Selon le PAM (Programme alimentaire mondial), 14,6 millions de personnes sont menac�es par un d�sastre humanitaire dans la Corne de l�Afrique, ravag�e par la s�cheresse et des p�nuries alimentaires, si les donateurs ne mobilisent pas tr�s rapidement des fonds. Le probl�me est que les puissants de cette plan�te se d�sint�ressent totalement de cette situation. Ce qui les pr�occupent, en revanche, c�est plut�t la hausse des prix du p�trole qui nourrit le m�contentement de leurs concitoyens automobilistes. Certes, l�augmentation des prix de l�essence � la pompe touche � leur train de vie. Mais sans de tr�s grandes cons�quences, toutefois, sur leur niveau de vie en g�n�ral d�autant qu�elle n�a pas les m�mes effets que celles du bl� sur les populations des pays pauvres. Il faut savoir que les prix du bl� ont commenc� � flamber bien avant ceux du p�trole et � un rythme plus �lev�. Alors que le prix du baril de p�trole tournait autour de 60 dollars en 2006, celui de la tonne de bl� d�passait d�j� les 150 dollars. En 2007, le prix de la tonne de bl� sur le march� de Chicago poursuivait sa hausse, atteignant le niveau record de 270 euros (soit pr�s de 380 dollars) la tonne. Autrement dit, en l�espace d�une ann�e, le prix de la tonne de bl� a quasiment doubl�, tandis que sur la m�me p�riode, le prix du baril de p�trole se stabilisait autour de 80 dollars. Et de fait, il n�y a pas de rapport de cause � effet entre l�augmentation du prix du p�trole et l�envol�e du prix du bl� comme essaient de le montrer certains m�dias. Certes, il ne faut pas nier que des facteurs structurels et de nature sp�culative comme la demande croissante et la modification des habitudes alimentaires des pays �mergents, mais aussi l�explosion de la production de biocarburants, sont � l�origine de la flamb�e des prix des c�r�ales. Par exemple, en raison pas seulement de la s�cheresse, mais aussi des surfaces affect�es � la production de biocarburants (le bl� �thanol), l�offre mondiale a �t� en 2006-07 inf�rieure � la demande alors qu�entre-temps, la population a augment�. Mais, la logique n�olib�rale qui sous-tend cette mondialisation capitaliste reste la principale cause de l�envol�e des prix des mati�res premi�res agricoles mais aussi de p�trole. Les fonds de pension am�ricains, par exemple, qui d�tenaient � fin 2004 plus de 6 000 milliards de dollars, investissent de plus en plus sur le march� du bl� d�autant que ce dernier est la premi�re c�r�ale cultiv�e dans le monde et la premi�re c�r�ale �chang�e sur le march� mondial. Ces fonds sont attir�s par les possibilit�s de multiplication de gain dans une situation de raret� et de p�nurie sans se soucier des cons�quences qu�elles induisent sur les pays pauvres. A l�instar des traders sur le march� p�trolier qui sp�culent sur le prix du baril d�s qu�un attentat se produit quelque part au Moyen-Orient, les fonds de pension qui investissent dans le march� c�r�alier font de m�me : le climat, par exemple, est devenu une variable d�terminante du prix du bl�. Pire, ils orientent de plus en plus le march� vers des cultures plus rentables comme le biocarburant cens� remplacer un jour le p�trole avec pour cons�quence moins de surfaces consacr�es � la culture du bl� et du ma�s, donc une offre moindre par rapport � une demande croissante. Il ne faut donc pas chercher tr�s loin l�une des causes des �meutes de la faim qui ont embras� plusieurs pays du Tiers-Monde. Quand on sait, par exemple, selon une hypoth�se basse, qu�� l�horizon 2015, la population mondiale va augmenter de plus de 800 millions de personnes, n�cessitant une production suppl�mentaire de 200 millions de tonnes de bl�, les sp�culateurs de tout ordre ont de la marge devant eux. Ces sp�culateurs capitalistes jouent avec la vie et la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde. Tant pis donc pour ces pays pauvres du Tiers- Monde qui n�ont pas les moyens de financer l�importation du bl� pour les besoins de leur population ! H. Z. NB. En raison de mon d�part en cong� d��t�, cette chronique reprendra le jeudi 14 ao�t. Merci � tous ces lecteurs du Soir d�Alg�rie d'avoir pris la patience de me lire.