P�tri de qualit�s musicales � l��vidence, le grand interpr�te de musique arabo-andalouse, Dahmane Benachour, abondait aussi en valeurs amicales et sympathiques � tel point que l�on ne pouvait pas ne pas l�aimer. Aussi bien les f�rus de la musique citadine que ceux qui n�en ont cure, ils �taient unanimes � dire que Dahmane Benachour �tait un exemple parfait d�amiti�. Cette qualit� reposait, nous dit-on, sur ses dispositions affables et sa fid�lit� � l�endroit de ses compagnons pour lesquels il est rest� d�vou� jusqu�� la fin de sa vie. L�exemple le plus �difiant quant � ses qualit�s de bon aloi se r�v�lait � travers ses relations de fraternit� avec son violoniste attitr� mais non moins son ami de toujours qu��tait le grand musicien Hadj Medjber. Ayant fait connaissance au d�but des ann�es 1930 lorsque ce dernier le d�couvre incidemment chantant en dilettante au sein d�un groupe de jeunes m�lomanes, Dahmane Benachour et Hadj Medjber ne vont plus se s�parer. Mieux, ils emprunteront ensemble la voie de la r�ussite sans que le chanteur qu��tait Dahmane tourne le dos, ne serait-ce qu�un jour, au musicien qu��tait Hadj Medjber. Et l� o� Dahmane apparaissait, on voyait in�vitablement Hadj Medjber � ses c�t�s. Il faut dire �galement que le succ�s n�a jamais gris� Dahmane et � aucun moment celui-ci n�a dit, s�agissant de l�alignement de Hadj Medjber dans son orchestre, �il n�est pas question� ou �je ne suis pas tenu de lui rester redevable toute ma vie parce qu�il m�a aid� � faire mes premiers pas dans le monde de la notori�t�. Dahmane Benachour s�excluait, en effet, de s�attribuer de tels boniments, signes d�ingratitude et de reniement. Il sied de souligner aussi que l�amiti� nou�e entre les deux artistes avait atteint son apog�e lorsque Dahmane, sachant que Hadj Medjber ne pouvait avoir d�enfants, lui donna son fils a�n� � adopter. Et lorsque Hadj Medjber mourut, la famille de Dahmane prendra totalement sa femme en charge jusqu�� la fin de ses jours. Voil� un exemple d�amiti� dont les artistes d�aujourd�hui doivent s�inspirer s�ils veulent s�inscrire dans la bonne perspective car toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami, comme disait Voltaire. Pour ceux qui ont encore la t�te ailleurs, ils n�ont qu�� revoir leurs copies.