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SID-AHMED GHOZALI AU SOIR D'ALG�RIE
Histoire des nationalisations, politique p�troli�re et bonne gouvernance - 14e partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 03 - 2008

�Je voulais sortir le minist�re des Affaires �trang�res de la pr�dation ext�rieure.�
Entretien r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Mohamed Chafik Mesbah : Il n�y pas si longtemps, une fracture transatlantique �tait �voqu�e pour faire �tat d�int�r�ts strat�giques antagoniques entre les Etats-Unis, d�une part, et, d�autre part, l�Union europ�enne, la France particuli�rement. Cette fracture transatlantique, � supposer qu�elle existe, pr�sente-t-elle une opportunit� � exploiter pour la diplomatie alg�rienne ?
Sid Ahmed Ghozali : La question rel�ve d�un sujet qui n�est pas nouveau, celui du leadership mondial, un sujet qui concerne tous les hommes de la plan�te, qui pose probl�me � tous, mais qui suscite des d�bats qui sont de nature et de niveaux diff�rents, selon que l�on se situe � l�int�rieur des champs nationaux, sur la sc�ne internationale ou � l�int�rieur du petit cercle des puissances qui ont la capacit� �conomique et militaire, soit pour peser sur le leadership, soit pour l�exercer, tout ou en partie. A l�int�rieur des Etats-Unis, les �coles de pens�e partagent la conviction que, si les Etats-Unis sont les plus forts, cela est d� � leur mode de vie dont ils ressentent la sup�riorit� au point de l��lever au rang d�un mod�le � suivre par tous les autres : transposer leur mode de vie dans le monde est donc le moyen de le pr�server, tout en rendant service � l�humanit� et en m�me temps en confortant la supr�matie globale qui justifie et l�gitime le leadership mondial am�ricain. Des nuances entre �coles s�expriment quant � la mani�re dont ce leadership devrait s�exercer. Les uns sont pour une certaine �d�mocratisation� du leadership � travers l�association aux d�cisions des principales forces de la plan�te aptes � l�exercice du pouvoir mondial avec une dose de concertation multilat�rale un peu plus que symbolique au sein des Nations unies notamment. Les autres sont les tenants de la voie autoritaire, du leadership solitaire, celle qui place les int�r�ts des Etats-Unis au-dessus de tout et par tous les moyens, celle qui consiste � dire � la limite qu�il ne sert � rien d�avoir la supr�matie militaire si on ne l�utilise pas. Ce sont les tenants de la voie imp�riale qui ont pr�valu � la fin de la guerre froide, � l�arriv�e de Bush p�re au pouvoir. Rappelez-vous que le chef de l�Administration am�ricaine au lendemain de l�invasion du Kowe�t, c��tait quelque neuf mois apr�s la chute du mur de Berlin, a ax� son discours sur un seul point : �Il n�y a pas de substitut au leadership am�ricain. � D�s la fin de la guerre dans sa premi�re intervention de fin f�vrier 1991 d�clarant la victoire des arm�es am�ricaines, il a ouvert son discours par cette proclamation solennelle : �Aujourd�hui les Etats-Unis sont le seul leader dans le monde.� L�Europe dans sa configuration issue du partage de Yalta en 1945 s�est trouv�e dans sa partie orientale dans la zone d�influence, pour ne pas dire sous la coupe de l�Union sovi�tique. La partie occidentale �tait, elle, dans la zone d�influence des Etats-Unis, partag�e entre l��cole atlantiste qui s�en remettait au leadership am�ricain et l��cole �europ�enne� qui n�avait pas renonc� � son aspiration � faire jouer � l�Europe un r�le autonome dans les affaires mondiales, d��gal � �gal, dans le cadre de l�alliance strat�gique avec les Etats- Unis. De Gaulle a incarn� cette �cole de pens�e, qui est sorti de l�OTAN militaire et a dot� la France de sa propre force de frappe nucl�aire. Le processus de l�unification de l�Europe et la chute du mur de Berlin ont confort� l��cole europ�enne dans un premier temps ; l��largissement pr�cipit� de l�UE, notamment aux pays de l�Europe orientale, a confort� l��cole atlantiste. Ces deux faits majeurs n�ont pas cr�� au sens propre un antagonisme nouveau. Ils ont plus mis � jour, les guerres du Golfe aidant, une probl�matique d�j� ancienne, celle du leadership mondial. Mon point de vue est que la s�curit� de la plan�te, sa stabilit� et sa prosp�rit� ont besoin d�un leadership mondial. Et c�est ce vers quoi on convergera n�cessairement. Mais tant qu�il sera concentr� dans une seule main, il sera le contraire de ce qui justifie sa raison d��tre : il sera un facteur de d�sordre et d�instabilit�. Qui n�est pas pour moi est contre moi�, c�est par ces propos que le chef de l�Administration am�ricaine s�est adress� � tous les autres pays de la plan�te avant de lancer l�invasion de l�Irak, contre les avis majoritaires de l�opinion mondiale et celui de beaucoup de pays amis et m�me alli�s des �tats- Unis d�Am�rique. Tout le monde reconna�t aujourd�hui, y compris aux Etats-Unis, � travers les suites d�sastreuses de l�aventure irakienne, ses cons�quences locales et les menaces que repr�sentent les d�veloppements irakiens, non seulement pour la r�gion environnante, mais aussi pour une grande partie du monde, y compris l�Europe et les Etats- Unis. Cela pour noter que nous restons concern�s, tributaires ou expos�s des suites de d�cisions prises en dehors de nous, sans notre avis et souvent contre notre volont�. Que nous ayons aim� ou ex�cr� l�intervention am�ricaine en Irak, nous ne pouvons pas croire que cela puisse se solder par un d�sastre total pour les Etats-Unis sans que nous en souffrions nous-m�mes, certainement plus que ceux qui ont d�cid� sans nous. Les Europ�ens qui ont refus� de marcher dans l�aventure vont-ils aider les Etats-Unis, leur alli�, � tirer la le�on et corriger leur politique dans l�affaire iranienne par exemple, au lieu de continuer � leur embo�ter le pas comme ils l�ont fait jusqu�� pr�sent dans un vaet- vient entre le cynisme le bellicisme ? Les aider � comprendre qu�il n�y a aucune chance que les choses retournent � l�apaisement en Irak ou ailleurs par la voie de la composition illusoire ou les encourager � la complaisance cynique avec les r�gimes qui oppriment les peuples ? Pour en revenir � l��chelle mondiale, la probl�matique est que depuis la chute de Berlin, c'est-�-dire depuis la fin de l��tat vicieux de l��quilibre par la terreur qui s��tait �tabli au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il n�existe pas encore d�ensemble national ou international suffisamment puissant pour faire contrepoids � l�hyperpuissance, pour assurer un �quilibre vertueux dans le gouvernement du monde. L�Europe est encore en formation, malgr� des ach�vements consid�rables en �conomie...
Qu�en est-il de la rivalit� ancienne entre blocs de l�Est et de l�Ouest ? Est-ce l� un axe de d�ploiement toujours actuel pour la diplomatie alg�rienne ?
C�est un pass� r�volu. Du temps du leadership bipolaire, la plupart des pays du Tiers-Monde avaient bien vu que leurs pr�occupations et leurs int�r�ts n��taient pas au centre de la confrontation id�ologique des deux blocs. Ils choisirent la voie de la neutralit� politique d�ob�dience sinon id�ologique, c�est ce que l�on a appel� le non-alignement. Ils ont contribu� � leur mani�re � la stabilisation de la paix arm�e issue de la guerre froide, tout en renfor�ant leur pouvoir contractuel relatif, dans la d�fense de leurs int�r�ts en sachant tirer un certain parti de la rivalit� entre les deux blocs. L�Alg�rie combattante ne s�est pas tromp�e en adh�rant au mouvement d�entr�e de jeu. On ne met pas ses �ufs dans le m�me panier, dit l�adage populaire : l�Alg�rie ind�pendante s�est aussi employ�e � fonder l�un des piliers de l�ind�pendance �conomique, la diversification des relations ext�rieures, notamment commerciales et �conomiques. En ancien d�partement de la France, elle a h�rit� d�un commerce ext�rieur enti�rement orient� vers la France, d�une �conomie p�troli�re contr�l�e par des soci�t�s de l��tat fran�ais. Elle est all�e chercher la technologie partout o� elle se d�veloppe, des Etats- Unis au Japon en passant par les pays europ�ens et l�Union sovi�tique. La mise en jeu de la comp�tition doit �tre un levier du progr�s aussi bien sur le plan int�rieur que dans nos �changes ext�rieurs. Quinze ans apr�s l�ind�pendance la place de l�ancienne puissance coloniale dans nos �changes commerciaux est pass�e de 100% � 19%. L�Alg�rie y a gagn� et la France aussi puisque gr�ce � l�augmentation de notre capacit� d��changes induite par le d�veloppement, le commerce avec la France est pass� de 500 millions de dollars � plus de 1800 millions de dollars am�ricains. Et pour cause : une bonne affaire � 50% c�est mieux qu�une mauvaise affaire � 100%. Le monde unipolaire qui s�est instaur� depuis quinze ann�es va se prolonger pendant plusieurs d�cennies, le temps n�cessaire pour que l�Europe se mette en mesure d��lever son poids politique au niveau de son poids �conomique, qu�ensuite les pays �mergents (la Russie, la Chine, l�Inde et le Br�sil) parviennent � la masse critique suffisante pour que le leadership mondial devienne plus rassurant, plus apte � garantir la paix et la stabilit� dans le monde. Nous devons donc compter avec une p�riode p�rilleuse de plusieurs d�cennies.
La contribution de notre pays dans cette qu�te d�un monde plus stable passe d�abord par une remise en ordre sur le plan int�rieur, qui aura pour fin de nous rendre moins vuln�rables dans un environnement mondial dangereux. Seul un �difice institutionnel modernis�, qui mette l�int�grit� et le bien-�tre de l�individu au c�ur de toutes ses finalit�s, un �difice indispensable � la bonne gouvernance nous permettra de faire de notre pays un refuge agr�able � ses habitants et respectable aux yeux de l��tranger. Il n�y a pas de bonne diplomatie sans le pr�alable de cette remise en ordre chez nous ; laquelle nous conduira tout de suite vers nos voisins et fr�res imm�diats, � l�ouest, l�est et au sud. Nous avons beaucoup de le�ons � tirer des exp�riences unionistes qui ont avort� et de celles qui ont r�ussi. L�immense chantier lanc� en Europe depuis les ann�es 1950 est � m�me de nous �clairer sur ce qui peut �tre fait avec nos voisins et les emb�ches � �viter. Justement notre espace naturel est d�abord m�diterran�en et notre voisin imm�diat au nord est l�Europe, � commencer par les pays m�diterran�ens de l�Europe qui se trouvent �tre ceux-l� m�mes avec lesquels nous partageons une bonne partie de notre pass� et de notre histoire. Cela ne nous emp�che pas de d�velopper des relations plus dynamiques avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon. Dans le cadre d�une saine comp�tition internationale.
Apr�s votre passage au minist�re alg�rien des Affaires �trang�res, consid�rez-vous avoir �t� plut�t conquis ou d��u par la qualit� du corps diplomatique alg�rien ?
Ni l�un ni l�autre, puisque c�est un secteur dont j�avais fait partie en tant qu�en ambassadeur et avec qui j�avais eu des relations de travail de plus de vingt ann�es. Sur le plan des ressources humaines, le minist�re des Affaires �trang�res n�est pas parti de rien � l�ind�pendance. Il existait d�j� dans le GPRA en exil. La diplomatie alg�rienne n�a pas seulement pr�exist� au jour de l�ind�pendance, elle a fonctionn� en tant que relais strat�gique de l�action arm�e sur la sc�ne internationale. Le large soutien de l�ensemble de la plan�te � la cause de l�ind�pendance doit, certes, beaucoup � la justesse de cette cause. Encore fallait-il la faire conna�tre et la d�fendre sur la sc�ne internationale. Le r�le de la diplomatie alg�rienne en exil a �t� rempli avec efficacit� et souvent avec brio. A la diff�rence donc de la plupart des autres secteurs tels que celui de l��nergie qui a �t� l�objet de notre entretien, le secteur diplomatique �tait d�j� dot� � l�ind�pendance d�un capital substantiel de d�part, en ressources humaines et en exp�rience. La deuxi�me g�n�ration de nos diplomates a beaucoup profit� de la pr�sence de la premi�re g�n�ration et de l�exp�rience des a�n�s. Avec le temps, les mentalit�s ont forc�ment �volu�. Les ressorts purement militants des vocations des anciens ont recul� devant les attraits mat�riels. L��volution a �t� aggrav�e par le mode de gestion administrative : le gap entre les salaires d�un m�me diplomate, selon qu�il est en poste � Alger et ou � l��tranger, est tellement disproportionn� que la recherche de la �sortie� devient obsessionnelle et le �rappel� cauchemardesque. Un ordre de grandeur pour mesurer les enjeux : une affectation de quatre ans � l��tranger peut �quivaloir � quelque chose qui va de vingt � quarante ans de salaires � Alger. Cela se traduit par une d�sertion de fait des directions centrales qui sont cens�es �tre le cerveau du secteur, celui qui fournit le grain � moudre aux postes � l��tranger. Un double affaiblissement, en nombre et en qualit�, qui a pour effet de livrer le chef de poste � lui-m�me, sans directives, ni orientations, ni donn�es de base n�cessaires � une repr�sentation qui soit en symbiose permanente avec la vie du pays et ses besoins. Il faut ajouter � cela les d�rives qui ne sont pas propres au seul minist�re des Affaires �trang�res, qui consistent � nourrir une sorte de m�pris pour la fonction de gestion des moyens humains et mat�riels. Cette vision erron�e a tendance � consid�rer la fonction de diplomate comme la seule fonction noble du secteur, et donc elle rel�gue au rang de parent pauvre la fonction d�administrateur qui est cens� �tre celui-l� m�me qui con�oit et met en �uvre les politiques de recrutement, de formation et de gestion de tous les moyens n�cessaires � une solide constitution d�ensemble du corps diplomatique et � sa bonne marche. Le minist�re ne pouvant que s�appauvrir avec cet �tat d�esprit, j�ai entrepris de r�habiliter la fonction manag�riale par une restructuration qui a consist� � �lever au premier rang, celui de direction g�n�rale, la gestion des ressources humaines et mat�rielles. J�ai cr�� le poste de secr�taire g�n�ral adjoint qui se consacre int�gralement � la supervision, pour le compte du ministre, de la marche administrative du minist�re. Tout en prenant la d�fense de nos diplomates face aux attaques contenues dans les ragots et autres manifestations de jalousie, j�ai fait pression sur les diplomates pour qu�ils cessent de se d�tourner, quitte � faire violence sur eux-m�mes, de la fonction d�administration qui est aussi essentielle � la r�ussite de notre diplomatie que la fonction diplomatique proprement dite.
Je voulais sortir le minist�re des Affaires �trang�res d�une posture conservatrice d�assi�g�s, farouchement agripp�s � des privil�ges mat�riels sans cesse convoit�s par les pr�tendants ��trangers� au minist�re. Sortir le minist�re de la pr�dation ext�rieure. Moins de deux ans apr�s mon d�part des Affaires �trang�res, on a effac� ce qui a �t� mis en place en mati�re de r�habilitation de la fonction de diplomate et la fonction manag�riale, d�informatisation du secteur, de combat contre l�ostracisme envers les diplomates femmes, pour redorer le blason du chef de poste, augmenter la performance, activer la formation. L�indolence au sommet de la hi�rarchie aidant, la bureaucratie scl�ros�e et client�liste a vite fait de se r�approprier le pouvoir.
Au poste de ministre des Affaires �trang�res, vous releviez directement du pr�sident Chadli. Quelle �tait la nature de vos rapports et quel souvenir en conservez-vous ? Parce que le minist�re des Affaires �trang�res �tait sous son autorit� directe, c�est la Constitution qui le veut, j�ai �t� amen� � me trouver tr�s souvent aux c�t�s du pr�sident, chaque fois qu�il recevait des visiteurs �trangers, quand je l�accompagnais � l�ext�rieur du pays, ou quand il me retenait pour des conversations �tendues � des sujets autres que diplomatiques. Nous nous trouvions, dans son bureau � la pr�sidence comme dans l�avion lors des longs p�riples, � converser de politique int�rieure ou d��conomie. Peut-�tre cherchait-il � travers les questions qu�il me posait � combler une sorte de solitude morale qui datait de 1988, ou � proc�der � des recoupements avec ce qui lui �tait dit ou ce qui �tait fait par le parti et le gouvernement. Peut-�tre me sondait-il sur l��volution des affaires du pays pour lever des doutes qui se pr�sentaient � son esprit sur telle ou telle question particuli�re. Il �tait bien au fait des r�serves s�rieuses qui �taient les miennes sur l�opacit� de l�action du gouvernement. Se doutait-il, qu�� travers les questions qu�il me posait, il m�informait indirectement de ce qui lui �tait rapport� ou de ce qui �tait en train de se faire dans les arcanes et cach� � une grande partie du gouvernement ? En d�pit de ce qui apparaissait comme une relation de confiance entre nous, je ne me suis jamais m�pris sur le fait que sa confiance finissait en fin de compte du c�t� des dirigeants du parti et du gouvernement, en d�pit des apparences de doute que certaines de ses questions laissaient supposer. J�ai toujours �t� loyal � son �gard. Je n��tais pas le seul. Ses deux aides imm�diats, Larbi Belkheir et Noureddine Ben-Kortbi, �taient envers lui d�une loyaut� et d�un d�vouement qui sont tr�s rares dans nos structures technopolitiques, en plus du fait qu�ils avaient capitalis� � son service une exp�rience av�r�e dans leurs domaines de comp�tences respectifs. J�en ai �t� le t�moin quotidien. J��tais toujours surpris de pressentir qu�il ne semblait pas mesurer � sa juste hauteur la chance qu�il avait de les avoir � ses c�t�s. Depuis 1979 et avec l�exp�rience, j�ai v�cu des situations o� Chadli Bendjedid n�a pas toujours �t� tr�s heureux dans le choix de la bonne option chaque fois qu�il a eu � discerner entre ses vrais amis et ses vrais ennemis. Je n�ai jamais cherch� � exploiter cette proximit� exceptionnelle avec lui, sauf pour lui r�v�ler les donn�es propres � le d�tromper sur maintes id�es re�ues ou inculqu�es qui �taient faites pour influencer ind�ment son jugement ou pour l�abuser. Dans tous les cas, c��tait en r�ponse � des questions qu�il me posait et sur des sujets �voqu�s de sa seule initiative.
Quel type de questions ?
Par exemple, on lui fait une pr�sentation tronqu�e de la dette suppos�e �avoir �t� l�gu�e par les ann�es 1970�, sur le r��chelonnement, aussi, jamais il ne lui avait �t� expos� la probl�matique correcte. Sauf du temps du gouvernement Kasdi Merbah, mais c��tait au temps o� il �tait moins � l��coute de ce gouvernement qu�� celle d�un groupe autoproclam� �r�formateur� exfiltr� du Plan vers la Pr�sidence d�s 1986. Sur la pr�tendue convertibilit� du dinar alg�rien, le chef du gouvernement avait �garanti� en plein Conseil des ministres que le dinar alg�rien allait �tre dans les deux trois ans comme le deutschmark gr�ce � la loi sur la monnaie et le cr�dit. Quand dans un avion qui nous ramenait d�Addis-Abeba, le pr�sident cherchait � conna�tre ma r�action, je lui dis ce que je ressentais de pareilles assertions devant un chef d�Etat et tous les autres ministres : un manque d��gard. Comme de d�clarer toujours en plein conseil : �Nous avons fait en six mois ce que les gouvernements pr�c�dents n�ont pas fait en quinze ans.� Je ne suis pas s�r que le pr�sident ait beaucoup appr�ci� mon sentiment et m�me qu�il n�ait pas regrett� de m�avoir pos� la question sur ce sujet. Je passe sur les n�gociations voulues secr�tes avec le FMI, les tractations cach�es avec le FIS bas�es sur l�id�e chim�rique que s�il acc�dait au pouvoir, il se �casserait la figure en six mois� � cause de la situation financi�re catastrophique du pays. J��voque au passage la politique des visas d�entr�e aux journalistes �trangers, dont le minist�re des Affaires �trang�res avait la charge mais qui �tait souvent contrari�e par le ministre de l�Int�rieur. Le pr�sident m�a donn� l�occasion dans nos conversations de m�ouvrir � lui et, cherchant � le mettre � l�aise, je lui avais offert ma d�mission. La tenue du sommet de l�OUA en juin 1990, � Addis-Abeba, puis de l�UMA en juillet de 1990 ont retard� la prise d�effet de cette d�mission. La crise du Golfe intervenue quelques jours apr�s f�t passer de facto au second plan les avatars de la politique int�rieure.
M. C. M.


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