La directrice générale du Programme alimentaire mondial de l'ONU tire la sonnette d'alarme. La hausse des prix des produits alimentaires risque d'aboutir à un rationnement.Elle encourage les donateurs du PAM à contribuer davantage. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) risque de rationner les produits alimentaires compte tenu de l'augmentation de leur prix, a déclaré, il y a deux jours, sa responsable Josette Sheeran au Financial Times. Si les donateurs du PAM ne contribuent pas davantage, a-t-elle mis en garde, celui-ci devra alors envisager de "rationner l'aide alimentaire" et même de la limiter aux personnes qui en ont besoin. Le PAM est l'agence humanitaire la plus importante au monde et joue un rôle essentiel concernant la sécurité alimentaire. "Notre capacité à faire parvenir de la nourriture aux personnes s'amenuise alors que les besoins ne cessent d'augmenter", a estimé Josette Sheeran. Le budget voté pour l'année 2008 s'élevait à 2,9 milliards de dollars (deux milliards d'euros). Il devait permettre de nourrir 73 millions de personnes dans 78 pays, soit moins du dixième du nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. Josette Sheeran souligne que le problème de la faim dans le monde est en train de changer. "Avant, affirme-t-elle, la situation n'était pas urgente, maintenant elle l'est". Selon elle, le PAM est confronté au problème d'"une nouvelle forme de faim" où les prix des aliments deviennent trop chers pour ceux qui en ont besoin. "Un grand nombre de pays", souligne-t-elle, sont affectés maintenant par cette "nouvelle forme de faim", comme l'Indonésie, le Yémen, le Mexique. Même dans certains pays développés, des familles "sautent" leurs trois repas quotidiens pour n'en faire qu'un ou d'autres ne s'en tiennent qu'à un produit alimentaire de base, ajoute Mme Sheeran. Les causes sont multiples pour cette augmentation des prix: conditions climatiques, remplacement des cultures destinées à la consommation pour les biocarburant et, surtout, l'augmentation du niveau de vie en Inde et en Chine. Des denrées comme la viande, autrefois considérée comme un luxe, sont maintenant très prisée par les classes moyennes des deux pays les plus peuplés au monde, accroissant dramatiquement la demande et, par conséquent, les prix des aliments. Par conséquent, la malnutrition ne cesse de progresser. Elle a touché 105 millions de personnes supplémentaires au premier semestre 2009 du fait de la hausse des prix alimentaires, ce qui porte le total à plus d'un milliard, a annoncé également la directrice Pam. 105 millions de personnes supplémentaires rien qu'au premier semestre 2009, ce qui porte le total à plus d'un milliard. "Nous avons enregistré cette année en moyenne quatre millions d'affamés de plus par semaine", a-t-elle dit en marge d'une réunion des ministres du Développement des huit pays les plus industrialisés (G8), à Rome. "Pour les six premiers mois de l'année déjà, 105 millions de personnes sont venues s'y ajouter", a poursuivi la diplomate, citant les chiffres que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) doit publier la semaine prochaine. En 2008, la FAO a évalué à 963 millions le nombre de personnes affectées par la malnutrition. Le Pam, qui a sollicité 6,4 milliards de dollars pour leur venir en aide cette année, ne disposait à la fin de la semaine dernière que de 1,5 milliard. Faute de ressources, l'organisation a dû réduire ses distributions et a renoncé à certains de ses programmes en Afrique de l'Est et en Corée du Nord. Dalila B.