L�Alg�rie doit-elle compter en priorit� sur les investissements directs �trangers pour relancer son �conomie et l'inscrire dans une croissance de longue dur�e ? Doit-elle consacrer le plus clair de son temps � essayer de s�duire par divers moyens des investisseurs �trangers qui ne veulent toujours pas venir surtout l� o� on en a le plus besoin ? Et si tous ces efforts �taient consacr�s aux investisseurs nationaux ? Mais quels sont les facteurs qui attirent les IDE et ces facteurs sont-ils disponibles en Alg�rie ? Tout d�abord une bonne lisibilit� des perspectives �conomiques du pays d�accueil. L'investisseur �tranger a en effet besoin de savoir o� va l��conomie d�accueil pour les 5-10 ann�es � venir � la fois en termes d��quilibres financiers internes et externes ainsi qu�en termes de droit �conomique des affaires. En second lieu, l�investisseur est int�ress� par les pr�visions de croissance �conomique du pays d�accueil et si donc �le march� est porteur� pour reprendre la terminologie des businessmen. Enfin, le niveau des salaires de la main-d��uvre locale et ses niveaux de qualification constituent aussi des crit�res d�investissement. Est-ce que l�Alg�rie satisfait � tous ces crit�res et constitue-t-elle un site attractif ? La lisibilit� �conomique est, ici, de l�avis des entrepreneurs nationaux et �trangers, bien insuffisante pour ne pas dire absente. La non-disponibilit� d�informations �conomiques, l�inexistence d�institutions en charge de pr�vision �conomique et d�analyse de conjoncture rendent l��conomie alg�rienne opaque et difficile � lire. � La croissance �conomique reste � des niveaux modestes malgr� l�injection massive de ressources par l�Etat rendue possible par un march� p�trolier favorable. La productivit� globale des facteurs est faible et la croissance est extensive. Les salaires restent, exprim�s en euros ou en dollars, bien bas et la main-d��uvre qualifi�e existe m�me si elle n�est pas abondante. C�est l� le seul crit�re favorable � l�attractivit�. S�agissant du mouvement des IDE � l��chelle mondiale, la concurrence entre pays d�accueil est forte. Les rapports annuels publi�s par la Cnuced sur les IDE dans le monde montrent tout d�abord que le volume global des IDE est sur un trend baissier. D�une valeur annuelle de quelque 800 milliards de dollars US, depuis 2001, les IDE se dirigent � un taux de 75% d�abord vers les pays d�velopp�s. Le rapport de 2005 r�v�le que les pays d�accueil se concurrencent mutuellement bien �videmment : 71 pays ont assoupli leur l�gislation sur les IDE pour les attirer sur leur territoire, 87 pays ont conclu des accords bilat�raux d�investissement (plus de 3 000 accords bilat�raux sont en vigueur � ce jour). Les pays en d�veloppement re�oivent annuellement quelque 250 milliards de dollars (depuis 2001). La Chine est le premier b�n�ficiaire suivie du Mexique. L�Alg�rie est le continent qui re�oit le moins d�IDE et les principaux pays d�accueil du continent sont l�Afrique du Sud, l�Egypte, la Tunisie et le Maroc. Ces deux derni�res ann�es l�Alg�rie appara�t sur le Top 5 africain gr�ce aux investisseurs des pays arabes dont les ressources s�orientent principalement en direction de l�immobilier, du tourisme et des banques. Le reste des IDE en Alg�rie concernent le secteur des hydrocarbures. Le rapport de la Cnuced constate que les IDE �sont devenus pour les pays en d�veloppement leurs principales sources de financement face � une aide publique internationale stagnante et des pr�ts bancaires �trangers de plus en plus faibles�. Ces quelques �l�ments d�information fournis par la Cnuced montrent bien que trop miser sur les IDE pour faire de la croissance dans un pays comme l�Alg�rie serait prendre �l�ombre pour la proie�. Avec une faible lisibilit� �conomique, une performance de croissance insuffisante, un climat des affaires d�favorable, l'Alg�rie ne doit pas attendre �le salut des IDE�. Nos d�cideurs �conomiques seraient bien inspir�s d�axer leurs efforts sur la facilitation des op�rations de r�alisation des milliers de projets nationaux de PME/PMI qui attendent d��tre concr�tis�s sur le terrain. Imaginons un instant que la mobilisation de l�ex�cutif soit tourn�e vers les investisseurs nationaux qui ont, � n�en pas douter, aussi bien les capitaux que les comp�tences : 5 000 projets pourraient voir le jour chaque ann�e pour peu que le gouvernement en fasse �un plan imp�ratif � ex�cuter� et mobilise pour cela tous les moyens n�cessaires (les administrations, les walis, les banques, les domaines, les douanes...) Bref, une sorte de plan Orsec de la PME/PMI. Et il ne s�agit pas l� d�une chim�re ni d�un r�ve irr�alisable... D�autre part, nous savons que les op�rations de partenariat avec les entrepreneurs �trangers se r�alisent tellement mieux entre hommes d�affaires qu�avec des fonctionnaires. Bouteflika devrait donc faire le pari des investisseurs nationaux plut�t que celui des investisseurs �trangers qui eux-m�mes attendent d�abord l�engagement des promoteurs alg�riens. Pour terminer sur une route de perspective r�elle qui s�offre � notre pays dans ce domaine, rappelons tout simplement qu�en France se cr�ent chaque ann�e 170 000 PME. Les chiffres pour l�Italie et l�Espagne sont encore plus �lev�s.