Le milieu artistique et les férus de la musique andalouse ont célébré le 26e anniversaire de la mort du rossignol de la musique classique algérienne, le cheikh Dahmane Benachour décédé le 16 septembre 1976, et considéré comme l'un des maîtres et défenseur du patrimoine traditionnel artistique de Blida. Sa contribution à la sauvegarde de la musique traditionnelle a été précieuse, sa vie durant il s'est consacré à la préservation de ce patrimoine qu'il voulait résolument «authentique» pour la génération future. Issue d'une famille modeste, cheikh Dahmane Benachour est né le 11 mars 1912 à Blida. Il apprit d'abord le Coran et s'imprégna ensuite des principes de la langue arabe. Sa vocation artistique s'est développée dès sa jeunesse, grâce à sa mémoire prodigieuse et à son oreille musicale. C'est dans le salon de coiffure de son père, que le jeune Dahmane Benachour côtoyait les grands maîtres de son époque qui ont exercé une grande influence sur son épanouissement artistique. L'enfant prodigue fut artistiquement «adopté» par les deux maîtres de la musique andalouse de l'époque : cheikh Chérif Bencherchali et cheikh El Hadj Medjbeur, qui lui enseignèrent cet art et les multiples répertoires, legs des anciens maîtres. Doté de ce savoir-faire, cheikh Dahmane Benachour excella dans l'interprétation de cette musique qui lui a valu une notoriété artistique incontestée. C'est à lui d'ailleurs que revient le mérite de la préservation de cet art et sa pérennité. Il fut le digne ambassadeur de la musique hawzi et aroubi dans nombre d'orchestres où le cheikh s'est produit. Un jour, nous raconte ammi Ahmed El Gherbi, qui deviendra son musicien au banjo, Hadj Medjbeur entendit une voix agréable, transporté d'admiration, il s'approcha pour voir de plus près celui qui l'avait envoûté. Et c'est là qu'il découvrit Dahmane Benachour. A Blida, une association dénommée El Adabia était née en 1927 sous l'impulsion de Chérif Bencherchali et Hadj Medjbeur en était membre fondateur. Une proposition de la part de ces derniers pour les rejoindre ne tarda pas à venir et c'est ainsi qu'à partir de 1931, Dahmane Benachour devient membre à part entière dans un orchestre aux côtés de Khellil Bendjelloul, Boualem Bouteldja, Ahmed El H'sib et bien d'autres. Avec la création d'El Widadia en 1932 par Mohamed Khedaoui dit Si Moussa, Dahmane Benachour adhère, sous le conseil de celui qui deviendra son meilleur ami et non moins bras droit au violon à savoir Hadj Medjbeur, à cette nouvelle association où il va vite manifester un talent musical certain couronné d'une très belle voix jusqu'à se distinguer et faire de l'ombre à tous les jeunes de sa promotion. Avec la venue, en 1934, du grand musicien Mahieddine Lakhal à Blida comme professeur, Dahmane Benachour, très heureusement pour lui, aiguisera ses connaissances de la nouba andalouse et ses envolées lyriques ainsi que les poésies chères à Ibnou Qozmane constituant les textes de la musique arabo-andalouse. Cet enseignement va durer jusqu'à 1939, mais que des pièces musicales étaient apprises par Dahmane Benachour! En cette même année, il participe à la fête du trône au Maroc où il connaîtra beaucoup de distinction. Après l'Indépendance, Dahmane Benachour continuera à animer des fêtes familiales avec son orchestre composé de Hadj Medjbeur au violon, Barabas à la flûte, Tayeb Bouzouidja au luth, Ahmed Fellag à la mandoline ainsi que Chellel et Bab Ameur au tambourin. Tout comme il enregistrera à la télévision et à la radio, sous la direction de Mustapha Skandrani, une série de noubas et autres houazas. Professeur de musique au conservatoire municipal de Blida et au lycée Ibn Rochd, Dahmane Benachour a su transmettre son savoir à une multitude d'élèves. Le 16 septembre 1976, il meurt des suites d'une maladie.