La M�diterran�e n�a assur�ment pas fini de �tracasser� l�Europe. Ce �lac de paix� se pr�sente en effet, de plus en plus comme la �patate chaude� pour le Vieux Continent. Et c�est sa rive sud qui pose le plus probl�me. Il y a d�abord, ici, dans cette rive sud, le probl�me de la croissance �conomique trop insuffisante pour apporter des r�ponses durables � un ch�mage end�mique et notamment celui qui frappe les jeunes du Maghreb. On assiste alors � une �migration �ill�gale et clandestine� de plus en plus importante. Les �harragas�, ces jeunes qui tentent au prix de leur vie, l�aventure de l��migration et qui deviennent des boatpeople de plus en plus fr�quents, inqui�tent s�rieusement l�Europe qui y voit des risques et des menaces s�curitaires lourdes de cons�quence, le terrorisme pouvant trouver ici des recrues d�cid�es. � L�Europe a, en second lieu, de grosses inqui�tudes quant � la garantie de son approvisionnement �nerg�tique, gaz et p�trole lui provenant d�Alg�rie, de Libye, d�Egypte. Toute instabilit� dans ces pays hypoth�que cet approvisionnement et portera atteinte aux programmes de croissance �conomique mis en �uvre en Europe. � Enfin, et pour ne citer que ces enjeux, les pays tiers-m�diterran�ens, c�est-�-dire ceux de la rive sud, constituent pour l�Europe, des extensions int�ressantes de ses march�s et des �l�ments cruciaux constitutifs d�une politique r�gionale efficace pour l�Union europ�enne, cette r�gionalisation lui permettant d�amortir les chocs comp�titifs de la mondialisation (qui peuvent provenir tout � la fois des Etats-Unis, du Japon et de plus en plus de la Chine et de l�Inde). Bref, la question du statut de la M�diterran�e, rel�ve, pour l�Europe, d�une pr�occupation strat�gique. Alors il y a eu le processus de Barcelone de 1995 qui se fixait comme objectif de d�velopper entre l�Union europ�enne (aujourd�hui regroupant 27 pays) et la rive sud de la M�diterran�e (regroupant 11 pays) une zone de libre �change, une aire de �prosp�rit� partag�e�, un exemple de cod�veloppement. Entre 2000 et 2006, cette coop�ration eurom�diterran�enne a b�n�fici� de 5,3 milliards d�euros mais les r�sultats sont d�cevants. La s�curit� n�a pas fait de progr�s, la croissance �conomique est toujours atone, les flux migratoires sud-nord sont encore plus denses, les pays de la rive sud trouvent les conditionnalit�s des aides mises en place par les Europ�ens trop contraignantes. En un mot, Barcelone, apr�s plus de dix ans, n�a convaincu ni l�UE ni les pays tiers m�diterran�ens (PTM) et le processus s�effiloche de plus en plus. L�UE a alors pens� une autre d�marche de coop�ration : la politique europ�enne de voisinage (PEV) o� la coop�ration est mieux cibl�e, plus singularis�e aux pays qui acceptent des accords de voisinage. A ce jour, cette nouvelle approche de la coop�ration euro-m�diterran�enne n�a pas encore de consistance suffisante pour permettre d�en tirer quelque bilan. Elle ne semble en tout cas, pas attirer beaucoup de PTM. Et vint Nicolas Sarkozy et son projet d�Union de la M�diterran�e. Faisant le constat que ni le processus de Barcelone, ni la politique de voisinage, n�ont �t� performants et n�ont produit de r�sultats probants, le pr�sident fran�ais, impute ces �checs � l�in�gal int�r�t que portent les membres de l�UE � la M�diterran�e et les d�fis qu�elle v�hicule. Pour Nicolas Sarkozy, ce sont les pays europ�ens de l�arc latin, France, Italie, Espagne, Portugal, Gr�ce, qui sont les plus expos�s aux probl�mes n�s des difficult�s �conomiques, politiques, sociaux, des pays riverains du Sud. L�Allemagne, la Belgique ou encore les pays d�Europe centrale et orientale, n�y ressentant pas la m�me contrainte. L�Union de la M�diterran�e est donc un projet de coop�ration bien plus cibl� et bien plus engag� car mettant en relations de partenariat des vis-�-vis directs, des pays directement concern�s par la M�diterran�e. Les autres pays europ�ens pouvant bien �videmment rejoindre la nouvelle Union m�diterran�enne, en fonction des int�r�ts qu�ils trouveraient � chacun des projets de coop�ration d�cid�s par l�UM. Nous savons � pr�sent comment a �t� re�u le projet d�Union de la M�diterran�e de Nicolas Sarkozy notamment par les principaux pays de l�Union europ�enne. L�Espagne et l�Italie, pourtant directement concern�es, ne disent pas non mais ne disent pas oui � tout le projet non plus. Ces deux pays consid�rent que le processus de Barcelone n�est pas ajourn�, m�me s�il conna�t des difficult�s. Toute nouvelle initiative euro-m�diterran�enne ne peut que s�inscrire dans Barcelone. Et il faut aussi rappeler, insistent ces deux pays, le projet de politique europ�enne de voisinage qui compl�te parfaitement le processus de Barcelone en le corrigeant. Alors une Union de la M�diterran�e s�inscrit de quelle mani�re dans les projets en cours ? Il faut pr�ciser davantage l�id�e de Sarkozy, disent ces deux pays, mais en prenant en compte l�existant. Mais l�opposition la plus nette au projet du pr�sident fran�ais, vient de l�Allemagne d�Angela Merkel. Celle-ci pense que l�initiative de Sarkozy porte en elle tous les risques d�une rupture de l�unit� de l�Europe. L�Union europ�enne court alors le risque d��tre coup�e au moins en deux : les pays latins tourn�s vers la M�diterran�e, l�Allemagne et ses voisins tourn�s vers l�Europe centrale et orientale. Certains m�dias allemands vont m�me plus loin, et accusent le pr�sident fran�ais de chercher � se cr�er une zone d�influence au sud du continent qui puisse faire contre-poids � la �Mitteleuropa� dont l�entr�e dans l�Union europ�enne a davantage profit� � l�Allemagne du point de vue �conomique. Face � toutes ces r�ticences, le projet de Nicolas Sarkozy est pass� de �l�Union de la M�diterran�e� � �l�Union pour la M�diterran�e� pour terminer en �la M�diterran�e de projets�. Ainsi, pour la plupart des membres de l�Union europ�enne, l�Union pour la M�diterran�e ne peut se concevoir que comme une �revitalisation� du processus de Barcelone, pierre angulaire de la coop�ration eurom�diterran�enne depuis 1995. L�id�e fait son chemin de calquer l�Union pour la M�diterran�e sur le �Conseil des Etats de la mer Baltique� qui regroupe les pays riverains de la mer Baltique : Allemagne, Danemark, Estonie, Finlande, Islande, Lituanie, Norv�ge, Pologne, Su�de, sept autres pays y sont observateurs : France, Italie, Pays Bas, Slovaquie, Ukraine, Royaume-Uni et Etats- Unis. Cette Union de la Baltique cr��e en 1992 a �t�, � ses d�buts, un forum de dialogue politique informel entre pays occidentaux et Etats de l�ex-bloc sovi�tique. Puis, cette union a �volu� et des programmes de coop�ration ont �t� lanc�s et un secr�tariat permanent a �t� mis en place. Cette Union de la Baltique a �t� dot�e d�un budget de 1 million d�euros enti�rement financ� par les 11 Etats membres. Les projets de coop�ration re�oivent, eux, de l�argent de diff�rents donateurs y compris l�Union europ�enne et la Banque europ�enne d�investissement. Une approche pragmatique, modeste dont devrait s�inspirer l�initiative du pr�sident fran�ais. Des projets concrets qui int�ressent en premier lieu et directement les pays riverains de la M�diterran�e : la d�pollution de l�eau de mer, le d�veloppement de l��nergie solaire, l�acc�s � l�eau... Et chaque fois qu�un projet int�resse l�un ou l�autre des pays membres de l�Union europ�enne, la possibilit� lui est offerte d�y participer. Ces derni�res �volutions de l�initiative Sarkozy ne sont pas encore closes puisque nous ne connaissons pas encore les avis des pays tiersm�diterran�ens, partenaires sans lesquels il ne peut y avoir d�Union m�diterran�enne.