�O� sont-elles pass�es les archives de la glorieuse Arm�e de lib�ration nationale (ALN) et celles de l�ex-minist�re de l�Armement et des Liaisons g�n�rales (MALG) ? Qui maintient le s�questre sur ces documents ? R�pondons d�abord � ces questions avant d�interpeller l�Etat fran�ais ! C�est aussi un patrimoine qui peut servir dans l��criture de notre histoire et, de surcro�t, � la r�habilitation de notre m�moire collective�. Le d�bat suivant l�intervention de Daho Djerbal, samedi dernier au Centre culturel fran�ais de Constantine, avait surtout permis aux pr�sents de dresser un tableau exhaustif des freins qui continuent d�entraver le travail des chercheurs et de les emp�cher de r�tablir les v�rit�s historiques. Aussi, les traumatismes engendr�s par la manipulation dans l��criture de l�histoire ont �t� le point nodal de la conf�rence donn�e par cet historien. Daho Djerbal avait, en effet, qualifi� de �bavardage� les th�ses �dit�es depuis l�Ind�pendance par les universitaires alg�riens qui, selon ses termes, pr�f�rent plut�t se mettre � l�abri des gens du pouvoir, d�appuyer les avis des puissants, qu�aller chercher la v�rit� aupr�s des t�moins et des acteurs encore vivants et dont l�h�ro�sme a marqu� des pans entiers de notre histoire. �Dire la v�rit� dans une soci�t� aussi fragile est assur�ment une catastrophe, mais il faut bien chasser ce dilemme. Dire o� ne pas dire ? Voil� la question ! Ce qui est s�r, in�vitable m�me, c�est que nos enfants vont chercher ailleurs des p�res de substitution. � Jijel, par exemple, 50% des �coles ont �t� br�l�es durant la d�cennie noire par leurs propres �l�ves�, d�plore M. Djerbal, en se posant une autre question, celle de savoir comment se d�barrasser du discours de propagande pour laisser la place au travail de m�moire. Il affirmera dans le m�me contexte que le conflit intercommunautaire qui secoue la vall�e du M�zab n�est pas du tout actuel. � ses yeux, la rivalit� entre les deux tribus antagonistes est tr�s ancienne. �C�est un probl�me ancien qui se r�p�te de mani�re r�currente. Il est le r�sultat de v�rit�s encore enkyst�es dans la m�moire des deux communaut�s, arabophone et mozabite, en d�pit de tout refoulement. Ces traumatismes, qui trouvent des racines dans le pass� lointain, refont surface au moindre choc quels que soient les arrangements r�ussis de temps � autre et ce, � d�faut d�un r�glement d�finitif fond� sur des v�rit�s historiques �, expliquera-t-il. Selon M. Djerbal, la loi du silence continue de peser de tout son poids sur la m�moire collective des Alg�riens, notamment en ce qui concerne la p�riode post-ind�pendantiste. Un �tat de fait qui n�est gu�re rassurant � partir du moment o� les jeunes g�n�rations ne s�arr�teront jamais de r�clamer aupr�s des a�n�s les v�rit�s de leur histoire. �J�ai travaill� de d�cembre 1980 jusqu�en juillet 1986 dans l��criture des m�moires de Abdallah Bentoubal en commen�ant chaque jour de 21h pour terminer vers les coups de 4h du matin. Pour, l�anecdote, si Abdallah est un nocturne. Bref, six ans de mise en parole, d�enregistrement et de transcription et, au bout du compte, ces m�moires ont �t� mises sous s�questre jusqu�� nos jours. Les gestionnaires de la Soci�t� nationale d��dition et de diffusion (Sned) � l��poque ont exig� la condition d�effacer tous les noms parce que le texte touche les int�r�ts de certaines personnalit�s influentes qui �taient alors au pouvoir et invalide leur l�gitimit� �, avancera-t-il. Et d�ajouter que ces m�moires, �crites en deux tomes, contiennent beaucoup de v�rit�s mais le r�cit s�arr�te � juillet 1962. Bentoubal, avant d��tre bloqu� par sa maladie qui l�avait contraint � cesser de parler, est arriv� jusqu�au moment de la prise du pouvoir par l�arm�e des fronti�res. �Il a parl� de l�accueil qui a �t� r�serv� aux soldats de la Wilaya II � Constantine, un accueil on ne peut plus digne des h�ros, sauf que sa maladie l�avait contraint � ne pas expliquer comment ces gens ne se sont pas manifest�s pour les lib�rer apr�s la prise du pouvoir�, dira-t-il. Quant au sort de ces deux tomes de m�moires, Daho Djerbal a indiqu� que c��tait sa famille qui avait pris le dessus. �Pour l�histoire, Si Abdallah a d�clin� toutes les offres de marchandage qu�il avait re�ues pour donner des t�moignages qui allait dans le sens du poil en se donnant, correctement, une immunit� face � tous les privil�ges qui lui ont �t� propos�s. J�esp�re que ces m�moires ne tarderont pas aussi longtemps � voir le jour�, conclura-t-il.