Faute de march�s, le CMT de Constantine (Complexe de moteurs et tracteurs), fleuron de l�industrie m�canique en Alg�rie du temps de l�industrialisation et du plein emploi, risque de mettre la cl� sous le paillasson d�ici la fin de l�ann�e en cours et de livrer un millier d�ouvriers au ch�mage. Le conseil d�administration de cette usine, dans un ultime recours, a d�cid� d�appliquer le r�gime du temps partiel et de r�duire de moiti� le temps de travail pendant les trois mois � venir pour �conomiser sur la masse salariale (2 milliards de centimes environ), afin de s�assurer, selon son P-dg, Mohamed-Kamel Djama�, un semblant d��quilibre financier, de gagner du temps pour voir clair et de chercher des march�s en minimisant les pertes. Une d�cision qui n�est pas du go�t des travailleurs et de leurs repr�sentants, lesquels appr�hendent cette mesure, puisque, selon eux, l�administration pr�pare plut�t la fermeture du complexe. Ces derniers qualifient de �liquidateur� l�actuel patron de leur entit� industrielle et accusent de n�avoir rien fait de positif depuis qu�il a �t� nomm� � la t�te de la direction en 2006 et ne peut, de facto, trouver une issue � cette crise en si peu de temps. �Au lieu de d�velopper l�activit� commerciale, il a d�cid� d�arr�ter la production, puis de r�duire le temps de travail pour �quilibrer le budget. C�est du bricolage ! En tout cas, celui qui n�a pu �couler un stock de 2 000 tracteurs en 3 ans ne peut trouver de march�s porteurs en 3 mois�, a soulign� un syndicaliste. N�anmoins, l�administration, qui multiplie ces jours-ci les man�uvres aussi bien en Alg�rie qu�� l��tranger, selon son P-dg, notamment en Afrique, � la recherche de march�s, compte en fait sur la relance rapide du leasing (location- vente) du mat�riel agricole fabriqu� localement, gel� depuis la mi-ao�t dernier sur d�cision gouvernementale suite � la mise en liquidation de la Salem (Soci�t� alg�rienne de leasing mobilier). Une pratique qui a �t� depuis d�l�gu�e � la Badr (Banque de l�agriculture et du d�veloppement rural). En tout �tat de cause, cela ne va pas reprendre de sit�t parce que le groupe charg� par le gouvernement d��laborer des recommandations pour une nouvelle politique de leasing ne rendra compte qu�� la fin d�octobre et le statu quo durera encore plusieurs mois. �Avant la mise en liquidation de la Salem, nous vendions en moyenne 100 tracteurs par mois. Bien �videmment, � ceux ayant les moyens de payer cash notre produit (150 millions de centimes) parmi les agriculteurs qui b�n�ficient d�une remise de 25% dans le cadre du dispositif d�aide aux agriculteurs, et la Salem servait de relais, ou � d�autres entrepreneurs. Cependant, cette banque n�avait pas jou� correctement son r�le en faveur des petits agriculteurs, auxquels le dispositif en question offrait la possibilit� de s�approprier ce mat�riel au bout du paiement d�un pr�t sur une dur�e de 5 ans. C�est ce qui explique la m�vente des 2 000 tracteurs fabriqu�s en 2006 pour r�pondre aux besoins du programme de m�canisation de l�agriculture. Nous esp�rons que le gouvernement ne tardera pas � remettre ce dispositif en �uvre�, avance M.Djama�. M.Djama� a, enfin, confi� que son service commercial travaille, actuellement, sur la �conqu�te� de certains march�s en Afrique, une acrobatie qui vise, d�apr�s lui, � sauver l�usine. �Notre produit offre plusieurs avantages comparatifs : le tracteur du CMT est robuste, maniable, facile � entretenir et surtout ne co�te pas cher. Malheureusement, nous ne savons pas vendre. Nous n�avons pas song� auparavant � d�velopper notre fili�re export. Cette activit� est toute une culture, tout un savoir-faire qu�il faut acqu�rir�, a regrett� ce responsable qui a indiqu� qu�il a envoy� deux tracteurs au Soudan pour homologation. Ces deux tracteurs, qui subiront les tests pendant tout un mois, ne seront achemin�s au Soudan qu�� la fin du mois en cours. Cependant, le CMT devrait gagner un autre pari sur le march� local, celui de la commercialisation des pi�ces de rechange de ses produits. Cette activit� n��tait pas inscrite parmi les priorit�s du CMT, qui ne fabriquait que les pi�ces indispensables au montage. Un �tat de fait qui a favoris�, selon M. Djama�, la prolif�ration de pi�ces de rechange provenant des ateliers asiatiques. Aussi, c�est un autre march� � conqu�rir, de l�aveu m�me de M.Djama�. Peut-il vraiment faire concurrence au Chinois dans leur espace vital qu�est le Soudan alors qu�il trouve difficile de les concurrencer sur le march� local ? En tout cas, la cha�ne de montage est � l�arr�t depuis juillet 2007. L�activit� au complexe a �t� r�duite � l�entretien des tracteurs et la fabrication d�un certain nombre de pi�ces de rechange. Une activit� qui ne r�gle pas le probl�me pour une usine dont le seuil de rentabilit� avoisine 1 800 tracteurs/ an. Neuf milliards de centimes, tel est le montant des pertes enregistr�es � la fin de 2007. Une situation qui risque de s�aggraver cette ann�e. Il convient de noter que les capacit�s de production du CMT s��l�vent � 5 000 tracteurs/ an. Le stock du CMT est compos� actuellement de 700 tracteurs. En conclusion, la sauvegarde de cette entit� industrielle s�impose, parce que le fait de pousser 1 000 p�res de famille au ch�mage plongera fatalement la r�gion dans le chaos.