Luis Moreno- Ocampos, procureur de la Cour p�nale internationale (CPI), a g�ch� les vacances du pr�sident soudanais. Il vient de demander � la CPI d��mettre un mandat d�arr�t contre Omar el-B�chir pour crimes contre l�humanit�. Le pr�sident soudanais est accus� de �g�nocide� contre les populations du Darfour, accus� d�avoir ordonn� en personne les massacres de civils, les viols de femmes et les d�placements forc�s de populations qui ont provoqu� la mort de 118 000 personnes. Toujours selon le dossier d�accusation pr�sent� par le procureur de la CPI, le dirigeant soudanais aurait mobilis� �l�ensemble de l�appareil d�Etat� pour commettre ces crimes de masse dont il serait le commanditaire principal. En bref, les juges de la CPI ont ainsi deux � trois mois pour examiner les faits retenus et donner suite ou non � la demande d�arrestation du pr�sident soudanais. Le moins qu�on puisse dire est que c�est la premi�re fois qu�un chef d�Etat en exercice est menac� d��tre traduit devant une cour de justice internationale. Il s�agit d�un acte sans pr�c�dent, car jusque-l� la CPI n�a eu � juger que des dirigeants politiques n�exer�ant plus aucune fonction, voire des ex-chefs de guerre, la plupart originaires de petits pays. De plus, situation aggravante, cette demande d�arrestation intervient dans un contexte o� le r�gime soudanais est sous pression internationale. Il a �t� contraint d�accepter la pr�sence d�une force africaine de paix d�ploy�e au Darfour, tandis que des forces militaires europ�ennes, bas�es dans le Tchad voisin, se sont d�ploy�es � proximit� de la fronti�re soudanaise, pr�tes � intervenir en cas de besoin. Certes, sans attendre, le r�gime soudanais a sonn� l�appel de tous ceux, au sein du monde arabe, africain et ailleurs, susceptibles de faire �chec � la proc�dure lanc�e par le procureur de la CPI. La Ligue arabe est convoqu�e pour samedi. Le Conseil de coop�ration des pays du Golfe a d�ores et d�j� �mis l�espoir que la CPI n�approuve pas �les accusations du procureur�. Les 25 pays de la Communaut� des Etats sah�lo-sahariens ont d�nonc� �l�utilisation de cette cour (la CPI) � des fins d�ing�rence dans les affaires int�rieures des pays�. La Chine et la Russie ont fait part de leur �inqui�tude� et s�appr�tent, dit-on, � demander au Conseil de s�curit� de l�ONU d�annuler la proc�dure en cours � la CPI. Et, en effet, l�article 16 des statuts de la CPI stipule que le Conseil de s�curit� de l�ONU peut annuler pour une dur�e d�un an renouvelable la proc�dure d�inculpation. En revanche, les ONG de d�fense des droits de l�homme (Amnesty, Human Rights Watch) se f�licitent de la d�cision du procureur y voyant �un pas important vers la fin de l�impunit� au Soudan. Mais, bien que le r�gime islamiste du Soudan ne soit pas aussi innocent qu�il l�affirme, que le respect des droits de l�homme est le cadet de ses soucis, il est peu probable de voir un jour la Cour p�nale internationale juger des ressortissants de pays puissants. Il faut savoir, par exemple, que des Etats membres permanents du Conseil de s�curit�, et non des moindres (les Etats-Unis, la Russie et la Chine), n�ont pas ratifi� la cr�ation de la CPI quand elle avait vu le jour en juillet 1998 avant d��tre op�rationnelle en juillet 2002. Pour Washington, par exemple, il n�est pas question qu�un ressortissant am�ricain soit d�f�r� pour crimes de guerre devant la CPI. Pour ce faire, des accords bilat�raux ont �t� sign�s avec des pays tiers afin que les soldats am�ricains coupables de crimes de guerre soient extrad�s aux Etats-Unis. Il en a �t� ainsi de ces militaires coupables de crimes et tortures en Irak et en Afghanistan, soustraits � la justice internationale sans que personne s�en offusque, qui ont �t� jug�s et condamn�s � des peines l�g�res sur le territoire am�ricain. Par cons�quent, les avocats d�Omar el-B�chir ont toutes les raisons de rejeter cette justice internationale, car elle a �t� faite par les puissants pour juger les faibles !