Le pr�sident Nicolas Sarkozy et son homologue isra�lien, Shimon P�r�s, ont inaugur� ce 13 mars le Salon du livre de Paris que plusieurs pays arabes ont d�cid� de boycotter. Isra�l, en effet, en est l�invit� d�honneur, et ce, � l�occasion du 60e anniversaire de la cr�ation de l�Etat h�breu, anniversaire qualifi� par les Palestiniens de �neqba� (catastrophe) : en 1948, des centaines de milliers de Palestiniens, dont George Habache, devenu un des leaders de la r�sistance palestinienne, Edouard Sa�d, intellectuel qui n�est plus � pr�senter, et leurs familles, ont �t� chass�s de la terre qui les a vus na�tre par les milices isra�liennes. Le moment choisi, une ann�e et demie apr�s la guerre d�agression destructrice du Liban en juillet 2006, un peu plus d�un mois apr�s la terrible punition collective inflig�e � la population de Gaza, a un c�t� de mauvais go�t, voire de provocation � l�endroit d�un peuple � qui est refus� le droit de vivre dans un Etat ind�pendant dans des fronti�res reconnues avec J�rusalem-Est pour capitale. Le Salon du livre de Paris est un �v�nement exceptionnel de port�e mondiale, un espace culturel o� des �crivains de divers pays viennent � la rencontre de leurs lecteurs. Paris, qu�on le veuille ou pas, n�est pas n�importe quelle ville. C�est la capitale de l�art et de la culture. Elle n�a pas d��quivalent dans le monde. Elle est un passage oblig� pour tout artiste, tout �crivain, tout intellectuel. Il n�existe nulle part ailleurs dans le monde un �quivalent de l�Institut du monde arabe. Pour toutes ces raisons, Paris est devenue un lieu culturel et intellectuel incontournable. Les pays arabes, particuli�rement leurs maisons d��dition, ont attendu le dernier moment pour annoncer qu�ils boycottaient le Salon du livre. Pourtant, des intellectuels palestiniens avaient alert� � temps les r�gimes et l�opinion arabe. Mieux, des �crivains et intellectuels isra�liens, � l�instar du grand po�te Aaron Shabta�, ont non seulement trouv� choquant qu�Isra�l en soit l�invit� d�honneur, mais ont refus� d�y participer en raison de la trag�die que vit le peuple palestinien. Qui plus est, l�Union juive fran�aise pour la paix (UJFP) a d�nonc� dans un communiqu� le choix d�Isra�l comme invit� d�honneur, motivant sa d�nonciation par le fait que cet �Etat viole syst�matiquement le droit international, nie les droits du peuple palestinien, multiplie les crimes de guerre�. Certes, d�aucuns estiment qu�en boycottant un tel �v�nement, on laisserait le terrain libre aux partisans de l�occupation isra�lienne des territoires occup�s, qu�il faut y prendre part, d�battre et porter la contradiction aux Isra�liens afin de faire avancer la cause palestinienne. Sans doute. Mais il n�en reste pas moins que quelque part, ils se font les complices d�un tel �v�nement. Les m�dias ne manqueront pas de les pr�senter comme des �Arabes ouverts�, �modernistes�, �civilis�s�, luttant contre l�antis�mitisme ! C�est ce message qui sera retenu et m�diatis�. Leur voix p�sera peu. C�est la triste r�alit�. En revanche, il �tait possible de faire autrement si les intellectuels arabes s�y �taient pris � temps. C�est prendre exemple sur les altermondialistes. A chaque fois que le G-8, le sommet des pays les plus riches de la plan�te, a lieu, les altermondialistes organisent un contre-sommet pour porter la voix des damn�s de la plan�te terre ! Il �tait donc possible d�organiser un contre- Salon du livre rassemblant des �crivains et intellectuels arabes et isra�liens progressistes. Ces derniers, peu connus dans les pays arabes parce que juifs, luttent � contre-courant de l�id�ologie dominante en Isra�l, ne demandent pas mieux de participer parce qu�ils sont partisans d�un Etat palestinien ind�pendant et parce qu�en Isra�l m�me, ils ne cessent de d�noncer les crimes de l�arm�e isra�lienne. Des noms ! Les journalistes et �crivains, Amira Hass, Michel Warschawski, Ilan Pape, le courageux journaliste d� Haaretz, Gideon Levy, Amos Oz, et ce, sans oublier, c�t� fran�ais, Rony Brauman� Alors !