Sortis dans la rue pour d�noncer l�organisation d�une �lection locale qui, selon les manifestants, ne d�bouchera sur rien, des centaines de jeunes de la ville de Dellys, qui a subi, rappelons-le, des destructions lors des inondations du d�but de la semaine �coul�e, se sont affront�s durant toute la journ�e de ce jeudi avec les �l�ments de la brigade anti-�meute. En r�alit�, cette r�volte avait commenc� mercredi dans la soir�e apr�s le retour de Mr Dahou Ould Kablia, ministre d�l�gu� charg� des collectivit�s locales aupr�s du ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur, venu s�enqu�rir de la situation de la ville. Mercredi, donc, les manifestants ont obstru� la route � l�aide de pierres et de troncs d�arbre pour protester contre la situation de l�agglom�ration qui patauge dans la boue et qui est toujours sans eau ni gaz de ville. Des centaines de jeunes attaquaient, � notre arriv�e jeudi vers 15 h, � coups de pierres, les policiers qui cernaient le si�ge de l�APC. Ces derniers r�pondaient par des tirs de grenades lacrymog�nes. Il n�y avait aucun d�g�t mat�riel visible, ni aucune destruction caus�s par les �meutiers. Un policier bless� au pied venait d��tre �vacu� par ses coll�gues. Un second a �t� �galement atteint, selon les sources polici�res, par une pierre, sa blessure est toutefois l�g�re. Concernant les arrestations, il y en a eu 7 selon les sources s�curitaires, une vingtaine d�apr�s les �meutiers. La route principale a �t� coup�e et la majorit� des commer�ants de la localit� avaient baiss� rideau. C�est le directeur de la S�ret� de la wilaya qui supervisait en personne les op�rations de maintien de l�ordre. Selon les informations recueillies sur place, vers 10 h du matin les jeunes se sont attaqu�s au centre de vote de l��cole Gaceb situ� au centre-ville d�truisant les urnes de 6 bureaux de vote et les bulletins qui s�y trouvaient. Le vote a �t� suspendu, selon un membre de la liste des ind�pendants jusqu�� 13 h 30, �les autorit�s ont ramen� de nouvelles urnes et les quelques dizaines d��lecteurs qui ont pu �tre joints ont �t� rappel�s pour revoter � nous a affirm� ce dernier. Il semblerait que cette solution avait agr�� les candidats en question qui d�ailleurs ont �t� les gagnants de ce scrutin fort agit�. Par ailleurs, notre passage � jeudi � � l��cole Lounis, servant de centre de vote pour femmes, seuls le personnel requis par l�administration et les repr�sentants des candidats s�y trouvaient. Aucune �lectrice n��tait visible. La cour de l��cole �tait jonch�e de pierres, indiquant que ce centre de 4 bureaux de vote a �t� �galement la cible des �meutiers. Selon la dame qui pr�sidait ces lieux, seules 89 �lectrices sur les 2752 inscrites ont pu accomplir leur devoir civique. Avant notre retour vers Boumerd�s, un d�l�gu� des �meutiers n�gociait la lib�ration des manifestants arr�t�s. Sur les motifs de cette col�re des jeunes de cette cit� qui n�en finit pas de subir la r�gression socio�conomique, nous avons fait une intrusion au sein des �meutiers. L�approche �tait difficile. Certains jeunes �taient m�fiants, voire agressifs, particuli�rement contre la presse qui ne parle, selon eux, de leur ville que lorsqu�il est question de crimes des terroristes. Ce qui n�est malheureusement pas loin de l�am�re r�alit�. Par la suite, le contact a �t� �tabli. Ce qui nous a �t� cri�, par des dizaines de poitrines, n�est nullement de la rancune contre quiconque ni de la col�re destructive, mais seulement de l�indignation et surtout, cela se lisait dans des centaines d�yeux qui nous regardaient et des voix qui d�versaient leur col�re, ces jeunes Alg�riens poussent un cri de d�tresse qui d�coule d�une accumulation de probl�mes, d�une marginalisation observ�e depuis des d�cennies. Et pour cause, la premi�re phrase qui a �t� prononc�e ne laisse subsister aucun doute �nous (la commune) sommes l�objet d�une hogra. Lorsque nous d�pendions du 15 (allusion � la wilaya de Tizi-Ouzou) nous �tions �cout�s, depuis que nous sommes rattach�s au 35 (Boumerd�s) personne ne s�int�resse � nous. Depuis 20 ans rien n�a �t� fait pour nous.� La foule fustige, ensuite le P/APC sortant �il a restitu� 10 milliards de centimes � la wilaya. En 2003, il avait minimis� l�ampleur de la catastrophe alors qu�il y avait plus d�une centaine de morts�. Quelqu�un fait allusion � sa construction faramineuse. La col�re redouble chez ces jeunes. �Nous avons subi le tremblement de terre et maintenant c�est les inondations.� �Ils nous accusent d��tre de connivence avec les terroristes. Ils veulent nous pousser � monter au maquis. Ils veulent faire de nous des terroristes. � �Il n�y a pas une seule unit� qui emploie plus de 5 personnes, le secteur de la p�che est satur�, il n�y a plus de travail, les quelques unit�s existantes ont �t� ferm�es, le ch�mage touche tous les jeunes�. Puis les orateurs reviennent � la charge contre la presse. Etes-vous contre la presse ? Avions-nous questionn� ceux qui nous entouraient. �Non, nous regrettons le peu d�int�r�t de la presse concernant nos probl�mes �. �Lorsqu�il y avait la bombe tout le monde est venu prendre des photos pour nous taxer de terroristes. Puis on ne voit plus de journalistes.� �Durant la p�riode du terrorisme, personne n�osait r�clamer ses droits. Maintenant �le couteau est arriv� jusqu�� l�os�, durant 20 ans rien n�a �t� fait pour nous. Pourtant, nous sommes rest�s silencieux et patients. Maintenant y�en a marre�. Plusieurs fois durant notre pr�sence parmi les jeunes, unanimement, la foule a chant�, en face des policiers qui les bombardaient avec des grenades lacrymog�nes, le fameux chant patriotique �Maoutini� mais avec le rythme �Maoutini l�Italie ! Maoutini l�Italie !� Il serait tr�s int�ressant de savoir ce que pensent les hommes politiques, les partis politiques (le FLN, le FFS, le HMS, le RND) et les autorit�s administratives de la localit� qui ont eu � g�rer ou � participer � la gestion de cette cit� qui a pourtant une histoire plusieurs fois mill�naire, de cette perversion d�un chant glorifiant la patrie. Mais quelle patrie pour ces jeunes en pleine d�tresse ?