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Dossier
Sommet de l'UPM 5 Questions aux experts europ�ens
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 07 - 2008


ANDREAS MARCHETTI (CHERCHEUR ALLEMAND) :
�Formuler une meilleure politique�
CENGIZ AKTAR (PROFESSEUR � TURQUIE) (*) :
�Il faut �tre tr�s prudent�
GUIDO LENZI (EXAMBASSADEUR- ITALIE) (*) :
�L��quit� est un objectif essentiel de l�UPM�
MARIA DOLOR�S ALGORA (PROFESSEUR - ESPAGNE) (*) :
�L�engagement de la soci�t� civile est tr�s important�
1- De quelle mani�re est per�u, dans votre pays, le projet �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e�, � la fois par l�opinion publique et par les autorit�s officielles ?
2 - Consid�rez-vous que ce projet est en mesure, v�ritablement, d�apporter du nouveau � la probl�matique et aux m�thodes envisag�es lors des initiatives similaires pr�c�dentes, notamment le processus de Barcelone ?
3 - L�Union pour la M�diterran�e sera, fatalement, confront�e aux conflits qui essaiment dans la r�gion : conflit du Sahara occidental, conflit de Chypre, conflit isra�lo-palestinien. L�Union doit-elle aborder ces conflits ou, plut�t, les contourner ?
4 - Quels sont les chantiers majeurs que peut ouvrir le projet �l�Union pour la M�diterran�e�? Quelles mesures de sauvegarde envisager pour s�assurer que la d�marche profite �quitablement � toutes les parties au projet ?
5- Dans le m�me esprit, quelles sont les conditions � r�unir pour garantir une �quit� parfaite dans la gestion institutionnelle de �l�Union pour la M�diterran�e� ?
Dossier r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Nous continuons la publication des avis d�experts, europ�ens et turc, cette fois relatifs au projet d�Union pour la M�diterran�e. Nous nous proposons � la rentr�e d�essayer de susciter des contributions plus substantielles des �lites du sud de la M�diterran�e, le Maghreb tout particuli�rement, pour permettre l��nonc� d�un contre-projet � une d�marche qui semble se caract�riser, en effet, par un aspect unilat�ral trop marqu�.
ANDREAS MARCHETTI (CHERCHEUR ALLEMAND) :
�Formuler une meilleure politique�
R�ponse 1 : Le projet initial pour la cr�ation de l�Union m�diterran�enne, englobant les pays riverains directs de la M�diterran�e, a �t� largement critiqu� � cause de son caract�re exclusif. Le gouvernement allemand a particuli�rement fait savoir qu�il �tait contre toute initiative qui exclurait les pays de l�Union europ�enne non m�diterran�ens au sens g�ographique du terme. Pour des raisons li�es � l�accroissement de l�interd�pendance � avec le sentiment de plus en plus fort que le d�veloppement des pays du Sud affecterait chaque membre de l�UE, tout comme chaque d�veloppement � l�Est � le gouvernement allemand appelle � une ouverture de ladite initiative � tous les membres de l�UE. Ce faisant, ce gouvernement fournit la preuve � ceux qui pensent que, g�ographiquement parlant, l�UE, dans son ensemble, devrait �tre consid�r�e comme une partie de la r�gion m�diterran�enne. Cependant, cette conviction ne gagne du terrain dans la vie politique qu�� petits pas seulement. Il y deux ans, le m�me gouvernement allemand avait commenc� � encourager un deal pour les pays voisins de l�UE � l�Est. Le fait qu�aucun deal n�ait eu lieu jusqu�� pr�sent peut �tre vu comme une autre motivation qui pousse ce gouvernement � ne pas permettre un nouveau cadre vers le Sud imm�diatement apr�s. Evidemment, malgr� ladite conviction au sujet de l�interd�pendance croissante entre les pays, les Etats membres appara�tront toujours avec leur habitude de favoriser leurs initiatives propres, consid�rant les autres initiatives comme une sorte de menace � leurs ambitions et int�r�ts.
R�ponse 2 : Au vu du corset �troit dans lequel le tr�s ambitieux projet fut plac� avant son inauguration officielle, des doutes demeurent quant � savoir si l�Union pour la M�diterran�e sera capable de produire des r�sultats meilleurs que ce qu�ont produits les processus ant�rieurs destin�s � structurer les relations entre l�UE et les pays m�diterran�ens de l�Est et de l�Ouest. Toutefois, avec le nouvel int�r�t accord� au projet, les chances ont, de nouveau, augment� pour une application concr�te meilleure de projets qui auront un effet imm�diat � l�int�rieur de la M�diterran�e. Il sera essentiel, non d�inventer encore une autre nouvelle politique, mais de formuler une meilleure politique. Jusqu�� pr�sent, l�Elys�e a bien vu en critiquant le Processus de Barcelone, mais se trompe en continuant � dire que ce processus a �t� un ��chec�. Une telle posture ne prend pas en consid�ration les structures qui existent et fonctionnent d�j� et les progr�s accomplis jusqu�� pr�sent comme un �acquis m�diterran�en� sur lequel de nouveaux �l�ments doivent �tre construits.
R�ponse 3 : L�Union pour la M�diterran�e ne pourra pas circonscrire les conflits actuels. En ignorant ces conflits, l�Union pour la M�diterran�e ignorerait des r�alit�s structurelles centrales de la r�gion. Toutefois, et en raison du fait qu�il y a d�autres cadres probablement mieux adapt�s pour traiter ces conflits, la t�che premi�re de l�Union ne peut pas et ne devrait pas �tre la solution des ces conflits. Elle y est condamn�e � l��chec et ses tentatives constitueraient un obstacle pour ses autres objectifs. Ainsi, avec des projets concrets destin�s � promouvoir le d�veloppement �conomique, social et politique des pays concern�s, l�Union pour la M�diterran�e pourrait, au moins, pr�parer le terrain pour une meilleure gestion de ces conflits. Ce faisant, elle pourrait m�me aider � ouvrir la voix � des solutions. Ceci, en lui-m�me, sera d�j� une t�che difficile, mais l�Union ne devrait pas �tre jug�e par sa capacit� de r�soudre les conflits, mais par son habilet� � fournir de nouvelles ou, du moins, de meilleures perspectives aux peuples de la M�diterran�e.
R�ponse 4 : Il sera fondamental d�aider � promouvoir la vie des gens. L�intention de r�aliser �des projets visibles et pertinents en faveur des citoyens de la r�gion�, tel qu�il est indiqu� dans la communication de la Commission europ�enne du 20 mai 2008, est d�j� une avance dans la bonne direction, quoique les propositions faites � ce sujet gagnent � �tre �tay�es. Beaucoup d�pendra encore d�engagements durables de la part de toutes les parties concern�es. La pr�servation d�au moins une portion dans la dynamique actuelle sera une question essentielle. Un domaine qui va m�riter une attention particuli�re et continue concerne les quatre libert�s de mouvement : marchandises, services, capitaux et personnes. La communication de la Commission �Pour une Europe �largie� de 2003 a mentionn� ces libert�s comme des encouragements centraux � la politique de voisinage que l�Union europ�enne a adopt�e r�cemment. Bien que l�Union Europ�enne ne soit, � pr�sent, ni pr�te ni en mesure de garantir ces libert�s totalement, elle est appel�e � fournir plus d�effort dans ce domaine, plus qu�elle ne l�a fait jusqu�� pr�sent. Concernant des projets concrets et les attentes formul�es � ce titre, il aurait �t� souhaitable de consulter les pays impliqu�s dans l�Union pour la M�diterran�e plus t�t, au stade de la constitution de celle-ci. Apr�s tout, le danger est toujours pr�sent que l�Union pour la M�diterran�e sera, encore une fois, vue comme une politique europ�enne pr�sent�e aux partenaires m�diterran�ens du Sud et de l�Est et non pas comme une union cr��e conjointement. Cela a �t� contre-productif par le pass�, d�o� la n�cessit� pour l�Union de ne pas commettre la m�me erreur. Ceci ne s�applique pas seulement au niveau officiel ou m�me diplomatique, mais aussi � tous les niveaux de la soci�t� pour faire de cette union une propri�t� locale et commune afin qu�elle devienne un processus fiable et durable. Ainsi, l�Union pour la M�diterran�e ne peut pas concerner seulement les relations euro-m�diterran�ennes, mais a aussi besoin de s�int�resser � ce qu�on appelle la coop�ration Sud-Sud. A ce niveau, beaucoup de travail doit �tre accompli pour r�aliser une partie des projets ambitieux qui sont d�j� envisag�s.
R�ponse 5 : Ce qui s�applique � la politique d�une mani�re g�n�rale s�applique aussi aux arrangements institutionnels en particulier. Vu, notamment, l�h�t�rog�n�it� qui caract�rise la r�gion en termes �conomiques, sociaux et politiques, il sera fondamental d�appliquer le principe de la propri�t� commune au niveau institutionnel aussi. Ici, le secr�tariat et le comit� permanent mixte constitueraient certainement un plus. En outre, les exp�riences europ�ennes mettent clairement en �vidence que l�institutionnalisation a aid� � faciliter des politiques d�encadrement �volutives et, plus important encore peut-�tre, leur durabilit�. C�est l�absence de ce genre de politiques qui a fait cruellement d�faut dans les relations m�diterran�ennes jusqu�� pr�sent. Nous souhaiterions que l�Union pour la M�diterran�e, avec ses institutions fondamentales, pourra y rem�dier.
M. C. M.

CENGIZ AKTAR (PROFESSEUR � TURQUIE) (*) :
�Il faut �tre tr�s prudent�
R�ponse 1 : La question est discut�e uniquement par rapport au processus d�adh�sion de la Turquie, quand elle est discut�e ! L�int�r�t de l�opinion publique est n�gligeable ; quant aux autorit�s, elles cherchent � �viter que l�UPM vienne d�ranger le processus d�adh�sion.
R�ponse 2 : Tandis qu�aucun enseignement n�a �t� tir� de l��chec ou du moins la l�thargie de Barcelone, qu�il s�agisse de la question palestinienne, du manque croissant de solidarit� avec la rive sud, de l�obligation de r�unir autour de la m�me table des pays politiquement tr�s diff�rents sans parler de conflits ouverts entre eux, on s�embarque dans un nouveau processus. De plus, la co-pr�sidence qui sera forc�ment, controvers�e, n�ajoutera que davantage de bureaucratie � Barcelone. En dernier ressort, l�initiative fran�aise a servi � ce que l�on reparle de la M�diterran�e et de Barcelone, et c�est tant mieux. Mais il faudrait �tre tr�s prudent pour ne pas g�cher ce nouveau d�part.
R�ponse 3 : Justement. L�UE n�a pas les moyens de r�soudre ces conflits. Le seul moyen � long terme reste sa force de persuasion douce (soft power), qui int�grerait d�une mani�re ou d�une autre tout le pourtour de la M�diterran�e. Est-ce que l�UE est pr�te � cette solidarit� ? Je ne le crois pas, dans la mesure o� elle est incapable d�appr�cier la candidature turque, qui pr�figure cette solidarit�-l�, et qui reste suivie de pr�s par la grande majorit� des pays.
R�ponse 4 : La pr�sidence fran�aise a des objectifs tr�s pr�cis qu�elle cherchera � mettre en �uvre au courant de l�ann�e. Reste que nombre de ces initiatives sont d�j� en cours. On va voir comment elles vont �viter le double emploi.
R�ponse 5 : Il n�y aura jamais d��quit� parfaite si les pays riverains qui en ont les moyens financiers ne participent aux projets. Le patronage guette.
* Professeur d��tudes europ�ennes � l�Universit� de Bah�eflehir d�Istanbul, Cengiz Aktar a dirig� en 2004 l'ouvrage collectif Lettres aux turco-sceptiques, aux �ditions Actes Sud. Il a s�journ� un an et demi � Alger (2004-2005) o� il a dirig� le bureau du Haut- Commissariat des Nations unies pour les r�fugi�s.
M. C. M.
GUIDO LENZI (EXAMBASSADEUR- ITALIE) (*) :
�L��quit� est un objectif essentiel de l�UPM�
R�ponse 1: Le projet d��Union pour la M�diterran�e� est consid�r� en Italie, par l�opinion publique, le gouvernement et les milieux d�affaires, comme une mesure urgente et une initiative utile pour �viter que l�Union europ�enne, tout comme ses partenaires arabes ne soient marginalis�s par les d�fis de la mondialisation. C�est � Rome, le 20 d�cembre 2007, que les ministres des Affaires �trang�res de France, d�Espagne et d�Italie ont proclam� ensemble leur intention commune de promouvoir une Union m�diterran�enne qui associerait les pays riverains entre eux par des initiatives concr�tes bien mieux que n�a pu le faire le �processus de Barcelone�. L�Italie, de par son histoire, a toujours consid�r� la M�diterran�e comme son milieu g�ostrat�gique naturel et une aire d�int�r�t prioritaire dans lequel elle doit affirmer sa pr�sence, de mani�re r�solue, � travers des relations sp�ciales et des initiatives sp�cifiques.
R�ponse 2 : Sans devoir remettre en cause le processus de Barcelone qui constitue autant la r�f�rence politique que le cadre d��volution, l�Union pour la M�diterran�e doit promouvoir des projets sp�cifiques, identifi�s et g�r�s en commun par les partenaires int�ress�s, de nature � r�pondre aux int�r�ts r�ciproques des pays concern�s sans compromettre, n�anmoins, leurs int�r�ts strat�giques. Ils leur procureraient, bien au contraire, une valeur politique ajout�e. Les formules � g�om�trie variable, avec planification et gestion conjointes, devront permettre aux pays concern�s d�aborder, plus efficacement, les questions d�int�r�t commun, le cadre des �5 plus 5� pouvant m�me constituer le contexte de d�part le plus appropri�.
R�ponse 3 : Certaines �failles� de crise persistent en M�diterran�e, au Nord comme � l�Est et au Sud. L��Union pour la M�diterran�e� pourrait fournir la th�rapie judicieuse que peut procurer un contexte �conomique dynamique et des contacts humains �largis. C�est sa propre exp�rience de l�apr�s-guerre que l�Europe occidentale met � la disposition des partenaires m�diterran�ens qui voudront s�associer � elle.
R�ponse 4 : Les �chantiers� prioritaires devraient concerner, essentiellement, les domaines li�s � l�infrastructure � ports, routes et transports � aux PME, aux flux migratoires et au tourisme. Ces activit�s sont susceptibles de favoriser la reprise de ces �changes commerciaux et humains qui, des si�cles durant, ont caract�ris� la vie dans cette mer commune. C�est par cette relance commune et progressive que l�UE et ses partenaires pourront recueillir les b�n�fices escompt�s.
R�ponse 5 : L��quit� est un objectif essentiel de l�Union pour la M�diterran�e qui sera garantie par une pr�sidence � deux et un secr�tariat d�appui adapt�. Un secr�tariat qui sera l�ger et d�muni de pouvoirs autonomes de gestion et des projets et du processus dans son ensemble. L�Europe unie et le monde arabe ne pourront s�affirmer �conomiquement ou politiquement que s�ils parcourent ensemble le chemin de la coop�ration. Les circonstances �conomiques et sociopolitiques internationales ont d�montr� que nul pays, grand ou petit, puissant ou d�muni, nulle organisation internationale ne peut imposer son vouloir qu�au travers de d�marches convergentes, quand bien m�me elles seraient diff�renci�es en fonction des conditions et des exigences de chacune des parties concern�es. C�est ce chemin que l�Union pour la M�diterran�e veut tracer et parcourir.
* L�ambassadeur Guido Lenzi vient de prendre sa retraite apr�s plus de quarante ans de carri�re diplomatique, commenc�e pr�cis�ment en Alg�rie de 1968 � 1970, � Londres, Moscou, New York, Paris et Vienne, o� il a �t� repr�sentant permanent aupr�s de l'OSCE. Il a �galement assum� les fonctions de conseiller diplomatique des ministres italiens des Affaires �trang�res, de la D�fense et de l'Int�rieur.
M. C. M.
MARIA DOLOR�S ALGORA (PROFESSEUR - ESPAGNE) (*) :
�L�engagement de la soci�t� civile est tr�s important�
R�ponse 1 : Personnellement, j�appartiens � cette partie de la communaut� acad�mique espagnole qui, depuis plusieurs ann�es, a essay�, � travers des �tudes historiques aussi bien que politiques, d�observer et analyser les changements dans la politique �trang�re de l�Espagne vis-�-vis de la M�diterran�e. A l�int�rieur des cercles acad�miques en Espagne, qu�ils soient politiques, �conomiques ou diplomatiques, l�initiative du �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e� a suscit� beaucoup d�int�r�t. Cependant, l�opinion publique espagnole est rest�e tr�s en dehors des intentions qui ont pr�sid� � cette initiative concernant la r�gion. En ce qui concerne la position des autorit�s espagnoles, le ministre des Affaires �trang�res, Miguel Angel Moratinos � dont la carri�re en mati�re m�diterran�enne est bien connue � consid�re que le Processus de Barcelone a r�alis� des r�sultats positifs en termes de dialogue politique et mobilisation des ressources. D�autres voix critiques n�ont pas dout� de ce processus, du point de vue de ces principes et objectifs, mais font �tat du peu de r�alisations enregistr�es en comparaison avec les espoirs suscit�s au d�part. Toutefois, et malgr� ces critiques, le Processus de Barcelone a �t� positif. Car le d�veloppement du multilat�ralisme est devenu un instrument permettant le d�passement du pass� pour avancer vers l�avenir, sur la base de l��galit� et la confiance dans nos relations mutuelles, chose qui nous manquait auparavant. Maintenant, nous pouvons nous asseoir autour d�une table et parler, pas seulement pour n�gocier mais aussi pour partager une politique commune susceptible de nous guider vers plus de stabilit�, d�mocratisation et paix dans la r�gion. Nous avons d�j� fait des progr�s par rapport � un certain nombre de questions �conomiques, sociales et politiques. A travers ce dialogue, nous pouvons continuer � aller de l�avant dans d�autres domaines qui attendent d��tre d�velopp�s. C�est ainsi que nous percevons, du c�t� espagnol, le �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e�. Le ministre M. Moratinos a vu dans le projet du pr�sident Sarkozy un pas en direction d�une nouvelle relation de voisinage entre les pays m�diterran�ens. Ce projet est entendu comme une chance pour combler les faiblesses du Processus de Barcelone. Nous ne consid�rons pas que le but de la France est de remplacer ce qui a �t� r�alis� jusqu�� maintenant, mais d�utiliser l�exp�rience du pass� pour assurer de nouveaux progr�s. Le nombre d�ann�es �coul�es ne doivent pas servir � nous faire oublier le d�fi auquel nous avions � faire face. Cette exp�rience doit �tre utilis�e pour �valuer et r�soudre les d�faillances du Processus de Barcelone.
R�ponse 2 : Tout d�abord, nous devons bien conna�tre ce qu�il y a de nouveau dans ce projet d�Union pour la M�diterran�e par rapport au Processus de Barcelone. Ainsi, nous devons attendre jusqu�au 13 juillet prochain pour voir. En tous les cas, je pense que le but devrait �tre ceci : am�liorer ce qui a �t� d�j� r�alis� et approfondir son application. Sur ce plan, je souhaiterais que les aspects positifs de cette nouvelle initiative pourraient �tre r�sum�s en deux points-cl�s, � savoir : (1) des projets plus petits et plus sp�cifiques peuvent servir � une plus grande implication et identification de la soci�t� civile dans les processus m�diterran�ens. Et comme je l�ai d�j� dit, l�opinion publique est, jusqu�� pr�sent, loin de se sentir concern�e par ces projets. (2) Nous pouvons faire un pas suppl�mentaire dans ce que nous avons accompli jusqu�� aujourd�hui, c�est-�-dire que nous devrions passer de la coop�ration � l�action conjointe. Ce qui est essentiel pour nous aujourd�hui c�est d��tre convaincu que tous les d�fis auxquels fait face la r�gion m�diterran�enne doivent �tre partag�s par l�Union Europ�enne et les pays du Sud ainsi qu�entre ces derniers eux-m�mes. Les solutions doivent �tre bas�es sur la confiance mutuelle. Il s�agit l� de l�un des buts principaux selon l�approche espagnole. Nous ne pouvons plus continuer de penser ce que devrait �tre le r�le de chaque pays pris s�par�ment. Chaque gouvernement aura � contribuer � la stabilit� m�diterran�enne et les r�sultats de ses d�cisions et actions sont cens�s profiter aux soci�t�s de la r�gion qui devraient y �tre impliqu�es. C�est une vision globale de la r�gion que l�Espagne essaie de promouvoir.
R�ponse 3 : A partir des exp�riences pr�c�dentes � l�int�rieur du Processus de Barcelone, je pense qu�il est important d�attirer l�attention sur le fait que nous avons besoin d��tre prudents dans nos ambitions futures. Car des questions comme celles du Sahara occidental, Chypre, le conflit isra�lo-palestinien et les relations Sud-Sud, ne semblent pas avoir des solutions claires dans l��tat actuel des choses. L�Union pour la M�diterran�e semble vouloir rester loin � l��cart de ces situations, mais la population m�diterran�enne leur est tr�s sensible. Les gouvernements auront � fournir des solutions � leur soci�t�. Car ces r�alit�s sont en train d�influer sur le d�veloppement �conomique, la capacit� de chaque pays � gouverner et les mouvements migratoires que nous voyons grossir durant les derni�res ann�es. De mon point de vue, je pense qu�il est difficile d�imaginer une prosp�rit� sociale sans une stabilit� politique. Ces d�fis doivent �tre confront�s � la lumi�re de l�exp�rience pour en encourager les aspects positifs et corriger les erreurs. Il n�est pas possible de pr�senter le �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e� comme un processus cr�dible si nous ne prendrons pas une s�rie d�actions pour mettre fin � ces conflits. La tentation est grande pour les oublier, mais ce ne sera pas la r�ponse que les gens attendront. Si le �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e� n�offre pas des solutions concr�tes aux probl�mes de s�curit� et de d�fense, il devrait, au moins, soutenir d�autres initiatives qui existent d�j� dans la r�gion.
R�ponse 4 : Le �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e� doit �tre d�velopp� � partir des structures de l�Union Europ�enne. Il s�agit l� de la seule fa�on de garantir l�int�gration et d��viter la division de l�Europe entre deux blocs d�int�r�ts : un premier bloc avec les yeux vers l�Est et un deuxi�me bloc avec les yeux vers le Sud. Nous devons r�soudre cette difficult� au sein de l�Union europ�enne avec ses 27 Etats. C�est pour cette raison que l�Union m�diterran�enne doit �tre promue comme une �coop�ration encourag�e�, ouverte � un nombre plus grand de participants. Il n�est pas vrai de dire que l�Europe du Nord n�est pas int�ress�e par la r�gion m�diterran�enne, car les accords au sein de la communaut� europ�enne affectent chaque partenaire europ�en. Les d�cisions politiques et �conomiques ne sont pas conditionn�es par la situation g�ographique. Si l�Union europ�enne veut devenir un acteur dans la politique internationale, nous devrons tout faire pour trouver des solutions qui nous permettront de faire face � la politique �trang�re de l�Union europ�enne tout en restant unis. L�Union europ�enne doit cr�er des structures permanentes qui permettent un engagement plus grand de la part des pays concern�s et une gestion commune des affaires m�diterran�ennes. En d�autres termes, l�Union doit ouvrir la voie � une transition vers une organisation internationale permanente. Une telle d�marche serait un pas positif pour faire en sorte que les questions les plus cruciales soient suivies, mais nous devons �viter de cr�er des structures qui conduiraient � une bureaucratie excessive. Les organes de base doivent �tre �tablis avec des fonctions tr�s claires sans enchev�trement. De nouvelles institutions, adapt�es aux grands d�fis auxquels nous faisons face, avec des d�cisions strat�giques prises au niveau eurom�diterran�en, pourraient conduire � la constitution d�un Conseil de chefs d�Etat et de gouvernement. Des rencontres des ministres des Affaires �trang�res et des ministres sectoriels pourraient se tenir, non pas une fois par an, mais selon les circonstances. Il est n�cessaire de renforcer le r�le de l�Assembl�e parlementaire euro-m�diterran�enne qui repr�sente le peuple souverain de la M�diterran�e. Nous devons trouver des voies pour rapprocher les peuples par rapport aux probl�mes importants qui concernent la r�gion. Du point de vue espagnol, nous donnons une signification particuli�re au r�le que la soci�t� civile peut jouer dans ce domaine. La Anna Lindh Foundation et le Civil Forum sont, � ce sujet, de bons exemples. L�engagement de la soci�t� civile dans ce d�veloppement est tr�s important. Sur ce plan, il est urgent de trouver des voies pour int�grer davantage les diff�rents secteurs sociaux dans l�activit� politique dans les pays du Sud et y promouvoir des alternatives vraiment d�mocratiques. Ceci est une mesure essentielle pour pr�venir l�expansion des mouvements islamiques fondamentalistes. De la m�me mani�re, il est urgent de prendre en charge le d�veloppement de la soci�t� rurale pour une prosp�rit� �conomique et un alphab�tisme plus vaste de la population. Certains de ces aspects sont li�s � des mouvements migratoires. Parmi les solutions � envisager, il y en a une qui consiste � cr�er une agence pour la migration, pour coordonner les besoins des pays m�diterran�ens. Il y a aussi une autre question importante li�e � la probl�matique de l�environnement. A cet �gard, et outre la n�cessaire infrastructure et le d�veloppement des services, il pourrait y avoir une autre priorit� consistant � am�liorer la conscience politique des citoyens et leur �ducation pour prendre soin des ressources naturelles. Un des d�fis les plus importants est la gestion de l��nergie dans la r�gion m�diterran�enne. L�Union m�diterran�enne doit encourager la cr�ation d�un organisme commun entre les pays producteurs et les pays consommateurs, parce que l�int�r�t dans ce secteur est partag�. Un pas suppl�mentaire pour l�Union europ�enne serait d�accorder une priorit� au secteur priv� pour le d�veloppement de l��conomie. L��tablissement d�un r�seau d�affaires �tendu, bas� sur la petite et moyenne entreprise, pourrait constituer la solution pour des populations. Qui plus est, cette mesure pourrait aider � la cr�ation de postes de travail et encourager l�int�gration sociale des plus jeunes. La cr�ation d�une institution financi�re pour la r�gion m�diterran�enne serait la meilleure solution � cet �gard. Enfin, nous ne pouvons pas oublier l�avantage que repr�sente la politique europ�enne de voisinage. Certains des d�fis pos�s ont �t� formul�s et nous pouvons, pour leur solution, utiliser le cadre de cette initiative comme un mod�le ou comme compl�ment pour de nouvelles initiatives.
R�ponse 5 : Comme nous pouvons voir, il y a beaucoup de questions qui attendent d��tre r�solues, ce qui accro�t l�int�r�t espagnol dans le �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e�. Il n�y a pas de formules clairement d�finies pour r�soudre ces questions, mais nous savons, au moins, qu�elles doivent �tre r�solues selon une approche commune. Nous devons �viter d�envahir le Sud avec une approche purement europ�enne, parce qu�elle ne nous permettra pas de vaincre le pass� et construire le futur diff�remment. Je suis convaincue qu�une fois, le contenu du �Processus de Barcelone : Union pour la M�diterran�e� est formul� et approuv�, la position de l�Espagne sera tr�s active. Je pense qu�il est important que les pays concern�s actuellement s�engagent, effectivement, dans la gestion de ce projet. L�absence de l�engagement politique de beaucoup d�Europ�ens et de dirigeants du Sud dans le Processus de Barcelone a emp�ch� la r�alisation de la paix et la stabilit� r�gionale. Durant plusieurs ann�es, l�Union europ�enne a d�plac� son int�r�t de l�Europe de l�Est. Aujourd�hui, �l�Union pour la M�diterran�e� suscite, de nouveau, l�int�r�t international pour la r�gion. Ceci est une bonne chose pour nous tous. En effet, il s�agit l� de la meilleure contribution que cette initiative ait faite jusqu�� pr�sent. C�est une chance que nous devons exploiter pour promouvoir l�action n�e d�une exp�rience et d�attentes exprim�es pour la r�gion de la M�diterran�e avec une nouvelle vision.
(*) Maria Dolores Algora est professeur d�histoire et des relations internationales � l�Universit� San Pablo de Madrid. Collaboratrice de l�Institut espagnol d��tudes strat�giques et du Centre sup�rieur des �tudes de d�fense espagnol, elle est sp�cialiste des questions de politique �trang�re espagnole, de s�curit� et de d�fense et des probl�matiques arabes et m�diterran�ennes.


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