La tension était palpable, hier, au Soudan, notamment au Darfour où la présence des forces de sécurité a été renforcée, quelques heures avant la décision de la Cour pénale internationale de lancer ou non un mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir. "Nos gars sur le terrain sentent une tension", lance un responsable de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad), région de l'ouest du Soudan théâtre d'un conflit complexe à l'origine de 300.000 morts selon l'ONU. Khartoum parle de 10.000 morts. "Il y a beaucoup plus de forces de sécurité visibles sur le terrain au Darfour", poursuit cette source au sein des Casques bleus. Selon la Minuad, l'armée prévoit une "démonstration de force" à El-Facher, capitale historique de l'ancien sultanat du Darfour, devenu au début du XXe une région du Soudan. Les autorités soudanaises ont déjà prévenu la population locale que toute déclaration publique en faveur de la CPI serait passible de répression. "Si elles (forces gouvernementales) font du mal à des civils, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) va réagir", a averti Khalil Ibrahim, le chef du plus militarisé de la myriade des groupes rebelles du Darfour. La décision des juges doit être annoncée à 13h00 GMT. Il s'agirait du premier mandat d'arrêt contre un chef d'Etat lancé par la CPI. Dès mardi, M. Béchir a prévenu que la décision de la CPI n'aurait "aucune valeur". "Elle ne vaudra pas l'encre avec laquelle elle aura été écrite". Le même jour, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a déclaré avoir "de lourdes preuves contre" M. Béchir. "Nous avons plus de trente différents témoins qui diront comment il a tout dirigé et contrôlé", a dit le procureur qui avait demandé aux juges d'émettre un mandat d'arrêt contre M. Béchir qu'il accuse de génocide, de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour. Des manifestations d'appui au président Omar el-Béchir sont anticipées dans la journée dans différentes villes du Soudan, notamment à proximité des ambassades des Etats-Unis, de France et des bureaux de l'ONU à Khartoum.