde zone, se sont rebell�es contre le pouvoir militaire. La r�bellion de ces minorit�s ethniques n�a d�ailleurs jamais cess�, et ce, malgr� des pauses n�goci�es avec le pouvoir, mais qui n�ont abouti qu'� des r�sultats pr�caires sans toutefois ramener la paix civile. Reste que la situation interne s�est d�grad�e � un point tel que le peuple a fini par se r�volter. Une premi�re fois en mars 1988, quand une simple manifestation d��tudiants r�clamant la fin de la dictature et des �lections libres a donn� le signal � des manifestations populaires massives. La r�pression a fait plus de 10 000 morts. Le congr�s extraordinaire du parti unique, le Parti du programme socialiste birman, accepte la d�mission du g�n�ral Ne Win et prononce son autodissolution. Le 18 septembre de la m�me ann�e, les militaires prennent le pouvoir, instituent le Comit� d�Etat pour la restauration de la loi et de l�ordre, imposent l��tat de si�ge et promettent des �lections libres. Mieux, ils pensent trouver une issue de sortie en rebaptisant le pays d�Union du Myanmar (le pays merveilleux). Ils abandonnent la �voie socialiste� et pr�nent une politique du �tout-lib�ral�, � savoir le capitalisme de type n�olib�ral, sans doute pour s�attirer les faveurs des grandes puissances capitalistes, Etats-Unis en t�te. Les �lections l�gislatives de mai 1990, donnant une victoire �crasante � la Ligue nationale d�mocratique de Mme Aung San Suu Kyi, de retour d�exil, au d�triment du nouveau parti cr�� par les militaires, le parti de l�Unit� nationale, sont invalid�es. Les militaires reprennent les r�nes, mettent la dirigeante birmane en r�sidence surveill�e et r�priment � tout-va toute contestation. Pire, pour se mettre � l�abri de la col�re populaire, ils d�cident de d�placer la capitale du pays de Rangoon � Pyinmana � 300 km � l�int�rieur des terres. Sans r�el soutien populaire, min� par la corruption, coup� de l�ext�rieur, le r�gime birman ne survit que gr�ce aux revenus du p�trole exploit� par BP et Total. Mais voil�, la r�volte men�e par les moines bouddhistes soutenue par la population, contre la vie ch�re et la pauvret�, a fini par rattraper le pouvoir des g�n�raux birmans. Et au lieu de r�pondre aux aspirations des attentes populaires, le pouvoir birman a eu recours encore une fois � la r�pression. Si le calme semble �tre revenu en Birmanie, il n�en reste pas moins que l��tau se resserre sur le r�gime militaire. Non seulement, ce qui se passe dans ce pays montre encore une fois qu�aucun r�gime dictatorial au monde ne peut �chapper � la col�re populaire, mais la Birmanie ne peut rester ind�finiment le seul pays d�Asie du Sud-Est encore � la tra�ne du d�veloppement.