�Il faudrait pour le bonheur des �tats que les philosophes fussent Rois et que les Rois fussent philosophes� Platon �La R�publique� Vall, l�homme de la transition d�mocratique mauritanienne 2�me partie et fin �Dans les pays d�mocratiques ou en voie de d�mocratisation, l�intervention de l�arm�e, quand le sort de la patrie est en jeu, doit �tre obligatoirement assujettie ou, � tout le moins, concert�e avec les dirigeants l�gitimes du pays.� (Entretien avec le Pr�sident Ely Ould Mohamed Vall men� par Mohamed Chafik Mesbah) Bio-Express du pr�sident Ely Ould Mohamed Vall Originaire de la r�gion de l�Inchiri, le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall est n� en 1953 dans les environs de Nouakchott, au cours de l�un des nombreux d�placements de sa famille, � la faveur de l�indispensable transhumance que la famille effectuait pour les besoins de son �levage camelin. C�est en 1960 que sa famille s��tablit � Nouakchott alors que son p�re g�rait encore un commerce au S�n�gal. Cette ann�e marque, justement, de mani�re ind�l�bile le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall puisqu�il passe, sans transition, de la vie nomade � la vie citadine, illustr�e, notamment, par son entr�e � l��cole au moment o� la Mauritanie acc�de � la souverainet� internationale. Il effectue un cycle scolaire primaire normal qui le conduit au coll�ge en 1965-1966. La m�me ann�e, il participe � un concours d�entr�e aux �coles militaires fran�aises organis� par l��tat-major � Nouakchott, avec pour ambition de rejoindre les grandes �coles telles que Saint-Cyr, Ponts et Chauss�es, Navale et Polytechnique. Le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall, qui entre � l��cole militaire de Mans l�ann�e scolaire 1966-1967, est r�orient� vers l��cole militaire d�Aixen- Provence puis celle d�Autin, o� il obtient son baccalaur�at en 1973. La rupture des accords de coop�ration entre la Mauritanie et la France qui intervient la m�me ann�e lui ferme toute perspective d�acc�der aux grandes �coles fran�aises. Il est dirig�, alors, vers l�Acad�mie royale de Mekn�s, au Maroc, pour suivre une formation d�officier. A l�issue de cette formation, il int�gre l�Arm�e mauritanienne avec le grade de souslieutenant. Tandis que la guerre du Sahara bat son plein, il est mut� � Bir Oumgrein, puis, successivement, � A�n Bentili, Atar, Ouadane, Zouerate, Fd�rick, Inal et la Gou�ra qui �taient autant de points n�vralgiques, aux premi�res loges sur le front de la guerre. Il se fait distinguer par son courage, sa discipline et son sens de la responsabilit� et se voit, rapidement, promu � de hautes fonctions de commandement. Il est d�sign�, tour � tour, commandant de Bataillon motoris� sur le front, commandant du Quartier g�n�ral de l�Etat-major national � Nouakchott, commandant-adjoint de la 2e R�gion militaire (Tiris Zemmour), commandant de la 7e R�gion militaire (Trarza) puis de la 60 R�gion militaire (Nouakchott)et, enfin, directeur g�n�ral de la S�ret� nationale toujours en qualit� d�officier d�active, et avec le grade de capitaine. Il convient de souligner que dans les diff�rentes r�gions militaires qu�il a command�es, il pr�sidait de facto la Commission r�gionale des structures d��ducation des masses et �tait, donc, la premi�re personnalit� militaire et politique dans son territoire de commandement. Tout le long de sa carri�re militaire, le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall est amen� � prendre une part active aux interventions successives de l�Arm�e nationale pour r�soudre les crises majeures auxquelles le pays �tait confront�. En 1978, commandant de Bataillon motoris�, il participe � la d�marche qui mit fin � la guerre du Sahara. En 1984, commandant de la 6e R�gion militaire, il joue un r�le de premier plan au sein du Comit� militaire de Salut national. De 1985 � 2005, directeur g�n�ral de la S�ret� nationale, il joue un r�le d�terminant dans la gestion des grandes crises que traverse le pays et parvient � neutraliser les tentatives de coup d�Etat infructueuses qui se succ�dent. En 2005, face � l�impasse politique o� se trouve la Mauritanie, le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall d�cide, avec un certain nombre d�officiers constitu�s en Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie, d�initier le changement qui devait conduire la Mauritanie sur la voie de la d�mocratie et de l�alternance. Le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall conduit, avec ma�trise, la p�riode de transition d�lib�r�ment dont il r�duit m�me la dur�e. Il engage d�importantes r�formes, notamment l�amendement de la Constitution pour limiter le nombre des mandats pr�sidentiels et garantir ainsi l�alternance pacifique au pouvoir. Il m�ne d�autres actions importantes comme la r�forme de la justice, la lutte contre la corruption, le r�tablissement des �quilibres macro�conomiques et la mise en �uvre de projets �conomiques structurants. Toutes ces r�formes qui ont permis de r�tablir la confiance avec les partenaires au d�veloppement ont permis l�annulation de la dette multilat�rale de la Mauritanie. Apr�s l��lection pr�sidentielle qui se d�roule dans une transparence parfaite, attest�e par les observateurs nationaux et �trangers et � laquelle il refuse d�lib�r�ment de prendre part, le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall prend ses distances avec la politique et se consacre � ses activit�s dans le cadre des fondations dont il est membre. Il s�agit de la Fondation arabe pour la d�mocratie que pr�side l��pouse de l��mir du Qatar o� il c�toie d��minentes personnalit�s � l�image de l�ancien secr�taire g�n�ral des Nations-Unies, l�ancien pr�sident soudanais, les anciens Premiers ministres de la Culture et de la Science. Il s�agit aussi de la Yasser Arafat Foundation et de la Fondation Jacques Chirac qui compte de grands noms tels Abdou Diouf, Kofi Annan et l�ancien Premier ministre canadien Jean Chr�tien. Le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall est, �galement, membre du comit� d�honneur de l�Institut de prospective �conomique du monde m�diterran�en (Ipemed) aux c�t�s de Felipe Gonzalez, Joschka Fischer, Hubert V�drine, Alain Jupp� et Mouloud Hamrouche. Le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall consacre l�essentiel de son temps � participer aux nombreux s�minaires et colloques internationaux organis�s en Afrique et en Europe et o� il est invit� pour donner des conf�rences. De m�me, il est sollicit� par des organisations internationales telles que l�Organisation internationale pour la francophonie (OIF) pour des missions de m�diation. Le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall a fait l�objet de plusieurs distinctions nationales et internationales. Il est mari� et p�re de huit enfants. Mohamed Chafik Mesbah :Venons-en � ce que vous appelez le �changement� du 3 ao�t 2005. Comment expliquez-vous que seules de tr�s rares �tudes de fond aient �t� consacr�es � l�exp�rience de transition d�mocratique en Mauritanie malgr� son caract�re reconnu exemplaire ? Est-ce un d�faut de communication des Mauritaniens ou un signe de n�gligence de l��tranger pour une Mauritanie auparavant r�put�e sans poids strat�gique ? Pr�sident Ely Ould Mohamed Vall :Je ne partage pas l�hypoth�se de cette �valuation. Il me semble que cette exp�rience a fait l�objet d�une s�rie d�ouvrages, d�articles, de reportages, de rapports et d��tudes universitaires sans compter sa forte pr�sence dans les th�mes de plusieurs forums nationaux et internationaux. La communaut� internationale a manifest� un grand int�r�t pour cette exp�rience d�mocratique. De m�me, je ne partage pas votre appr�ciation sur la r�putation de la Mauritanie. Je pense plut�t pr�cis�ment l�inverse, � savoir que ce pays pr�sente un poids strat�gique tr�s cons�quent en raison notamment de sa position g�ographique, du r�le qu�il n�a cess� de jouer � travers l�histoire, de son aura et de son influence culturelle qui ont transcend� son environnement imm�diat, mais �galement au vu de sa diversit�, de ses potentialit�s, de ses ressources et de son appartenance � de nombreuses sph�res. Quelles sont, selon vous, les principales le�ons � retenir de l�exp�rience de transition d�mocratique en Mauritanie ? Je crois que la principale le�on � tirer de la transition d�mocratique en Mauritanie est le fait que les peuples arabes et africains sont parfaitement capables de vivre une d�mocratie apais�e, dans la coh�sion et la concorde, et au sein d�un monde moderne. La propension de certaines �lites, ici et l�, � ressasser que ces peuples n�ont pas encore la maturit� n�cessaire pour vivre dans un syst�me v�ritablement d�mocratique ne repose, � l��vidence, sur aucun fondement scientifique. Ces peuples n�ont pas besoin de faire le cheminement entier des d�mocraties occidentales pour parfaire leur propre syst�me. Faisant preuve de pragmatisme, ils peuvent tout autant, et sans contradiction avec leurs propres id�aux, faire �l��conomie de l�histoire� et prendre le train � la station o� il se trouve. Revenons sur le r�le de l�institution militaire. Les membres du Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie, c�est-�-dire les artisans militaires du renversement du pr�sident Ould Taya, semblent s��tre content�s, tout le long de cette transition, d�accomplir une mission d��engineering� politique sans se substituer � ce fut le cas pour les coups d�Etat militaires pr�c�dents � aux acteurs r�els sur le terrain. C��tait, cette fois-ci, une d�marche d�lib�r�e de votre part ? Le CMJD a con�u une d�marche politique qui consistait � rem�dier aux causes qui ont toujours �t� invoqu�es pour l�gitimer les coups d�Etat dans notre pays. Par cons�quent, il a pens� et �labor� un nouveau syst�me qui fonde les bases permettant au pays de se stabiliser politiquement, de se g�rer sereinement ; en un mot, d�asseoir les fondements d�un Etat et des institutions capables de r�sorber ses probl�mes par une gestion politique ma�tris�e et non par la violence. Une fois ce syst�me politique soumis � une concertation nationale incluant partis politiques, soci�t� civile, syndicats et personnalit�s ressources, il ne restait plus que la mise en �uvre des instruments de ce processus. Cette mise en �uvre a �t� supervis�e par le CMJD et le gouvernement de transition. Il s�agit d�une d�marche parfaitement d�lib�r�e dont la vocation essentielle est de l�gitimer le pouvoir issu de ce processus de mani�re � lui permettre de fonctionner dans des conditions de r�elle d�mocratie et d�institutionnaliser l�alternance pacifique au pouvoir dans la constitutionnalit� et dans la l�galit�. Apr�s tout, la mission des arm�es nationales, lorsque leur implication est requise, consiste, en quelque sorte, non plus � se substituer au peuple mais � lui restituer le droit � la parole. L�une des clefs de la r�ussite de la transition d�mocratique en Mauritanie semble tenir � l�adh�sion spontan�e du peuple mauritanien qui s�est investi dans la d�marche engag�e par le CMJD. Avec le recul, vous estimez que l�exp�rience aurait pu r�ussir sans cette adh�sion populaire ? Non. Il est impossible de conduire � terme convenablement un processus politique sans la concertation et le consensus g�n�ral. Un tel projet implique invariablement l�adh�sion de l�ensemble du peuple. Pour ce qui est du processus engag� � la faveur du changement du 3 ao�t, l�adh�sion dont il a b�n�fici� a �t� � la mesure du ressentiment populaire et de la demande citoyenne de changement. Ce capital de soutien et d�engagement de toutes les franges sociales a �t� indispensable pour la r�ussite de cette exp�rience qui est l��uvre du peuple mauritanien dans son ensemble. L�un des obstacles majeurs rencontr�s par le Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie semble avoir �t� la fatuit� de la classe politique mauritanienne. Une classe politique d�contenanc�e � l�id�e que des militaires la contraignent � s�impliquer dans la vie politique, autrement que par les slogans. Comment �tes-vous parvenu � �redonner � une classe politique amorphe les ressorts de l�action volontaire� ? Je ne crois pas que la classe mauritanienne soit amorphe. Nous avons une �lite politique plurielle et dynamique qui compte des cadres de haut niveau ; une �lite qui, � chaque fois que l�occasion lui est donn�e, participe par le d�bat et ne manque pas de formuler son analyse de la situation, son projet pour la soci�t� et sa vision de l�avenir. Si cette classe politique a �t� d�sempar�e � un certain moment, c�est qu�elle s��tait retrouv�e dans une impasse politique, entrav�e par un syst�me dans lequel les opportunit�s de participation �taient limit�es. Acquise par essence � un changement qu�elle a longuement esp�r�, cette �lite n�attendait, il me semble, qu�un cadre favorable pour s�investir dans le champ politique. La dynamique constante de concertation, d��changes et de participation, tout au long de la transition, a servi pr�cis�ment de catalyseur qui a mobilis� tous les segments de la classe politique mauritanienne. La Mauritanie, aussi modeste soit son statut, n�en �volue pas moins dans un environnement international. Celui-ci a �t�, vous l�avez rappel�, d�abord hostile au CMJD avant de finir par adouber l�exp�rience initi�e. Comment �tes-vous parvenu � renverser, ainsi, le rapport de force international ? Il est tout � fait normal qu�une partie de la communaut� internationale exprime sa r�ticence, voire sa contrari�t� face � un changement qu�elle n�avait pas initi� et peut-�tre pas pr�vu. Mais quand des explications convaincantes sur la nature du changement, ses raisons et objectifs, lui ont �t� apport�es, gr�ce notamment aux missions que nous avons d�p�ch�es � cet effet, quand aussi cette m�me communaut� internationale a pu mesurer l��lan de soutien populaire r�el dont b�n�ficiait ce changement et lorsqu�elle s�est rendu compte de la force des engagements pris par le CMJD et de la volont� r�elle de les respecter, la communaut� internationale ne pouvait simplement plus ignorer la volont� de tout un peuple. En ce qu�elle �mane d�une volont� strictement nationale et de forces, socialement, enracin�es dans le pays, la transition d�mocratique mauritanienne peut-elle, d�s lors, constituer, � votre avis, un mod�le de substitution au projet am�ricain de d�mocratisation forc�e des r�gimes arabes ? Sur ce point, nous Mauritaniens avons toujours �t� clairs. Nous nous sommes refus�s � �riger la transition mauritanienne en un mod�le international. Nous avons �galement rechign� � donner des le�ons aux autres. Nous consid�rons que la transition a apport� des solutions mauritaniennes � des probl�mes mauritaniens. Chaque pays a ses sp�cificit�s, ses probl�mes et sa propre r�alit�. Nous avons insist� sur le r�le circonscrit du Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie qui s�est limit� � accomplir une mission de r�gulation politique. Il dispose, n�anmoins, � son actif, d�un bilan appr�ciable jalonn� d�actions majeures destin�es � rendre irr�versible l�av�nement du syst�me d�mocratique. A l��vidence, votre pr�occupation principale consistait � passer, au plus t�t, le relais � des instances civiles l�gitimes, en vous assurant, cependant, qu�elles pourraient gouverner dans la dur�e� Nous avons effectivement pris les dispositions n�cessaires pour rendre irr�versible la dynamique de d�mocratisation du pays. C�est dans ce cadre que des amendements constitutionnels limitant le mandat du pr�sident � cinq ans et le rendant renouvelable une seule fois, ont �t� adopt�s. Des verrouillages constitutionnels suppl�mentaires ont �t� apport�s, de telle sorte que les dispositions relatives au mandat ne peuvent pas �tre r�vis�es. Un cadre juridique et institutionnel du scrutin a �t� d�fini pour l�organisation d��lections libres et transparentes. A ce titre, une commission �lectorale nationale ind�pendante a �t� institu�e, de m�me qu�une Haute Autorit� pour la presse et l�audiovisuel destin�e � assurer un acc�s �quitable aux m�dias publics de tous les candidats et un Conseil constitutionnel pour la validation des candidats et la proclamation d�finitive des r�sultats. Toutes ces instances ont �t� mises sur pied en concertation et avec l�aval de l�ensemble des acteurs politiques. L�administration territoriale en charge de pr�parer et d�organiser les �lections a �t� instruite pour observer la neutralit� la plus absolue. Enfin, des observateurs internationaux issus d�organisations internationales, d�observatoires de la d�mocratie, de parlements de nombreux pays et d��minentes personnalit�s ont pu assister en toute libert� aux op�rations �lectorales � travers le pays. En tant que militaire, nourrissez-vous un complexe � ce que l�institution militaire intervienne dans la vie politique lorsque le sort de la patrie est en jeu ? Quelle est votre vision du r�le de l�institution militaire dans les pays en voie de d�mocratisation ? A l��vidence, un pays ne saurait �tre consid�r� d�mocratique que si les hommes politiques de ce pays ont la capacit� de r�soudre par la politique les probl�mes politiques et si les instances de ce pays ont toute la l�gitimit� d�mocratique requise. Si de telles conditions sont totalement ou m�me partiellement r�unies, il est certain que toute intrusion de l�arm�e dans les probl�mes politiques est inopportune, parce que de nature � ramener vers un syst�me non d�mocratique. Dans le cas pr�cit�, le devoir de l�arm�e est de fortifier le r�gime d�mocratique en place, m�me faible, par sa suj�tion au pouvoir politique, par sa d�fense des institutions r�publicaines et par la confortation de leur r�le en tant qu�instruments au service de la d�mocratie. Ainsi donc, dans les pays d�mocratiques ou en voie de d�mocratisation, l�intervention de l�arm�e quand le sort de la patrie est en jeu doit �tre obligatoirement assujettie ou, � tout le moins, concert�e avec les dirigeants l�gitimes du pays. Que signifie l�esprit de d�fense � vos yeux ? Un tel discernement est li� n�cessairement � la mission traditionnelle des forces arm�es et de s�curit� dont le r�le dans un pays d�mocratique est de d�fendre leur pays contre tout p�ril ext�rieur ou int�rieur. Dans un pays d�mocratique, cette action de d�fense doit se faire dans le cadre de la loi et non en marge de la l�galit�, ce qui suppose que les objectifs, les m�thodes et les buts de cette d�fense doivent �tre d�finis en concertation avec les dirigeants l�gitimes et ex�cut�s conform�ment aux lois et r�glements du pays. L�esprit de d�fense, c'est aussi l'esprit de communion qui doit pr�valoir dans les rapports de l'arm�e et des organes de s�curit� avec la population. Nous venons d��voquer votre souci d�ancrage durable du syst�me d�mocratique en Mauritanie. Sur le plan institutionnel mais aussi au plan de l�ouverture du champ politique et m�diatique, quelles dispositions suppl�mentaires avez-vous prises en ce sens ? Sur ce plan, de nombreuses dispositions ont �t� prises. Je citerai par exemple l�organisation de journ�es de concertation (NDLR : tenues du 25 au 29 octobre 2005 � Nouakchott en pr�sence de quelque cinq cents personnalit�s de la soci�t� civile) avec tous les acteurs politiques, les nombreux contacts avec les partis, les syndicats, les ONG, l�adoption de textes qui abolissent toute forme de censure des m�dias qui rel�vent d�sormais du minist�re de la Justice et non plus du minist�re de l�Int�rieur. A cela il faudrait ajouter notamment la cr�ation de la Haute Autorit� pour la presse et de l�audiovisuel assortie de l��laboration de nombreux textes consacrant la lib�ralisation du secteur de la communication. Le souci de r�tablir, sans exclusion, la matrice identitaire de la Mauritanie a constitu� un axe essentiel de la d�marche du Comit� militaire pour la justice et le d�veloppement. Qu�il s�agisse de l�interdiction de l�esclavage ou de la r�habilitation de la population noire, vous avez fait preuve, incontestablement, de courage. Etait-ce par conviction ou par calcul politique ? Nous n�avons jamais rien fait par calcul politique. Notre souci permanent est de voir se construire un Etat dans lequel tous ses citoyens se reconnaissent et o� la citoyennet� est la base des rapports des individus avec l�Etat. Il �tait inconcevable de tenter de cr�er un Etat d�mocratique pendant qu�il puisse encore subsister des injustices criantes � l��gard d�un seul citoyen de cet Etat. Marquons une halte sur le caract�re tribal accentu� de la soci�t� mauritanienne � propos duquel la position du Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie semble manquer de clart�. Votre objectif c��tait de mettre un terme � cette influence pr�pond�rante de la logique tribale dans le fonctionnement de l�Etat ou, simplement, d�assurer un meilleur �quilibre ? La Mauritanie, � l�instar des autres pays arabes et africains, est une soci�t� o� l�existence d�entit�s tribales est une r�alit� que personne ne peut nier. Mais ces entit�s tribales ont vu leur influence diminuer progressivement depuis l�ind�pendance � nos jours. Pour autant, je remarque aussi que cette influence n�existe que dans les domaines o� l�Etat fait encore d�faut. Cette influence continuera tant qu�il existe un domaine dans lequel elles peuvent avoir une pr�sence politique, �conomique et sociale en raison de l�absence de l�Etat. L�extinction de ces structures traditionnelles ne peut et ne pourra se d�cr�ter par des textes administratifs ou de loi. Seule l��dification d�un Etat fort et � m�me d�intervenir dans tous les domaines, peut d�finitivement faire dispara�tre leur influence. C�est pourquoi nous nous sommes attel�s avant tout � cr�er cet Etat-l�. Quelles sont les actions majeures � retenir du bilan �conomique et social du Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie ? Je vous en ai cit� plusieurs d�j�. Il serait fastidieux d��noncer ici tout le registre des r�alisations �conomiques et sociales. Je mettrai peut-�tre simplement l�accent sur le fait que c�est la syst�matisation de la bonne gestion des affaires publiques qui a favoris� un cadre de confiance avec des op�rateurs �conomiques nationaux et internationaux de m�me qu�elle a contribu� � normaliser puis � renforcer nos relations avec nos partenaires au d�veloppement. C�est � la faveur de ce nouveau climat de confiance et de transparence que notre pays a pu b�n�ficier de l�annulation de sa dette multilat�rale. Toujours sans �tre exhaustif, je citerai l�am�lioration du taux de croissance, la ma�trise de l�inflation et la croissance du produit int�rieur brut. Cela a �t� rendu possible gr�ce � la politique �conomique et mon�taire mise en place � la faveur des r�formes introduites notamment au niveau mon�taire et au niveau des finances publiques. C�est ainsi que toutes les restrictions courantes en mati�re de change ont �t� lev�es, conf�rant une flexibilit� et favorisant une allocation optimale des ressources en devises. Les r�formes dans le domaine des finances publiques ont permis la g�n�ralisation du transfert du pouvoir d�ordonnancement avec la mise en place de contr�leurs financiers minist�riels, la modernisation de la cha�ne de la d�pense publique gr�ce � l�introduction d�un progiciel dit Rachad, la cr�ation d�un r�seau des receveurs des administrations financi�res, la mise en place d�un identifiant fiscal unique et le renforcement du contr�le de la valeur en douane. Dans le cadre de ces m�mes r�formes, les objectifs la Banque centrale de Mauritanie ont �t� recentr�s en vue d�un meilleur maintien de la stabilit� des prix tout en garantissant l�ind�pendance politique, administrative et financi�re � cette institution. Toutes ces r�formes ont viser notamment � initier une tendance vers l�acc�l�ration de la croissance et le maintien de la stabilit� macro�conomique, l�ancrage de la croissance dans la sph�re �conomique des franges les plus d�munies, le d�veloppement des ressources humaines et l�expansion des services de base ainsi que l�am�lioration de la gouvernance et le renforcement des capacit�s dans les diff�rents secteurs �conomiques et sociaux. La bonne performance des recettes � l��poque avait permis de r�sorber sensiblement l�endettement du Tr�sor public vis-�-vis de la Banque centrale et des banques primaires. Des projets structurants dans le domaine des routes, de l�hydraulique, de l��nergie, de la sant� et de l�enseignement ont �t� r�alis�s dans diff�rentes r�gions du pays. Dans le domaine social, la priorit� a port� sur les programmes de lutte contre la pauvret�, la malnutrition, le ch�mage et l�analphab�tisme. Un accent particulier a �t� mis sur la g�n�ralisation des services de base et la garantie d�une meilleure proximit� de ces services. La solidarit�, qui devrait profiter aux plus d�munis, semble avoir �t� une pr�occupation absente pour le r�gime d�chu. En est-il all�, autrement, durant la transition d�mocratique ? La p�riode de transition � en plus des chantiers structurants � a mis l�accent sur la dimension sociale afin de r�duire les in�galit�s et d�am�liorer les conditions de vie des citoyens. C�est dans ce cadre que de nombreux projets de lutte contre la pauvret� ont �t� r�alis�s, que les salaires ont connu une augmentation de cent pour cent et que les allocations diverses, notamment pour les retrait�s, ont enregistr� des augmentations substantielles. De m�me, une attention particuli�re a �t� accord�e � la protection de l�enfance et des personnes handicap�es. Sur le registre de l�assurance maladie, il y a lieu de noter que pour la premi�re fois une Caisse nationale d�assurance maladie �tait devenue op�rationnelle. La dimension sociale a �t� pr�sente et m�me pr�pond�rante dans les projets conduits durant la transition parce que nous estimons que l�homme est l�acteur et la finalit� de toute action de d�veloppement. Bien que nouvel et modeste acteur p�trolier, la Mauritanie semble avoir initi� une politique intelligente et courageuse jusqu�� cr�er un pr�c�dent dans ce domaine� Notre pr�occupation majeure a �t� d��viter que notre pays se transforme en Etat rentier, tributaire d�une ressource al�atoire et non renouvelable. C�est pourquoi nous avons cr�� un compte de revenus p�troliers assujetti � des proc�dures et � des m�canismes rigoureux qui en assurent la transparence et la tra�abilit�. Ce fonds est destin� � r�pondre � des besoins de d�veloppement dans l�imm�diat mais il constitue �galement une r�serve pour les g�n�rations � venir. Un comit� de surveillance de la gestion de ce fonds a �t� mis sur pied et des acteurs de la soci�t� civile en font partie. Nous estimons que nous n�avons pas le droit de priver les g�n�rations futures des ressources de leur pays. Par ailleurs, notre pays a adh�r� � l'initiative de transparence dans la gestion des industries extractives. Toutes ces mesures ont �t� d�cid�es afin d�assurer la plus grande limpidit� dans la gestion des ressources p�troli�res nationales et de garantir la tra�abilit� de toutes les op�rations y aff�rentes. Le Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie avait-il conscience de l��tat de d�gradation gravissime qui frappait l�urbanisme et les infrastructures de la capitale, Nouakchott ? Certains observateurs consid�rent que cet �tat de d�gradation est l�illustration parfaite de la trahison de l��lite politique mauritanienne qui n�a cure des conditions de vie de son peuple. Partagez-vous ce jugement ? Par rapport � cette question, et dans un contexte o�, contrairement aux autres capitales maghr�bines, le colon n�avait laiss� absolument aucune infrastructure, il importe de rappeler que la ville de Nouakchott avait �t� con�ue et planifi�e pour abriter vingt mille habitants aux horizons de l�an 2000. Malheureusement, la s�cheresse qui a frapp� notre pays de 1969 � 1983 a modifi� toutes les pr�visions. C�est ainsi que, d�une population de quatre-vingt pour cent de nomades nous sommes pass�s � une population de quatre-vingt pour cent de citadins, en un si court laps de temps. Cet exode rural s�est op�r� essentiellement vers la capitale entra�nant un d�veloppement des bidonvilles. Compte tenu de l�intensit� et de la rapidit� de ce ph�nom�ne, les gestionnaires de la ville n�ont pu planifier l��volution de la cit� que par des r�gularisations des espaces occup�s anarchiquement. Il faut encore pr�ciser que face � un ph�nom�ne d�une telle ampleur et aux besoins multiformes que cette situation requerrait, l�Etat, � tout le moins, �tait assez d�sarm�. Conscient de cet historique, et pour pallier cette d�gradation continue, le gouvernement de transition avait con�u un nouveau plan d�urbanisme pour la ville de Nouakchott qui pr�voyait notamment la construction d�un nouveau centre-ville moderne et l'am�lioration des infrastructures existantes. Le Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie a-t-il �t� confront� au ph�nom�ne de l�islamisme radical ? Votre qualit� d�ancien directeur g�n�ral de la S�ret� nationale ne vous a-t-elle pas emprisonn� dans une vision, excusez le mot, �polici�re� du ph�nom�ne jusqu�� occulter ses fondements d�ordre politique et social ? Au moment de son accession au pouvoir, le Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie �tait, en effet, particuli�rement interpell� par cette question parce que plus de soixante personnes catalogu�es islamistes �taient dans les prisons mauritaniennes. D�autres citoyens mauritaniens se trouvaient dans les prisons pour des raisons politiques. L�imp�ratif de r�conciliation du pays avec lui-m�me n�cessitait la participation de tous les citoyens au processus d�mocratique en cours et, partant, l�ouverture d�une nouvelle page sur la base de la promotion des libert�s publiques. Il �tait donc imp�ratif d�examiner attentivement les dossiers de ces personnes catalogu�es comme �tant islamistes et de confier leurs dossiers � des magistrats comp�tents de mani�re � ne pas faire l�amalgame entre les cas � caract�re terroriste et ceux de nature politique. Le r�sultat avait �t� que sur ces soixante pr�venus, moins d�une quinzaine avaient un dossier s�rieusement �toff�. Ceux-l� furent traduits devant la justice. Tous les autres, c�est-�-dire plus d�une quarantaine, ont �t� �largis. Mais cela reste, tout de m�me, un traitement administratif� Absolument pas. Qu�appelez-vous traitement administratif ou s�curitaire ? A ce stade-l�, ce sont des juges qui ont statu� sur le dossier et ils l�ont fait en toute libert� et en toute ind�pendance. Pour autant, le ph�nom�ne du terrorisme qui touche la Mauritanie comme ses voisins et m�me, au-del�, toute la communaut� internationale interpelle, sans conteste, notre pays. Il a touch� notre pays avant la transition, pendant la transition et il est en passe de le toucher plus gravement apr�s la transition. Dans la perception de ce ph�nom�ne aussi bien que dans son traitement, il convient d��viter deux erreurs : la premi�re consiste � croire que l�on peut s�en d�fendre uniquement par le s�curitaire et la seconde consiste � croire que cela n�arrive qu�aux autres. Autrement, les causes profondes de ce ph�nom�ne sont diverses ; la pauvret�, l�ignorance et l�injustice figurent parmi ces causes mais l�internationalisation des probl�mes de s�curit� tout autant. Evidemment, pour faire face � ce ph�nom�ne, il est indispensable, parall�lement au traitement s�curitaire, d�engager des politiques �conomiques et sociales audacieuses, seules � m�me de tarir les sources de recrutement au profit du terrorisme. Nonobstant toutes les politiques susceptibles d��tre engag�es et qu�il faut engager, il ne faut pas perdre de vue, cependant, que c�est la capacit� d�un Etat � d�fendre son pays et son peuple contre toutes les d�rives que vous �voquez qui reste d�terminante. Il est inconcevable, par ailleurs, compte tenu du caract�re international que rev�t, d�sormais, ce ph�nom�ne, qu�un pays puisse se soustraire � une riposte appropri�e de l�Etat laquelle doit s�appuyer sur la n�cessaire coop�ration sp�cialis�e, bilat�rale, r�gionale et internationale� Au demeurant, la soci�t� mauritanienne est profond�ment, existentiellement devrait-on dire, musulmane. Il n�y a nul besoin de lui imposer par la force ce qui constitue d�j� sa nature. Quel est le mod�le de d�veloppement qui vous semble le plus adapt� aux r�alit�s mauritaniennes ? Le mod�le socialiste orthodoxe, le mod�le capitaliste classique ou le mod�le social d�mocrate ? J�estime que cette classification des mod�les est quelque peu obsol�te ou en tout cas tr�s th�orique. Aujourd�hui, les mod�les politiques et �conomiques connaissent une certaine uniformisation du fait de la mondialisation. Je pense que le meilleur mod�le pour une soci�t� est incontestablement celui qui est conforme � ses valeurs, qui lui assure l�harmonie, la coh�sion, la stabilit�, le progr�s et la prosp�rit�. Il reste ind�niable, cependant, que le mod�le le plus proche des r�alit�s mauritaniennes est le mod�le social-d�mocrate parce qu�il garantit la libert� d�entreprise tout en permettant une pr�sence r�gulatrice n�cessaire de l�Etat. Il est donc pr�f�rable de r�pondre de mani�re pragmatique aux d�fis qui interpellent la Mauritanie en restant enracin� dans la matrice identitaire du pays tout en conciliant efficacit� �conomique et justice sociale. A la charni�re de plusieurs mondes, notamment le monde arabe et l�Afrique, la Mauritanie peut aspirer � un r�le diplomatique. Comment le d�cririez-vous ? La position g�ographique de la Mauritanie, son riche ancrage culturel et son appartenance � diverses sph�res sont, je le notais, autant d�atouts pour qu�elle soit un vecteur d��changes et de dialogue. Il est l�gitime, d�s lors, que notre pays veuille bien renouer avec le r�le multis�culaire qui a toujours �t� le sien. Berceau de vieilles civilisations, carrefour de rencontres et de brassages des hommes et des cultures, terre de dialogue, la Mauritanie a toujours jou� un r�le de premier ordre � cet �gard. Son influence culturelle s�est �tendue au long des si�cles au-del� de ses fronti�res. Au nord comme au sud, son apport reste vivace, d�autant plus qu�un pays peut disposer d�un poids diplomatique plus important que son potentiel �conomique. Ce capital inentam� et l�appartenance de la Mauritanie � de nombreuses sph�res culturelles, politiques et �conomiques, la pr�disposent � jouer un r�le diplomatique de premier plan au service du rapprochement des peuples et des cultures et de l�ancrage de la paix et de la concorde dans le monde. A cet �gard, l��quipe du CMJD avait pris acte des imp�ratifs de la mondialisation et sa vision �tait que le r�le diplomatique de la Mauritanie consiste aussi � concilier les int�r�ts vitaux du pays et les imp�ratifs sus-�voqu�s. Le conflit du Sahara occidental continue de peser de tout son poids sur les relations entre l�Etat du Maghreb. Quelle analyse faites-vous de ce conflit et quelles perspectives de d�nouement lui pr�voyez-vous ? Ce conflit n�a que trop dur�. Il entrave le d�veloppement et l�int�gration de cette r�gion. Je pense que la solution consensuelle demeure la meilleure approche pour le r�soudre d�finitivement. Il y va de l�int�r�t des parties en conflit et de celui de toute notre r�gion. L�unit� maghr�bine, est-ce une chim�re ? Sinon, quelle d�marche adopter pour y parvenir ? L�Union du Maghreb arabe est loin d��tre une chim�re. L�irr�alisation temporaire d�un id�al n�entame pas la valeur de celui-ci. C�est, dans ce cas, une aspiration l�gitime des peuples de la r�gion. C�est aussi un imp�ratif dans le monde actuel qui est marqu� par l�apparition de grands ensembles. Il est vrai que cette organisation conna�t des probl�mes chroniques, mais elle a fait des progr�s. Ces structures fonctionnent tant bien que mal et je demeure optimiste quant � son avenir. L�Union europ�enne a mis une cinquantaine d�ann�es pour voir le jour depuis la cr�ation de l�Union des producteurs de l�acier. C�est donc un long chemin ; il nous suffit de pers�v�rer. L�espace vital de la Mauritanie se rattache, n�cessairement, � l�ensemble eurom�diterran�en. Quelle est votre vision de la coop�ration euro-m�diterran�enne, ses objectifs et ses modalit�s organisationnelles ? Avec les pays de la M�diterran�e, nous avons en partage le voisinage, l�histoire et bien entendu les int�r�ts strat�giques. Aujourd�hui, les pays de la M�diterran�e doivent coop�rer pour faire face aux questions de d�veloppement, d��changes �conomiques, d�immigration et de terrorisme. Le dialogue euro-m�diterran�en a �volu� vers un partenariat qui porte sur des programmes et des actions concr�tes. Aujourd�hui, il est question de cr�er une Union de la M�diterran�e. J�estime qu�une telle union est incontournable pour les bassins nord et sud de la M�diterran�e, pour autant que nous voulons r�ellement nous orienter vers des cadres appropri�s pour la r�solution d�un certain nombre de probl�mes politiques, �conomiques et s�curitaires. La Mauritanie participe au dialogue m�diterran�en qui consacre la pr�sence de l�OTAN au Maghreb et en M�diterran�e. Par rapport aux grandes puissances et aux partenaires �trangers majeurs, quelle pourrait �tre la d�marche de la Mauritanie ? La mondialisation a �t� accompagn�e par le d�veloppement de la criminalit� transnationale, le d�veloppement des r�seaux internationaux de drogue, l�intensification de l�immigration clandestine, le terrorisme, la piraterie en haute mer et de nombreux autres probl�mes s�curitaires. Ces ph�nom�nes qui d�passent largement le cadre national ne peuvent trouver des solutions efficaces que dans le cadre d�une coop�ration internationale. L�OTAN pr�sente justement un tel cadre adapt� pour ce type de coop�ration. La Mauritanie doit s�inscrire dans cette approche de coop�ration internationale avec l�OTAN. Etes-vous satisfait de l�image que l�opinion publique nationale et internationale retient de l�action du Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie et de votre r�le personnel � sa t�te ? Avec le recul, je pense que le peuple mauritanien a exprim� au Comit� militaire pour la justice et la d�mocratie les marques infinies d�estime et de consid�ration tout au long de la p�riode de transition, t�moignant ainsi de son adh�sion sinc�re au changement qu�il attendait. Tout le peuple mauritanien, �lite politique, cadres, soci�t� civile, citoyens ont communi� ensemble et port� haut l�ambition de vivre une nouvelle exp�rience. Notre peuple a eu l�insigne honneur d�avoir �t� aur�ol� par l�opinion internationale pour avoir su conduire � terme, dans la transparence et la s�r�nit�, un processus d�mocratique concert�. C�est l� une source l�gitime de satisfaction et de fiert� pour notre pays. Il y a eu, il est vrai, certaines tentatives limit�es ou essais infructueux d��corner cette image, particuli�rement sur le plan national et pour des raisons de calculs politiciens. En tout �tat de cause, nous avons la certitude que plus nous avan�ons dans le temps, plus cette p�riode s�imposera comme celle d�une exp�rience qui a �t� d�un grand apport � notre pays. De nombreux observateurs consid�rent que votre retrait de la vie politique est, sinon, virtuel, du moins provisoire. Vous seriez, en r�alit�, en position d�attente car vous constituez un recours incontournable en cas de d�rapage dans le fonctionnement du syst�me d�mocratique en Mauritanie. Cette pr�sentation des choses vous indispose-t-elle ? Ce que je peux vous dire c�est que je serai toujours � la disposition de mon pays et pr�t � le servir, sans calcul ni pr�m�ditation. Pr�f�rez-vous constituer, seulement, un mod�le de leader aim� par son peuple, un mythe � encourager pour entretenir l�imaginaire populaire ? J�aimerais �tre ce que je suis, un simple citoyen qui n�a jamais eu pour souci que d��tre utile pour son pays de quelque mani�re que ce soit et quelle que soit la position qu�il occupe. A quoi consacre son temps, actuellement, le pr�sident Ely Ould Mohamed Vall ? Au-del� d�une activit� internationale � laquelle je prends part de temps en temps, des invitations � des colloques internationaux et des missions de m�diation pour le compte de certains organismes, je consacre essentiellement le reste de mon temps � la famille, � la lecture et � quelques voyages � l�int�rieur du pays. Vous �tes un lecteur assidu, affirment vos proches. Quelles sont vos lectures pr�f�r�es ? Mes pr�f�rences vont aux ouvrages d�histoire, de litt�rature et de politique. Comme homme d�Etat et comme figure historique, quelle est votre source d�inspiration ? L�histoire et la culture de mon pays pour l�essentiel et les biographies des hommes d�Etat. Puisque cet entretien est destin�, en premier lieu, aux lecteurs alg�riens, quels sont les sentiments que nourrit le pr�sident Ould Mohamed Vall pour l�Alg�rie, ses dirigeants, son �lite et son peuple ? L�Histoire de la lutte du peuple alg�rien pour son ind�pendance est une �pop�e extraordinaire qui a marqu� les esprits de tous les Arabes et de tous les Africains. Elle a �t� une source d�inspiration pour de nombreux mouvements de lib�ration � travers le monde. J�ai �galement beaucoup d�admiration et de consid�ration pour l��lite de ce pays. Ses efforts visant la construction d�une nouvelle Alg�rie sont dignes d�estime. L�Alg�rie est une grande nation. C�est une chance pour ce pays fr�re et au-del� pour l�UMA et pour l�Afrique. Je souhaite sinc�rement que le peuple alg�rien pers�v�re dans cette voie de construction, dans la paix et la concorde sociale.