Des amendes et des peines d'emprisonnement avec sursis ont été prononcées contre le directeur et une journaliste de ce quotidien et contre Mahfoud Saâdaoui. Le tribunal d'Alger a rendu, hier, son verdict dans le procès intenté par Abdelkader Chagra et les héritiers Chagra contre le journal Le Matin dans le sillage de l'affaire Saâdaoui, en condamnant le directeur du journal, Mohamed Benchicou, la journaliste Saïda Azzouz ainsi que Mahfoud Saâdaoui à des amendes et à des peines d'emprisonnement avec sursis. Mohamed Benchicou, en détention depuis le 14 juin dernier suite à sa condamnation à deux ans de prison ferme dans l'affaire dite des “bons de caisse”, était entendu, hier, en sa qualité de premier responsable du quotidien Le Matin. C'est à ce titre qu'il a écopé d'une amende de 50 000 dinars. Saïda Azzouz et Mahfoud Saâdaoui ont été condamnés, quant à eux, à 20 000 dinars d'amende et à deux mois de prison avec sursis. Le journal avait publié un entretien dans lequel Mahfoud Saâdaoui, un ancien moudjahid, accusait de torture un cousin de l'actuel ministre de l'Intérieur, et son adjoint Abdelkader Chagra dit Meftah. M. Saâdaoui avait déclaré dans les colonnes du Matin que le nommé Abdelkader Chagra se faisait passer pour un ancien moudjahid. Ces déclarations avaient fait l'objet d'une mise au point adressée au journal par Chagra et publiée le 22 juillet 2003. Mais le jour même, Le Matin faisait état d'un autre témoignage : Mustapha Ghezali, un fidaï de la wilaya IV durant la Révolution, venait en effet de se rendre à la rédaction du journal pour enfoncer le clou contre Chagra Abdelkader-Driss dans un article de la journaliste Saïda Azzouz. Un autre procès contre Le Matin a également connu son épilogue hier par la condamnation du journal à verser un dinar symbolique au Trésor public. Ce procès avait été intenté au journal suite à la publication, le 31 décembre 2003, d'un dossier sous le titre “Pour un front contre Bouteflika”. C'est ce titre que la partie plaignante, le Trésor public, a considéré comme un outrage à l'encontre du chef de l'Etat. Les avocats de la défense ont longuement contesté la plainte en récusant à une institution telle que le Trésor public le droit d'introduire une action en justice pour défendre l'honneur du président de la République. Mais la plainte a été jugée recevable par le tribunal en vertu de la loi qui qualifie le conseil juridique du Trésor à entreprendre toute démarche auprès de la justice pour défendre la dignité ou l'honorabilité d'un fonctionnaire de l'Etat. Le tribunal d'Alger livrera son verdict dans un autre procès encore le 14 décembre prochain. Le Matin est poursuivi, cette fois, pour “diffamation” suite à la publication d'un article signé par son correspondant de Tipasa, qui faisait état de harcèlement sexuel exercé par le directeur d'un établissement scolaire sur des enseignantes. F. L.