Les partis de la mouvance islamiste ne se regardent plus en chiens de fa�ence. Non seulement ils se d�couvrent des pr�occupations politiques communes mais aussi et surtout travaillent � les assumer solidairement. Ils ont, depuis quelque temps, r�appris � se retrouver autour d�une table et d�battre sereinement de leur commun devenir. Sofiane A�t Iflis - Alger - (Le Soir) - Ils ne se sont pas encore �rig�s en coalition, mais ils activent � y poser les premiers jalons. Deux week-ends de suite, ils ont travaill� � d�complexer leurs relations, � esquisser les grandes lignes d�un rapprochement qu�ils croient d�sormais possible mais aussi vital pour leur �mancipation. Confin�s jusque-l� dans des r�les de faire-valoir, � des niveaux divers, le Mouvement de la soci�t� pour la paix (MSP), le Mouvement de la r�forme nationale (MRN) et le mouvement Ennahda veulent � pr�sent s�essayer � autre chose. Ils professent leur capacit� � valoriser plus que d�habitude leur action politique, � travers un engagement solidaire. Le parti de Aboudjerra Soltani, qui, de par sa position sur l��chiquier politique national, peut pr�tendre jouer le r�le de force motrice de ce triumvirat en constitution, sugg�re carr�ment l��laboration d�une charte politique � port�e strat�gique. Le MRN et Ennahda, moins robustes, il faut bien le dire, agr�ent � la proposition m�me s�ils lui pr�f�rent plut�t un texte � la teneur politique moins engageante, une sorte de code de l�honneur. Le conseil consultatif du Mouvement de la r�forme nationale, r�uni en session ordinaire jeudi et vendredi derniers, �voque �un dialogue islamo-islamiste� qu�il appelle � renforcer et � promouvoir en coordination. Ennahda �pouse cette logique de rapprochement mais reste en revanche peu loquace sur le sujet. Du moins n�en fait-il pas singuli�rement un vecteur de propagande. En tout cas pas autant que le MSP notamment, dont le pr�sident exploite la moindre tribune offerte pour faire la promotion de ces retrouvailles entre islamistes. Mercredi dernier, alors qu�il dressait le bilan de sa pr�sidence de l�Alliance pr�sidentielle, Aboudjerra Soltani a surpris ses deux partenaires en parlant d�alliance pr�sidentielle islamiste. Cette �vocation aurait pu �tre comprise comme un glissement, une inadvertance de plus de la part du chef islamiste s�il n�avait, au passage, plaid� l��largissement de l�Alliance pr�sidentielle � d�autres partis. Si le secr�taire g�n�ral du Front de lib�ration nationale, Abdelaziz Belkhadem, n�a eu aucun commentaire � ce propos, il n�en a pas �t� de m�me du secr�taire g�n�ral du Rassemblement national d�mocratique. En effet, Ahmed Ouyahia n�a pas manqu� l�opportunit� du point de presse qu�il a anim� deux heures plus tard pour ass�ner indirectement une r�plique � Soltani. L�ex-chef du gouvernement, qui pr�side l�alliance pour les trois mois � venir, a exclu l�association d�autres forces politiques � l�entreprise assum�e exclusivement � trois depuis 2004. La sournoise proposition de Soltani et la r�plique s�che de Ouyahia d�voilent le dessein nourri en arri�re-fond par le MSP, � savoir tracter le MRN et Ennahda vers le haut et leur am�nager une place parmi les courtisans attitr�s du pr�sident Bouteflika. A l��vidence, Ouyahia n�a en rien perdu de sa lucidit�. Il s�y oppose, pendant que Belkhadem, obnubil� par la seule perspective de voir Bouteflika rempiler pour un troisi�me mandat, ne r�pugne pas � l��largissement de l�Alliance pr�sidentielle. Bien au contraire, si cette ouverture devait �largir le cercle des thurif�raires. Mais est-ce � cette unique perspective que travaille Soltani ? Ce n�est pas si s�r que cela. Le chef du MSP pourrait travailler pour un consensus islamiste autour de sa candidature propre, en tant que postulant s�rieux ou en n�gociant un r�le de li�vre islamiste. C�est d�ailleurs pour cela qu�il tarde � clarifier sa position par rapport � la r�vision de la Constitution et relativement au troisi�me mandat pour le pr�sident Bouteflika. Le MRN est paradoxalement sur une h�sitation similaire. Ce n�est que jeudi que son conseil consultatif a d�cid� de mettre sur pied une �commission de r�flexion� autour de la r�vision constitutionnelle.