Les Alg�riens lisent-ils ? Un petit tour dans les librairies de la capitale, histoire de prendre la temp�rature. Litt�rature classique, romans d�amour, livres scientifiques, parascolaires, contes pour enfants, ouvrages sp�cialis�s..., les rayons de nos librairies offrent un joli panel de livres. Il y en a pour tous les go�ts mais pas pour toutes les bourses comme nous le confirme Fad�la, g�rante de la librairie Millefeuilles, un ex-fast-food reconverti dans le commerce d�une autre nourriture, celle de l�esprit : �D�s qu�un ouvrage d�passe les 500 DA, les clients font la moue et h�sitent � l�acheter, faible pouvoir d�achat oblige ! Certains nous demandent m�me de leur mettre de c�t� le livre sur lequel ils ont flash�, payant en plusieurs tranches. En fait, le prix d�pend des �ditions. Par exemple, les romans classiques, en maxi-poche co�tent � peine 250 DA. A l�inverse et toujours � titre d�exemple Frantz Kafka, publi� aux Editions Gallimard, revient � 850 DA�. Et lorsque la tentation est trop grande, les amoureux du livre lisent sur place. �Il arrive qu�un client passe plus d�une demi-heure plong� dans la lecture d�un roman. Aimer les livres et ne pas pouvoir se les offrir est frustrant�, commente Fad�la. Quelle cat�gorie de lecteurs pour quel genre de livres ? �Les femmes et les retrait�s viennent en t�te du peloton�, nous r�v�le notre vis-�-vis. Les jeunes, contre toute attente, sont de fervents lecteurs eux aussi. Ils adorent les romans de Paulo Coelho et d�Amine Malouf. Par ailleurs, la litt�rature alg�rienne occupe une place de choix dans le c�ur des clients. Le dernier roman de Yasmina Khadra s�est �coul� � vitesse grand V. H�las, certains romans classiques alg�riens et qui son tr�s demand�s restent introuvables, car non r��dit�s. Exemple Nedjma, le chef-d��uvre de Kateb Yacine. Autre genre ayant toutes les faveurs des lecteurs : les ouvrages en rapport avec la psychologie. D�ailleurs, le rayon est presque vide. �Les institutions �tatiques nous en ach�tent beaucoup�, pr�cise notre interlocutrice. Et d�ajouter : �Les livres portant sur la sexualit� s��coulent comme des petits pains. On reconna�t � l�avance ce type de clients, g�n�s et bredouillants, ils baisent le ton pour s�enqu�rir des derni�res publications dans ce domaine�. �Quand aux livres dit d�art, ils sont souvent achet�s pour offrir�, pr�cise Fad�la.Sid-Ali, l�autre g�rant de cette librairie, tient � souligner qu'il re�oit de nombreux �tudiants ayant du mal � trouver des ouvrages universitaires. �Beaucoup de livres universitaires publi�s par l�OPU sont en rupture de stock. C�est � l�OPU de les r��diter et de les distribuer puisque le fonds �ditorial leur appartient.� Rencontr�e sur place, une �tudiante en m�decine se plaint de la raret� ainsi que de la chert� des ouvrages. �C�est un v�ritable casse-t�te chinois. Lorsqu�en a enfin la chance de tomber sur le bon livre, notre maigre bourse ne nous permet gu�re de l�acqu�rir !� Autre rayon tr�s visit�, celui des livres pour enfants. Le dernier roman de J. K. Rowling, Harry Potter et les reliques de la mort, s�est arrach� tr�s vite malgr� son prix, 2600 DA, nous apprend Sid-Ali. Idem pour les contes d�enfants, surtout ceux publi�s en fran�ais � cause de la bonne qualit� du papier et des illustrations. Le parascolaire et les annales, surtout en p�riode d�examen, ne sont pas en reste. Et de d�plorer : �La marge b�n�ficiaire �tant insignifiante, les libraires refusent de commercialiser le livre scolaire. Ce dernier est pourtant continuellement r�clam� par les clients. En l�absence d�une v�ritable politique du livre, nous, libraires risquons de mettre la clef sous le paillasson. M�me les importateurs nous tournent le dos refusant de prendre en consid�ration nos commandes qui refl�tent pourtant les vrais coups de c�ur des lecteurs.� Dans cette librairie, m�me si on n�ach�te rien, on peut bouquiner et surtout se tordre de rire � la lecture de coquilles de journalistes, relev�es et inscrites au marqueur sur les murs. petit �chantillon de ce collier de perles d�sopilant : Boris Viande, le rouget noir, Emir Zola, Marseille Pagnol, vice et Versailles, toilettes bibliques, la r�pression nerveuse, extrait de z�le... Signe des temps, de plus en plus de librairies organisent des expositions d�artistes peintres et des ventes- d�dicaces, rapprochant ainsi lecteurs et auteurs. Casser les prix, mettre le livre � la port�e du plus grand nombre est la vocation d�une grande librairie sise � la rue Victor- Hugo. Tout un panel de publications, allant du roman aux livres pour enfants en passant par les ouvrages sp�cialis�s et les magasines (sant�, beaut�, bricolage...) y est disponible. Sur la devanture, une grande pancarte accroche le regard : 50% de r�duction sur tous les livres. All�ch�e, une foule se presse � travers rayons et �tag�res. Deux �tudiantes en informatique ont rep�r� un ouvrage qui semble les int�resser. �Il co�te 1200 DA, la moiti� de son prix dans les autres librairies�, s��crient-elles. Une autre jeune fille jette son d�volu sur la s�rie des Arlequins, romans d�amour � l�eau de rose (100 DA) : �C�est une lecture facile qui m�aide � m��vader de mon quotidien morose et de r�ver, pourquoi pas au prince charmant � confie-t-elle, avec un sourire malicieux. Petit tour dans les rayons. De la litt�rature classique (Corneille, Maupassant, Moli�re, Victor Hugo...): 150 DA ; bande dessin�es : 150 DA, ouvrages sp�cialis�s, entre 500 DA et 1 200 DA ; magazines : 100 DA ; cahiers de vacances (espagnol, anglais...) : 230 DA ; annales (bac, brevet) entre 100 et 250 DA ; dictionnaires encyclop�diques : 1 200 DA... Parmi ces ouvrages, il y a des lots neufs et d�autres plus anciens. �Je les importe moi-m�me, essentiellement de France et de Belgique�, explique le propri�taire. �Il arrive que des particuliers nous en vendent aussi. Les clients y trouvent leur compte car les prix restent � la port�e des petites bourses. Les �tudiants viennent en force. Ils sont continuellement � la recherche d�ouvrages inscrits � leur programme. � Le rayon culinaire a aussi ses adeptes. Et pas seulement les femmes. Des ouvrages sur la cuisine japonaise, grecque, libanaise... se d�clinent sur les rayons titillant nos papilles. �J�aime bien d�couvrir de nouvelles saveurs et mitonner des petits plats exotiques � ma femme�, nous lance Nabil qui vient de jeter son d�volu sur la Cuisine asiatique. Qui a dit que les Alg�riens ne lisaient plus ? �D�s qu�il y a une �mission radio ou t�l� qui pr�sente un nouveau livre, les amoureux de la lecture accourent pour l�acheter�, nous r�v�le un libraire. Quant aux accros de la lecture, ils regrettent une seule chose : la chert� du livre qui le rend inaccessible au plus grand nombre !