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Chronique
EN QUELQUES MOTS, DE-CI, DE-L� Troisi�me mandat, ou la tentative de Abdelaziz Bouteflika de �kidnapper� la visite de Nicolas Sarkozy Par Le�la Aslaoui [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 12 - 2007

Nourreddine-Yazid Zerhouni s��tait dit, on s�en souvient, satisfait du taux de participation aux �lections municipales estim�, selon ses chiffres � lui, � 43%. 43% avait-il ajout� �nonobstant les graves intemp�ries� et les 57% d�abstentionnistes ? �Emp�ch�s de se rendre aux urnes � cause des graves intemp�ries�, a pr�cis� �Monsieur �lections �.
Ainsi tandis que de nombreux Alg�riens pataugeaient dans la gadoue, fuyaient leurs habitations, Zerhouni faisait des pluies diluviennes un argument �lectoral : si des maires ont �t� �lus, c�est gr�ce aux averses et � l�effondrement de ponts. S�ils ont �t� �mal �lus�, c�est � cause du d�luge. Nourreddine-Yazid Zerhouni avec un cynisme in�gal� � et c�est son job � a ainsi rempli sa mission : annoncer que la participation aux locales avait �t� plus importante qu�aux l�gislatives. �Vive la pluie ! Merci la pluie !� nous dit Zerhouni. Inutile de tenter de prouver la fraude �lectorale. Comme d�habitude, les Alg�riens ont eu droit aux chiffres pr�fabriqu�s, au classement des formations politiques d�cid� et concoct� � l�avance : le premier de la classe et le dernier. Nourreddine Zerhouni a m�me accompli le �miracle� de citer un parti qui n�existe pas ou n�existe plus sous l�appellation �Hamas�. Est-ce l� sa premi�re bourde ? Et ce ne sera certainement pas la derni�re. Toujours �gr�ce� au mauvais temps et � la temp�te, le parti de Abdelaziz Belkhadem s�est class� major de promotion, premier en tout. Et il ne pouvait qu��tre premier car qui mieux que lui pour mener campagne pour un troisi�me mandat pour Abdelaziz Bouteflika ? C�est dans ce contexte qu�il faut replacer � du c�t� alg�rien � la visite de Nicolas Sarkozy. Une visite certes programm�e depuis quelques mois, mais qui a �t� pr�c�d�e d�un tohubohu et d�une cacophonie au niveau de l�ex�cutif alg�rien sans pr�c�dent dans les relations alg�ro-fran�aises. Tandis que Mourad Medelci annon�ait solennellement, selon les missions lui ayant �t� assign�es par son pr�sident � partir de la capitale fran�aise, �que la repentance n��tait plus une priorit� pour l�Alg�rie... qu�il fallait d�sormais construire le futur...�. Son coll�gue Ch�rif Abbas a d� certainement se voir confier par son pr�sident � le m�me que celui de M�delci � la t�che de faire une d�claration fracassante destin�e � la consommation interne. Ce serait ang�lique et stupide, en effet, de croire un instant � m�me si je mets cela au conditionnel � que ce ministre, connu pour �tre pond�r� et nullement excit�, se serait exprim� de son propre chef et sans l�aval de son pr�sident. Et c�est pr�cis�ment parce qu�il se croyait soutenu, en osmose totale avec Abdelaziz Bouteflika, que Ch�rif Abbas s�est laiss� aller � ce qu�il convient d�appeler un d�rapage. Oubliant que Nicole Dreyffus, Gis�le Halimi, toutes deux d�origine juive, ont eu � d�fendre de nombreux militants de la cause nationale en leur qualit� d�avocates. Oubliant que Mme Simone Veil, d�origine juive elle aussi, fut tr�s proche tandis qu�elle exer�ait comme magistrate � la direction p�nitentiaire des moudjahidate d�tenues dans les prisons fran�aises. Et c�est encore elle qui n�a eu de cesse de sensibiliser l�opinion fran�aise au plus haut niveau politique contre le courant du �qui-tue-qui ?� durant les ann�es du terrorisme islamiste.
R�sultat des courses : face au toll� g�n�ral � droite comme � gauche d�clench� en France par ces d�clarations, Abdelaziz Bouteflika n�h�site pas une seconde, en politicien rus�, � l�cher Ch�rif Abbas par cette d�claration : �Le pr�sident est seul � conduire la politique �trang�re� et � lui faire endosser l�enti�re responsabilit� du �clash� momentan� franco-alg�rien. Et c�est � Ch�rif Abbas que Abdelaziz Bouteflika fait un enfant dans le dos tandis qu�il l�avait charg� de faire un enfant � Medelci. Machiav�lique, Abdelaziz Bouteflika retombe sur ses pieds, pr�sente ses plates excuses et Nikolas Sarkozy r�pond : �L�incident est clos�. Ch�rif Abbas est absent � l�accueil, � toutes les �tapes de la visite du chef d�Etat fran�ais, comme aux c�r�monies. Bien entendu, le ministre accuse la presse d�avoir d�form� ses propos, tout comme Medelci qui a d�clar� ( Echourouk 4 d�cembre) qu�il n�avait pas dit ce qu�on lui a fait dire, tout comme Nourreddine- Yazid Zerhouni qui a d�clar� que la presse fran�aise avait d�form� les propos de son ami Ch�rif Abbas. La presse �crite faiseuse d�embarras ? Qu�� cela ne tienne ! Elle a l�habitude, elle qui a eu droit � tous les noms d�oiseaux avec Abdelaziz Bouteflika d�s 1999. Evitant les sujets qui f�chent, abdelaziz Bouteflika comme Nicolas Sarkozy ont ax� la visite sur le volet investissements. Et seulement sur cela : 5 milliards d�euros inject�s � de nombreux projets. Pourtant une surprise attendait Nikolas Sarkozy tandis qu�il entamait sa seconde journ�e de visite : Abdelaziz Belkhadem, avec l�appui de l�UNJA, de l�UNPA, de l�UGTA (qui � l�UGTA ? Sidi Sa�d, selon El Mouhakek, hospitalis� pour soins m�dicaux en Suisse) faisait une sortie m�diatique pour appeler Abdelaziz Bouteflika a �tre preneur d�un troisi�me mandat ( Le Soir d�Alg�rie, 6 d�cembre 2007). La campagne �lectorale n�est plus seulement alg�rienne, elle a lieu d�sormais en tentant de prendre � t�moin l�Occident et existe-il meilleure aubaine que la pr�sence de Nicolas Sarkozy en Alg�rie ? Et si les partis politiques ont r�agi, les uns jugeant la chose pr�matur�e, les autres exprimant leur niet cat�gorique, Abdelaziz Bouteflika s�est emmur� dans un mutisme absolu. Et lorsqu�on rappelle que la politique �trang�re est une pr�rogative constitutionnelle du pr�sident de la R�publique, comment peut-on accepter que son chef du gouvernement fasse campagne pour un troisi�me mandat avant m�me que la r�vision constitutionnelle n�ait lieu ? Obnubil� par le pouvoir et l�exercice du pouvoir pour le pouvoir, Abdelaziz Bouteflika fait usage de la Constitution selon les circonstances. Forcer la main au pr�sident fran�ais en sortant l�artillerie habituelle des organisations du FLN ne le d�range nullement. D�tourner et kidnapper la visite de son homologue � son profit en faisant croire qu�il a d�ores et d�j� l�appui de l�Occident est une �ni�me entourloupette de Bouteflika. Belkhadem et consorts n�agissent pas seuls et ils ne font que ce que Abdelaziz Bouteflika leur demande de faire. Et il faut m�me se demander si celui-ci a �t� r�ellement int�ress� par les investissements fran�ais, par la construction d�un avenir �conomique ? Que neni ! Abdelaziz Bouteflika a suffisamment prouv� apr�s huit ann�es de r�gne qu�il n�a cure de l�Alg�rie et des Alg�riens. Son seul souci durant le s�jour de Nicolas Sarkozy fut de montrer � celui-ci que son peuple �m�diocre et sale� l�appelait � rempiler pour un troisi�me mandat. Et le pr�sident fran�ais s�est retrouv� t�moin, malgr� lui, d�une campagne �lectorale alg�ro-alg�rienne pr�matur�e. Le message �tant de dire qu�il n�y avait pas d�autre chef capable de remplacer Abdelaziz Bouteflika. Un Bouteflika sollicit�, demand� et qui ne saurait se soustraire � l�appel du peuple ! Le devoir avant tout ! Or, il se trouve que Abdelaziz Belkhadem, Abdelaziz Bouteflika, sa tribu, ses courtisans et consorts ne sont pas le peuple. Les citoyens ayant d�autres pr�occupations qu�un troisi�me mandat. Bien entendu, comme j�ai d�j� eu l�occasion de l��crire (chronique du 30 novembre/1er d�cembre), il est exclu que nous soyons tent�s de retomber dans les erreurs de 2004 en affirmant que la r�vision constitutionnelle n�aura pas lieu et que A. Bouteflika ne sera pas preneur d�un troisi�me mandat. Je ne dirai pas que la �r�volution orange� aura lieu pour emp�cher un tel malheur � l�Alg�rie. Les Alg�riens ont cru � juste titre qu�en boycottant les �lections le 17 mai 2007, le message serait d�cod� comme il se doit. La r�ponse ne s�est pas fait attendre : le peuple a vot� aux municipales, r�torque le pouvoir, le FLN est premier et il est habilit� � demander un troisi�me mandat. Face � un pouvoir autiste (sans aucune connotation p�jorative de ma part pour ceux qui sont atteints de cette maladie), que faire ? Continuer � subir, � se soumettre sous pr�texte de lassitude ? Le salut viendra de nous-m�mes et de personne d�autre et aucune institution ne se lancera � notre secours pour nous sauver.
� Abdelaziz Bouteflika a-t- il tenu ses engagements, ses promesses �lectorales ? Celles de 1999 et de 2004 ?
� Abdelaziz Bouteflika n�est-il pas celui qui appauvrit les plus pauvres dans une Alg�rie dite opulente ?
� Pourquoi une jeunesse harraga ou candidate au suicide ? Qu�a fait Abdelaziz Bouteflika pour l��cole et la justice ? Qu�at- il fait pour promouvoir les femmes et leurs droits ?
� Abdelaziz Bouteflika n�estil pas celui qui a pardonn� et amnisti� des assassins de la pire esp�ce ? Et lorsqu�on parle de repentance, on devrait pr�alablement l�exiger des �mirs sanguinaires qui jouissent de l�impunit�. Lorsqu�on parle d�histoire, le moindre des actes attendu d�un ministre des Moudjahidine e�t �t� de le voir se tenir aux c�t�s du courageux Benyoucef Melouk, dont le seul �crime� est de vouloir depuis 1992 r�tablir la v�rit�. Et que nous avait dit le m�me ministre lorsqu�il avait annonc� l�existence de 10 000 faux moudjahidine (dix mille) ? �Qu�ils rembourseraient le Tr�sor public� ! L�affront fait aux chouhada, aux vrais combattants (tes) ? Allons Donc ! C�est d�j� oubli�. On n�en parle plus.
� Abdelaziz Bouteflika at- il permis une ouverture politique ? N�est-ce pas lui qui a interdit la cr�ation du Front d�mocratique de M. Sid Ahmed Ghozali, l�UDR de M. Amara Benyoun�s ? N�est-ce pas sous son r�gne qu�on a parl� de petits partis ? N�est-ce pas sous son r�gne que des journalistes ont �t� condamn�s (et ce n�est pas fini), jet�s en prison comme Mohamed Benchicou, pour leurs �crits, leur libert� de dire ?
� Abdelaziz Bouteflika a-t- il lutt� contre la corruption comme il l�avait promis ? Il n�y a jamais eu autant de scandales financiers, dans l�un d�entre eux la fratrie de Bouteflika a �t� cit�e devant le tribunal de Nanterre. (France) Et la liste est encore longue, mais je m�arr�terai l�, car si mes compatriotes laissent faire et se laissent faire, ils n�auront alors que ce qu�ils m�ritent : Abdelaziz Bouteflika.
Mais je suis convaincue que nous m�ritons mieux. Encore faudrait-il que face � l�affolement de Belkhadem, il y ait un front, celui du refus de voir l�Alg�rie sombrer d�finitivement dans les t�n�bres bouteflikiennes. Enfin, quand bien m�me la prudence s�impose il y a lieu cependant d�affirmer que nous ne sommes plus en 2004 en raison d�une nouvelle donn�e : l��tat de sant� de Abdelaziz Bouteflika. Bien entendu, c�est une question �top secret�, mais pr�cis�ment la maladresse qu�il ne fallait pas commettre, c��tait pour le m�me Bouteflika de d�tourner l�attention de Nicolas Sarkozy en focalisant son regard sur un troisi�me mandat. Car, ayant �t� hospitalis� au Val-de-Gr�ce, en novembre 2006, Abdelaziz Bouteflika sait mieux que quiconque que les Fran�ais sont au fait de l��volution de sa maladie. Quant � nous, quand bien m�me nous ne pouvons que nous contenter de ce qui se dit : �malade�, �convalescent�, �gu�ri�, nous avons au moins le droit de constater que l�homme est fatigu�, bien fatigu�, au point de ne pas pouvoir grimper des escaliers, au point d�avoir une voix presque inaudible, au point de marcher p�niblement. 2007 n�est plus 2004 avec ce nouveau param�tre. Et une chose est s�re : Nicolas Sarkozy avait promis d�investir en Alg�rie et de laisser l�Histoire aux historiens. Il est venu, il a sign� tous les contrats et conventions pr�vus, il est reparti, et question investissements, il est bien connu que les politiques travaillent avec n�importe quel chef. Apr�s sa mascarade �lectorale, Poutine n�a-t-il pas �t� f�licit� par la communaut� internationale ? Kasparov est un champion au jeu d��checs, Poutine a la force et le p�trole. Bouteflika ou un autre, quelle importance ? Nicolas Sarkozy voulait surtout que la France revienne en force apr�s les ann�es de terrorisme, le troisi�me mandat n�est pas son souci. D�autant qu�il sait comme nous que les cimeti�res sont remplis de personnes qui se croyaient indispensables ! Abdelaziz Bouteflika devrait s�en souvenir � tout instant, de jour comme de nuit.


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