C�est dans l�arri�re-boutique de la vieille �picerie de la rue du Boulodrome, au c�ur du quartier de Beymouth qu�un embryon d�orchestre cha�bi est en train de se former. Ce n�est pas � cor et � cri qu�on y vient s�astreindre aux r�p�titions du dimanche soir, bien au contraire, la discr�tion est de rigueur car on a cette ambition de monter un groupe musical de cha�bi suppl�mentaire � Mostaganem et ce, gr�ce � des musiciens pour la plupart chevronn�s, avides de perp�tuer le cha�bi et de transmettre le flambeau d�une g�n�ration � l�autre. Ainsi, l�inamovible Ouled Ma�mar Mohamed, le toujours jeune Kadi Khaldi et le maestro Mohamed Hama�dia avec en plus l�irr�sistible Nasreddine Slamani � la derbouka constituent l�ossature du groupe qui compte �galement d�authentiques produits du cru � l�image de Boukharrouba Bensabeur, Rachid Guettafa et autres Dadi Benhaoua. On y vient donc s�abreuver de cha�bi sous la houlette du ma�tre � penser Mohamed Hama�dia. Ce dernier, rappelons-le, professeur de physique au lyc�e Zerrouki de Mostaganem, fait partie de l��lite actuelle d�imp�nitents formateurs de musique savante dans les domaines araboandalou et cha�bi. Il a eu � former sur le banc de plusieurs associations, des centaines de jeunes talents qui, aujourd�hui, s�affichent comme de talentueux solistes et musiciens sur la place de Mostaganem. C�est � l�aide d�un morceau de craie et du tableau que se font et se d�font les m�lodies dans une ambiance de ouettar au th� � la menthe, au fond d�un magasin qui tra�ne derri�re lui toute une histoire. Mohamed Ould Ma�mar, le guitariste du groupe, doit �tre fier de sa petite taverne qui a vu d�filer tant d�artistes depuis au moins ces trente derni�res ann�es... Th��tre et musique tout azimuts ont longtemps �gay� les lieux. Le tenancier de l��picerie, Mohamed Ould Ma�mar musicien mais �galement com�dien de th��tre � une �poque donn�e, avait donc am�nag� un endroit dans son �picerie pour servir d�espace de r�p�tition et permettre � ses pairs d��tre toujours au rendez-vous avec l�effort et le travail continu. Chez Mohamed, o� en plus de l�alimentation g�n�rale, toute la gamme du lait naturel est propos� aux clients (lait de vache, leben, lait caill� et beurre...), il fait bon vivre en r�alit�. Il n�y a sans doute pas meilleure th�rapie quand on se sent mal, stress� et fatigu�, que de tendre l�oreille et s�agglutiner des beaux refrains de notre patrimoine, attendris par les fabuleuses cordes du mandole, de la guitare ou du banjo. Avec un bon tardji, deux autres bonjonistes et autant de violonistes, le tour sera bel et bien jou� et la place du Boulodrome � Baymouth pourra d�ores et d�j� se pr�parer � abriter sur place de sacr�es soir�es des nuits d��t�. Ce sera �galement l�occasion aux tout jeunes sans exp�rience, de s�y rapprocher davantage pour profiter de presser le citron et de se nourrir du jus qui fait tant d�faut. Les membres de cet orchestre, tous amis de M. Ould Ma�mar, ne sont pas tomb�s de la derni�re pluie et sont capables avec les moyens du bord, de former des g�n�rations de musiciens et chanteurs cha�bi. Les ex-compagnons de Ma�zouz Bouadjadj, de Ma�mer Chadli, Habib Bentahar, Kherbab et autres Berrahou et Zeguiche, sont donc bien partis pour de sacr�s challenges synonymes de d�fis � relever et dont l�histoire sera t�moin et prendra acte...