Occupants seules le terrain pendant des ann�es, au moment m�me o� l�Etat a d�sert� la soci�t� se cachant derri�re la situation s�curitaire, les associations alg�riennes sont aujourd�hui assaillies par les institutions officielles, les emp�chant de travailler normalement, jusqu�� leur couper les vivres en les obligeant presque � �tre � leur merci. Rosa Mansouri- Alger- (Le Soir)- C�est le cas de l�association d�alphab�tisation Iqraa qui subit depuis quelque temps de fortes pressions de la part de l�Office national d�alphab�tisation qui exerce une manipulation sans pr�c�dent sur les enseignants encadreurs de l�association et sur les �l�ves analphab�tes afin de les d�tourner au profit de ses centres. Quoique l�objectif est le m�me, alphab�tiser le maximum de personnes sur les 6,4 millions d�analphab�tes que compte l�Alg�rie, l�Office national d�alphab�tisation, qui va � contre courant des recommandations de sa tutelle, le minist�re de l�Education en l�occurrence, veut �carter le mouvement associatif et faire cavalier seul dans cette op�ration dont l�enjeu est capital. Invit�e hier au forum El Moudjahid, la pr�sidente de Iqraa, Mme A�cha Barki, n�a pas trouv� les mots qu�il faut pour qualifier l�harc�lement exerc� par les bureaux locaux de l�Office sur le personnel de l�association. �Ils sont all�s jusqu�� proposer des omras et un p�lerinage aux Lieux-Saints pour convaincre les enseignants et les �l�ves de les rejoindre�, d�nonce-t-elle. �C�est un comportement inadmissible. Nous n�acceptons pas le marchandage et nous refusons de nous mettre sous la coupe de l�Office�, affirme-t-elle, ajoutant que la seule chose que son association ne peut pas refuser est l�aide p�dagogique et financi�re, en dehors de toute autre consid�ration. Il est � noter que le gouvernement, dans le cadre de sa strat�gie de lutte contre l�analphab�tisme, a consacr� une enveloppe de 180 milliards de dinars et que les associations devaient b�n�ficier d�un financement. �Dor�navant, le budget ne sera plus centralis�. Chaque association aura sa part selon ses besoins�, avait d�clar� en f�vrier 2008 le ministre de l�Education nationale. Toutefois, la r�alit� est autre. Mme Barki craint que la prochaine rentr�e soit compromise en raison des difficult�s financi�res de l�association. �Notre rentr�e scolaire risque d��tre compromise�, dit-elle, appelant les pouvoirs publics � agir vite et � permettre aux 130 000 analphab�tes inscrits dans ses registres de b�n�ficier d�une scolarit� plus ou moins normale, sachant qu�un probl�me d�abandon du cursus d�alphab�tisation commence � se poser pour les inscrits. En effet, si des probl�mes d�indisponibilit� de classes ou de manque de manuels surgit en d�but d�ann�e scolaire, les �l�ves analphab�tes, dont un nombre important de femmes au foyer, seront d�motiv�s et rebrousseront chemin avant m�me de prendre go�t � cette nouvelle exp�rience cens�e �tre un vecteur de leur �mancipation et int�gration sociale et �conomique. Mme Barki estime que l�enjeu est s�rieux et que la diminution � raison de 50 % du taux d�analphab�tisme d�ici � 2012 demande une mobilisation de tous les acteurs de la soci�t�, sans exception ni discrimination, surtout lorsqu�on r�alise que sur 7 millions d�analphab�tes en 1998, on comptait en 2005, 6,4 millions, soit une baisse de 700 000. Alors comment relever le d�fi d�ici � 2012, en �cartant d�j� les acteurs qui sont sur le terrain ? Pour l�ann�e scolaire 2007/2008, l�association Iqra� a inscrit 98 629 personnes, avec au total 4 162 classes et 4 754 enseignants. L�association rend hommage toutefois au minist�re de l�Education nationale qui est intervenu aupr�s de la Fonction publique pour accepter les enseignants qui ont le niveau 3e AS. �Il faut �tre raisonnable et logique. Ces enseignants travaillent avec nous depuis des ann�es et il n�est pas possible d�exiger le niveau universitaire pour l�alphab�tisation, sachant que les licenci�s ont des ambitions plus importantes�, explique-t-elle. En plus de l�action de lire et d��crire, Iqra� a d�autres objectifs, dont celui d�inculquer la culture de la citoyennet� et de faire conna�tre � ses ��l�ves� le code de la famille. L�occasion lui �tait donn�e hier pour pr�senter une �tude sur la prise de conscience des �l�ves analphab�tes par rapport au code de la famille, apr�s une ann�e de formation avec un guide sp�cial �labor� � cet effet. L�exp�rience partag�e avec le CENEAP a �t� d�un grand succ�s.