Cet ouvrage coécrit avec Emmanuel Espanol pose enfin les vraies questions — et parfois y répond — sur le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). Cet ouvrage coécrit avec Emmanuel Espanol pose enfin les vraies questions — et parfois y répond — sur le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). Béatrice Patrie, députée (PS) européenne, remet quelques pendules à l'heure dans un livre* qu'elle a récemment présenté à la presse parisienne. Cet ouvrage coécrit avec Emmanuel Espanol pose enfin les vraies questions — et parfois y répond — sur le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). Pour la députée, le projet initial tel que voulu par Nicolas Sarkozy «ne tenait pas la route parce qu'il était un contresens historique et menaçait de disloquation l'Union européenne. De plus, il n'avait pas le premier centime pour son aboutissement». L'intervention de la chancelière allemande, puis celles d'autres dirigeants européens, ont dérouté comme on le sait le projet du président français d'Union pour la Méditerranée qui regrouperait tous les Etats membres de l'UE et non plus les seuls à façade méditerranéenne. Mais ce qui est valable au Nord l'est également au Sud. Même si Kadhafi l'exprime en termes crus, beaucoup d'Etats arabes se sont rappelés qu'ils appartiennent à la Ligue arabe et pour la plupart à l'Union africaine. Il serait plus cohérent, selon beaucoup, de prendre en considération cette appartenance face à une Europe unie. Pourtant, le plus important dans ce projet que Sarkozy s'apprête à lancer le 13 juillet prochain demeure évidemment la question palestinienne. Pour madame Patrie, il n'est pas possible «de mettre cette question entre parenthèses dans le projet de l'UPM», contrairement aux intentions françaises. La députée est plutôt pessimiste à ce propos. Revenant d'un voyage en Palestine et en Israël, elle peut témoigner que l'Etat hébreu continue sa politique d'implantation de colonies et maintient que le statut de Jérusalem reste non négociable. Cet état de fait n'est pas nouveau. En revanche Sarkozy veut opérer un forcing pour octroyer à Israël «un statut avancé dans l'UE qui lui donnerait une proximité très forte avec l'UE et qui lui permettrait d'y siéger. Sarkozy poussera cette idée pendant la présidence française de l'UE». L'actualité confirme les propos de la députée, le président français multiplie les efforts et manœuvres pour que l'Union européenne signe le 16 juin ce partenariat privilégié avec Israël. Les Etats arabes qui voulaient «des clarifications» sauront à quoi s'en tenir. L'auteur reviendra aussi sur le cas de la Turquie que le président français a voulu exclure des négociations d'adhésion à l'UE. Cette question est, selon Mme Patrie, «essentielle pour l'UPM, car l'adhésion de la Turquie, qui finira par se concrétiser, fera sauter un verrou important; l'UE ne serait plus basée sur la continuité territoriale ou sur la dominante chrétienne (la Turquie n'a que 5% de son territoire en Europe - ndlr)». A ce propos la Commission européenne vient de préciser que «l'engagement éventuel de la Turquie dans l'UPM ne l'exclurait pas du processus d'adhésion à l'UE». Encore une pierre dans le jardin encombré de Sarkozy. La même commission indique qu'elle ne souhaitait pas que le président français assure la présidence de la future UPM en 2008. Certes, cette dernière sera lancée le mois prochain, mais avec qui ? Pour la députée, la «photo de famille» que veut Sarkozy le 13 juillet est très compromise. Nombre de pays du Sud ne cachent plus leurs réticences à poser aux côtés de Ehud Barak. Le dirigeant libyen ne fait pas mystère de son hostilité, le roi du Maroc serait «diplomatiquement absent» et serait représenté par un proche collaborateur. La présence du président syrien aux festivités de la fête nationale du 14 Juillet — les présidents de l'UMP sont tous conviés — fait déjà débat dans la classe politique française. Outre la question du Moyen-Orient, le projet est menacé par les travers du processus de Barcelone qui s'est enlisé dans ses contradictions dès le début. Pour la députée, il s'agit d'éviter par tous les moyens que les Européens, encore une fois «imposent leur propre agenda aux pays du Sud, à savoir le terrorisme, l'immigration, la sécurité, les armes de destruction massive etc.» Le processus de Barcelone a aussi échoué parce qu'il ne s'est pas donné les outils adéquats de fonctionnement «Il faut doter l'UPM d'un secrétariat permanent et conforter la dimension parlementaire et, bien entendu, prévoir les financements qui seraient européens publics et par des combinaisons public-privé». Madame Patrie estime que l'UE doit impérativement s'ouvrir vers le Sud, sinon c'est un astre mort. L'Euroméditerranée, terme qu'elle préfère à l'UPM, est «notre avenir, notre destin collectif». Reste à en convaincre les cinquante pays qui doivent constituer cette union pour la Méditerranée. *Ed.Sindbad-Actes-Sud. Avril 200 Béatrice Patrie, députée (PS) européenne, remet quelques pendules à l'heure dans un livre* qu'elle a récemment présenté à la presse parisienne. Cet ouvrage coécrit avec Emmanuel Espanol pose enfin les vraies questions — et parfois y répond — sur le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). Pour la députée, le projet initial tel que voulu par Nicolas Sarkozy «ne tenait pas la route parce qu'il était un contresens historique et menaçait de disloquation l'Union européenne. De plus, il n'avait pas le premier centime pour son aboutissement». L'intervention de la chancelière allemande, puis celles d'autres dirigeants européens, ont dérouté comme on le sait le projet du président français d'Union pour la Méditerranée qui regrouperait tous les Etats membres de l'UE et non plus les seuls à façade méditerranéenne. Mais ce qui est valable au Nord l'est également au Sud. Même si Kadhafi l'exprime en termes crus, beaucoup d'Etats arabes se sont rappelés qu'ils appartiennent à la Ligue arabe et pour la plupart à l'Union africaine. Il serait plus cohérent, selon beaucoup, de prendre en considération cette appartenance face à une Europe unie. Pourtant, le plus important dans ce projet que Sarkozy s'apprête à lancer le 13 juillet prochain demeure évidemment la question palestinienne. Pour madame Patrie, il n'est pas possible «de mettre cette question entre parenthèses dans le projet de l'UPM», contrairement aux intentions françaises. La députée est plutôt pessimiste à ce propos. Revenant d'un voyage en Palestine et en Israël, elle peut témoigner que l'Etat hébreu continue sa politique d'implantation de colonies et maintient que le statut de Jérusalem reste non négociable. Cet état de fait n'est pas nouveau. En revanche Sarkozy veut opérer un forcing pour octroyer à Israël «un statut avancé dans l'UE qui lui donnerait une proximité très forte avec l'UE et qui lui permettrait d'y siéger. Sarkozy poussera cette idée pendant la présidence française de l'UE». L'actualité confirme les propos de la députée, le président français multiplie les efforts et manœuvres pour que l'Union européenne signe le 16 juin ce partenariat privilégié avec Israël. Les Etats arabes qui voulaient «des clarifications» sauront à quoi s'en tenir. L'auteur reviendra aussi sur le cas de la Turquie que le président français a voulu exclure des négociations d'adhésion à l'UE. Cette question est, selon Mme Patrie, «essentielle pour l'UPM, car l'adhésion de la Turquie, qui finira par se concrétiser, fera sauter un verrou important; l'UE ne serait plus basée sur la continuité territoriale ou sur la dominante chrétienne (la Turquie n'a que 5% de son territoire en Europe - ndlr)». A ce propos la Commission européenne vient de préciser que «l'engagement éventuel de la Turquie dans l'UPM ne l'exclurait pas du processus d'adhésion à l'UE». Encore une pierre dans le jardin encombré de Sarkozy. La même commission indique qu'elle ne souhaitait pas que le président français assure la présidence de la future UPM en 2008. Certes, cette dernière sera lancée le mois prochain, mais avec qui ? Pour la députée, la «photo de famille» que veut Sarkozy le 13 juillet est très compromise. Nombre de pays du Sud ne cachent plus leurs réticences à poser aux côtés de Ehud Barak. Le dirigeant libyen ne fait pas mystère de son hostilité, le roi du Maroc serait «diplomatiquement absent» et serait représenté par un proche collaborateur. La présence du président syrien aux festivités de la fête nationale du 14 Juillet — les présidents de l'UMP sont tous conviés — fait déjà débat dans la classe politique française. Outre la question du Moyen-Orient, le projet est menacé par les travers du processus de Barcelone qui s'est enlisé dans ses contradictions dès le début. Pour la députée, il s'agit d'éviter par tous les moyens que les Européens, encore une fois «imposent leur propre agenda aux pays du Sud, à savoir le terrorisme, l'immigration, la sécurité, les armes de destruction massive etc.» Le processus de Barcelone a aussi échoué parce qu'il ne s'est pas donné les outils adéquats de fonctionnement «Il faut doter l'UPM d'un secrétariat permanent et conforter la dimension parlementaire et, bien entendu, prévoir les financements qui seraient européens publics et par des combinaisons public-privé». Madame Patrie estime que l'UE doit impérativement s'ouvrir vers le Sud, sinon c'est un astre mort. L'Euroméditerranée, terme qu'elle préfère à l'UPM, est «notre avenir, notre destin collectif». Reste à en convaincre les cinquante pays qui doivent constituer cette union pour la Méditerranée. *Ed.Sindbad-Actes-Sud. Avril 200