Vous souvenez-vous du 14 juin 2004 ? Ce jour-l�, la justice a �t� somm�e par le �haut�, au plus �haut� niveau, de condamner Mohamed Benchicou � deux ann�es d�emprisonnement ferme (2 ans) avec mandat de d�p�t � l�audience. Mohamed Benchicou, � la date sus-mentionn�e, est journaliste, directeur du quotidien Le Matin et son ouvrage : Bouteflika : une imposture alg�rienne (d�cembre 2003 Edition Le Matin) a connu un succ�s hors du commun aupr�s du public. Pr�cis, document�, fond� sur des t�moignages, des �crits, le livre d�nonce sans concession, mais sans aucune pointe revancharde, l�accession au pouvoir de Abdelaziz Bouteflika, les scrutins tronqu�s, les milliards envol�s, et une justice r�duite au r�le de petite fonction. C�est un cri de col�re et d�indignation que Mohamed Benchicou veut faire entendre. Il le fait avec courage et sans emprunter un pseudonyme. Il exprime ce que des milliers d�Alg�riens pensent. Ses �ditoriaux et billets (�In�s Chahinez� ainsi que les affaires auxquelles s�int�resse son journal (corruption, torture) Le Matin ne sont �videmment pas du go�t de Abdelaziz Bouteflika, et de son ministre de l�Int�rieur, Noureddine-Yazid Zerhouni. Ce dernier, en tourn�e � Djelfa, d�clare alors publiquement : �Il paiera� (il : Mohamed Benchicou). Mais ce 14 juin 2004, au tribunal d�El-Harrach, le journaliste ne compara�t pas pour ses �crits. Il est accus� de d�tention d�un bon de caisse trouv� sur lui lors d�une fouille effectu�e par la police tandis qu�il s�appr�tait � embarquer � l�a�roport Houari- Boumediene d�Alger. Bien entendu il ne s�agit nullement d�un d�lit puisque l�unique violation � la loi a trait exclusivement aux mouvements de capitaux de et vers l��tranger. Un bon de caisse est un simple re�u de d�p�t d�livr� par une banque alg�rienne, donc non convertible. Cela est tellement vrai que que les douanes refusent de se porter partie civile �n�ayant constat� aucune infraction� dira le directeur g�n�ral en poste � l��poque de ces �faits inexistants�. Cela vaudra � M. Sid Ali Lebib (DG des douanes) d��tre limog� par Abdelaziz Bouteflika quelques mois plus tard, ce dernier ayant eu recours au proc�d� dit du �deux en un� : il �vin�ait, ainsi, un haut fonctionnaire qui s��tait oppos� � la machination du duo Boutelfika- Zerhouni et surtout il �cartait l�Alg�rois (Sid Ali Lebib) au profit d�un homme de l�ouest (Bouderbala), la seule r�gion connue et aim�e par Abdelaziz Bouteflika lorsqu�il taquine le mot �comp�tences�. Si j�ai entendu rappeler bri�vement ces faits, ce n�est point pour ennuyer les lecteurs du Soir d�Alg�rie, mais pour montrer une fois de plus que Abdelaziz Bouteflika, ses collaborateurs, ses fr�res, abusent certes depuis huit ann�es (8), huit longues ann�es, de leurs pouvoirs, leurs fonctions, leurs liens familiaux, utilisant les institutions et ceux qui les composent comme de vulgaires biens consommables et jetables, multipliant machinations et coups fourr�s, r�serv�s � tous ceux qui ne les agr�ent pas, mais il leur manque l�essentiel, l�intelligence. Et la meilleure preuve, pour appuyer mes dires, m�est apport�e par l�interdiction qui a �t� faite aux Editions Inas d�exposer et de vendre le second ouvrage de Mohamed Benchicou Les ge�les d�AlgerInas Edition 2007 au Salon international du livre (31 octobre/9 novembre 2007). Aveugl�s par leur acharnement obsessionnel contre le journaliste et l��crivain, Abdelaziz Bouteflika et tous ceux qui ont ex�cut� en excellents �ex�cuteurs� ses ordres, n�ont pas pens� dans leur pr�cipitation et leur haine, qu�ils seraient le meilleur support publicitaire et promotionnel du second livre de Mohamed Benchicou ! Et ce pour une simple raison : au nom de leur hogra (abus de pouvoir, tyrannie, injustices, arbitraire, ill�galit�, malveillance, tels sont les synonymes de hogra) ils ont donc d�cid� de censurer � du moins le croyaient-ils � l�ouvrage de Mohamed Benchicou. �videmment, pour cette sale besogne, les �ex�cuteurs � n�ont pas manqu� : le directeur de la Safex, celui du salon, celui des stands, la ministre de la Culture, le responsable de ceci, le responsable de cela... tous ont accouru et r�pondu �pr�sents� � leur ma�tre. Une meute l�ch�e contre deux hommes. Pardon, contre la pens�e et la plume. En 2004 voulant faire croire que Mohamed Benchicou n��tait pas poursuivi pour ses �crits et que la plume dans la �dawla� de Bouteflika �tait libre, le pouvoir avait invent� le d�lit inexistant de bons de caisse. Mais alors puisque ce �d�linquant de droit commun� ne g�nait aucunement les haggarine du haut, et qu�il n��tait qu�un d�linquant de droit commun et seulement cela, pourquoi avoir interdit son second ouvrage au Salon du livre ? Parce que le seul nom de Benchicou donne de l�urticaire � Abdelaziz Bouteflika et � Yazid Zerhouni. La hogra, pouss�e par sa seule force et sa stupidit�, ne conna�t que l�impulsivit� et l�affolement parce qu�elle est convaincue que les mots combat, pugnacit�, courage ne peuvent lui tenir t�te. Et c�est ainsi que, d�nu�s de la moindre finesse et discernement, les haggarine ont avou� implicitement en 2007 que leur rage opini�tre �tait bel et bien dirig�e contre l��crivain et le journaliste, contre son �diteur, contre la pens�e, contre la plume (qualifi�e de �balle assassine � par Abdelaziz Bouteflika) contre la libert� d�expression, contre l�intelligence. Et comme la hogra ne s�encombre pas de scrupules lorsqu�elle se retrouve confront�e � des tracasseries juridiques qu�elle cr�e elle-m�me, les explications �videmment ne manquent pas. Telles celles du directeur des stands sur les ondes de la Cha�ne III dimanche 4 novembre, Sa�d Chekiriou, tentant de se d�douaner en rappelant, par quatre fois qu�il �tait l�ami du directeur des Editions Inas� et que l�ouvrage ne figurait pas dans la liste qui lui a �t� remise ! Quand un argumentaire fait r�f�rence � des liens priv�s, cela signifie que l�on n�a rien dans sa besace. Et surtout ce monsieur n�a pas r�pondu � la question pertinente du repr�sentant des Editions Chihab : �S�il s��tait agi d�un livre de cuisine, l�auriez-vous interdit ?� On attend la r�ponse... C�est le moment o� l�on entend l�animatrice dire : �Il vous reste juste une minute pour conclure...� Mais l� o� les haggarine ont rendu service � Mohamed Benchicou et � ses tr�s nombreux lecteurs, c�est qu�en raison pr�cis�ment du manque d�intelligence de ces m�mes haggarine, l�ouvrage a connu un franc succ�s. �videmment, je n�entends pas dire qu�au Salon il n�aurait pas eu le m�me �cho, mais les censeurs ne comprendront jamais que quoi qu�ils fassent, quoi qu�ils d�cident, l�interdit sera toujours brav�. C�est en ce sens que j�ai parl� de support publicitaire. Un �crivain qui d�dicace son ouvrage de 11 heures du matin � dix-neuf heures durant plusieurs jours est un homme respect�, aim� de son public pour sa plume et surtout pour son courage. Contre cela, les haggarine ne peuvent rien. Absolument rien. Dehors, face � la librairie, les policiers �taient post�s contre un arbre... En enfermant Mohamed Benchicou durant deux ann�es, pour un d�lit inexistant, ils croyaient, en fermant arbitrairement le si�ge du Matin, lui confisquer la parole. Ils croyaient que l�opinion, c�est-�-dire ses lecteurs (lectrices), ceux et celles auxquels il offrait les colonnes de son journal � dont j�ai profit� en 1998-1999 juste avant l�investiture de A. Bouteflika � tous ceux qui se reconnaissent en lui et en son combat oublieraient Mohamed Benchicou puisqu�il n��tait qu�un banal �contrevenant � la loi�, et non un penseur. D�ailleurs, en quoi ses �crits les auraient-ils �branl�s, eux les haggarine qui ont la rente, le pouvoir, la matraque et les prisons ? Ils peuvent tout faire comme ils veulent et quand ils le veulent. Les voici aujourd�hui pris � leur propre pi�ge. Mohamed Benchicou est toujours l� et il a m�me �crit en prison, ce qu�ils n�avaient pas pr�vu ces haggarine dont les richesses sont la rente et la matraque. Voil� pourquoi ils d�testent le savoir, l�instruction, la pens�e, l�intelligence, car ils ne riment pas avec leur pouvoir, leur mode de gouvernance, leurs comportements et leur indigence intellectuelle. Voil� pourquoi, �galement, ils ont recours � la censure en 2007 comme s�ils �taient dans l�Alg�rie de leur 25 ans. Aujourd�hui, ils ont 73, 70, 80 ans... D�ailleurs, la guerre men�e contre Mohamed Benchicou est-elle nouvelle ? N�est-ce pas le m�me s�rail, les m�mes comportements politiques qui ont abouti au crime de Abane-Ramdane jug� trop instruit, trop intelligent ? Et que dire des jeunes �tudiants � peine sortis de l�adolescence �purg�s� dans les maquis durant la guerre de Lib�ration parce que instruits, donc dangereux ? Aujourd�hui, dans la �dawla� de Bouteflika, le terroriste n�est pas celui qui se dit fier d�avoir assassin� des militaires et des civils, mais plut�t celui dont la plume refuse de servir un pouvoir agonisant. Une plume qui fait d�sordre dans un monde o� les haggarine t�tanisent les uns, corrompent les autres. Bien entendu, Abdelaziz Bouteflika ou Noureddine-Yazid Zerhouni et le syst�me qu�ils g�n�rent n�auraient certainement pas pu se maintenir jusqu�� ce jour sans leurs nombreux serviteurs. Certes, l�ouvrage de Mohamed Benchicou a �t� interdit au Salon du livre sur instruction de Abdelaziz Bouteflika, mais si ce dernier n�avait pas trouv� d�ex�cuteurs z�l�s pour ce faire, peut-�tre aurait-il eu � assumer seul la responsabilit� de sa d�cision ? Sa ruse (pas son intelligence) aura consist� dans cette affaire � ne laisser au-devant de la sc�ne �ses serviteurs�. Des ex�cuteurs qui savent pourtant que Abdelaziz Bouteflika partira et peut�tre plus t�t qu�ils ne le croient, comme tous ceux qui l�ont pr�c�d�, mais Mohamed Benchicou, lui, continuera � exister, son courage et sa plume aussi. Que lui dironti-ls ? Que lui raconteront-ils ? �Qu�ils ont �t� forc�s de faire ce qu�on leur demandait ?� �Qu�ils l�ont fait pour le pain de leurs enfants ?� Tourneront-ils leur veste au gr� du vent, telles les filles de joie dont Boris Souvarine disait : �Elles ne changent pas de m�tier mais seulement de trottoir� ? Il est vrai que Mohamed Benchicou n�a pas eu droit � la solidarit� des �crivains, auteurs et �diteurs contrairement � la corporation journalistique (hormis Mostefa Benfodil et Hakim La�lam en leur qualit� d��crivains) mais franchement, faut-il s�en �tonner ? Entre les khobzistes et les opportunistes, Abdelaziz Bouteflika, sa fratrie, ses collaborateurs tant au niveau du gouvernement qu�ailleurs, n�ont eu aucune difficult� � domestiquer, apr�s l��lection tronqu�e d�avril 2004, tous ceux qui �taient en qu�te de c�l�brit�, de postes, d�avantages et de faveurs. Celui-ci est turbulent ? Offrez-lui un poste et un v�hicule. Celui-ci a soutenu le candidat � la pr�sidentielle, Ali Benflis, ex-chef du gouvernement ? r�cup�rez-le et offre-lui un poste de d�put� ou de s�nateur. Les haggarine font taire tous ceux qui r�vent de postes et de s�enrichir. La symbolique de cette d�liquescence de l�Etat r�side dans les propos du pr�sident du Syndicat de la magistrature, lorsqu�il a d�clar� r�cemment que les magistrats avaient besoin d�une revalorisation de leurs salaires qui tiendrait compte de leurs responsabilit�s de juges. Jusque-l� rien d�anormal. Mais il ajoute : �Les augmentations de salaire dont ont b�n�fici� les magistrats ne les mettent pas � l�abri des diff�rentes tentatives...� ( Le Soir d�Alg�rie, 6 novembre 2007). Comment un �syndicaliste� peut-il sans �tre choqu� d�clarer que le corps auquel il appartient doit �tre augment� pour �chapper � la corruption, insultant ainsi tous les coll�gues �clabouss�s par quelques brebis galeuses, comme il en existe dans toutes les autres institutions ? Un syndicaliste se bat pour que ceux qu�il repr�sente soient respect�s dans leur dignit�, leur ind�pendance et leur libert� � dans ce cas pr�cis � de juger. Est-ce �tonnant de voir alors Dame Justice r�duite � l��tat de fonction par Abdelaziz Bouteflika ? Cet exemple parmi d�autres montre � l��vidence que les haggarine ne se seraient pas maintenus aussi longtemps, m�me en multipliant leurs abus de droit, s�ils n�avaient pas �t� encourag�s par leurs serviteurs z�l�s, excellents relais de la hogra. Heureusement que celle-ci ne peut rien contre l�intelligence et contre les plumes libres. La preuve : le Salon du livre a totalement �t� �clips� par �l'affaire� de Mohamed Benchicou (le mot affaire a �t� usit� par le directeur du salon). Existe-t-il meilleure publicit� que celle-ci ? Alors Mohamed, mon ami, au diable la solidarit� de celles et ceux dont tu n�as que faire. Les haggarine dans leur stupidit� t�ont permis de renouer avec ton public si nombreux, celui qui te respecte, celui auquel tu permets de croire, d�esp�rer, d�avancer. Alors il n�y a pas eu de Salon du livre � la Safex, l�-bas il y a eu le �salon de la honte�, et c�est � la librairie des �Beaux-Arts�, Mohamed, que s�est tenu le v�ritable Salon du livre avec Les ge�les d�Alger. Bravo Mohamed et merci. Les haggarine ne comprendront jamais qu�ils ne peuvent aucunement nous contraindre � lire ce que nous refusons de lire. Et qu�ils ne peuvent nous interdire de lire les ouvrages qui les d�rangent.