C�est une pi�ce de th��tre en cinq actes qui met en sc�ne deux groupes oppos�s. L�un d�fend la polygamie, le second la combat. L�auteur a choisi vingt-cinq personnages pour l�interpr�ter. En fait, ces derniers composent les deux clans. Les uns forts de certains versets du livre saint, tentent de convaincre les autres que cette pratique n�est pas ais�e � appliquer en Islam. Ils cr�ent m�me une association anti-polygamie. Leurs adversaires, eux pour l�analyse, tirent leur fondement du code de la famille en son article 8 chapitre I, o� il est �crit : �Le mariage est permis d��tre contract� avec plus d�une �pouse dans les limites de la charia�. Dans des dialogues clairs, directs et sans ambigu�t�, les d�bats entre th�ologiens, avocats, hauts fonctionnaires, �pouses, haut dignitaire, consultant, consulteur se poursuivent jusqu�� l�acte dernier, pour prouver qu�en fin de compte, la lecture d�un verset coranique ou d�un article du code de la famille, relatif � la polygamie peut �tre interpr�t� au gr� de celui qui contracte plus d�un mariage. Le point nodal de l�article ou du verset ce sont les conditions qui permettent � l��poux de convoler en seconde, troisi�me, ou quatri�me noce, ce sont justement ces conditions qui seront le point de d�part de la r�flexion sur cette pratique, tout en constituant la trame de l�ouvrage. Pour le lecteur, c�est un �clairage que met en relief Nourdine Bennabi, et ce, d�s le premier acte de la pi�ce. Pour ce faire, tout part de l�expression �intention d��quit� tir�e du Coran. Lamia et Ahmed, deux avocats, ouvrent le d�bat sur la question. Ahmed argumente. L�article 8 en question permet � l�homme d�avoir plus d�une �pouse dans les limites de la charia, si le motif est justifi�, les conditions et l�intention d��quit� r�unies. En bon technicien du droit, rien n�est laiss� au hasard. Pour �tayer sa probl�matique, il d�cortique le terme intention, il donne la d�finition qu�il puise du dictionnaire : �L�intention n�est que disposition d�esprit, par laquelle on se propose d�lib�r�ment un but�, �A ce stade de r�flexion, commente-t-il, elle n�est encore que fa�on d�envisager quelque chose. Personne ne peut prouver que l�intention du futur �poux est ou n�est pas d��quit�. Il me demande quel est ce ben�t de mari qui, convolant en justes noces viendrait nous dire que son intention est d�iniquit�. Lamia, comme secou�e par ce r�cit r�pond � son confr�re : �Donc si je te comprends bien, l�article 8 chapitre I du code de la famille est inapplicable. - Pas tout l�article lui r�pond Ahmed, seulement la notion �intention d��quit� et c�est d�sormais cette inapplicabilit� qui rend possible la polygamie. - Tu veux dire, la loi ne pouvant pas prouver que l�intention du futur polygame est d�iniquit�, ce dernier aura le b�n�fice du doute. - H�las, c�est l� o� r�side la faille. Le th�ologien Youssef abonde dans le m�me sens. Lui, en revanche se base sur le saint coran en se r�f�rant � certains versets. Nous en retiendrons deux, qui r�sument bien son point de vue sur la notion d�iniquit�. �Vous ne pouvez jamais �tre �quitables entre vos femmes m�me si vous en �tes soucieux� �ne suivez donc pas les passions afin de ne pas d�vier de la justice.� Y�nus, consulteur, d�duit pour sa part que si la polygamie n�est pas interdite, elle n�est pas non plus encourag�e mais conditionn�e au point d��tre impossible qu�elle se fonde sur la justice et que l�homme quel qu�il soit, except� les proph�tes �ne pourra jamais �tre �quitable entre ses femmes et que Dieu n�aime pas les injustes�. Lamia, dans son analyse de contenu, arrive � la conclusion suivante : �Le code de la famille en son fameux article 8 est incompatible avec le texte sacr� puisque la loi divine exprime l�impossibilit� d��tre polygame�. Quant � ceux qui d�fendent la polygamie comme El Fay�al ce haut dignitaire, il l�explicite comme �tant dans �nos us et coutumes. Elle est une pratique depuis toujours. D�ailleurs, c�est cette p�rennit� et la quantit� num�rique incommensurable des hommes qui font qu�elle soit fort en honneur, immortelle. Pris�e et appr�ci�e de g�n�ration en g�n�ration, jamais elle ne cessera n�en d�plaise aux fossoyeurs de tous bords�. Nourdine Bennabi, par cette mise en sc�ne a su transmettre le message en proposant une relecture des textes. Une r�vision de la r�flexion. Un ouvrage philosophique, sociologique ou th�ologique ne pouvant faire mieux. L�auteur, par ses dialogues � la fois simples et pertinents a pu expliquer le sens que l�Islam a donn� � la polygamie : �Elle existe certes, mais elle est difficile � appliquer�. Nous l�avons �crit tout au d�but de l�article, la pi�ce met en sc�ne deux clans antagonistes sur la notion de la polygamie. L�auteur les comportera jusqu�� la fin de la pi�ce : qui a tort, qui a raison ? qui r�ussira � convaincre l�autre ? Nous n�en dirons pas davantage. Nous avons ouvert le livre, il nous a tenu en haleine jusqu�� la derni�re page. Nourdine Bennabi, en bon p�dagogue a su nous accrocher en se basant sur des exemples nets de la vie dans les dialogues, l�amour, l�hypocrisie, la trahison, l��go�sme o� tout s�enchev�tre. Il apporte au lecteur des explications avec force d�tail, presque math�matiques. Une analyse logique coulant de source. Il lui propose des d�bats contradictoires, constructifs en lui laissant toute libert� d�arriver � ses propres conclusions. Un livre qui ne laisse gu�re le lecteur b�te en le refermant. Une pi�ce qui m�riterait d��tre jou�e sur les planches. N. Y. Nourddine Bennabi est n� en 1945 � B�ni Bouyou, dans la wilaya de B�ja�a. Licenci� en langue fran�aise et ancien normalien, il se consacre � l�enseignement. Il a occup� les postes de professeur de langue fran�aise, de directeur des �tudes, de proviseur et sous-directeur au minist�re de l�Education nationale jusqu�en 2006. Retrait�, il a publi� dans des quotidiens alg�riens de nombreux articles sur la p�dagogie, l�histoire et l�islam.