La semaine dernière, le rideau est tombé sur l'exposition «Consumer Electronic Show 2018» (CES 2018, Las Vegas), le plus important évènement de l'industrie de la technologie dans le monde. Cette année, le CES a été le théâtre de démonstrations ratées à cause des inondations et des coupures de courant. Néanmoins, cette manifestation, qui attire chaque année près de 200 000 personnes dans la ville du désert américain, n'a pas été avare en nouveautés. Par Farid Farah Des téléviseurs XXL très riches en matière de résolution d'écran, des drones plus rapides, une variété de véhicules autonomes, des solutions intelligence artificielle (IA) plus performantes et des wearables (objets connectés) plus adaptés à l'anatomie du corps humain ont été présentés par des milliers d'exposants venus du monde entier. Il ressort de l'arrière-plan de ce rendez-vous, une compagnie très active dans les technologies graphiques. Il s'agit de Nvidia, inventeur du processeur graphique (GPU), des cartes graphiques pour jeu sur PC, des jeux sur mobile, du Cloud Gaming, des bureaux virtuels et bien plus. A l'occasion du CES 2018, Nvidia a annoncé la fabrication d'une nouvelle puce électronique baptisée «Drive Xavier», destinée aux voitures autonomes. Cette nouvelle puce est composée d'un CPU doté de 8 cœurs, d'un GPU Volta à 512 cœurs, d'un accélérateur pour le deep learning, d'accélérateurs pour la vision par ordinateur et d'un processeur dédié à la vidéo 8K HDR. «Drive Xavier» peut effectuer plus de 30 000 milliards d'opérations par seconde avec un rapport performance/ consommation énergétique 15 fois supérieure à l'architecture précédente. La compagnie a aussi annoncé qu'elle va travailler avec plus de 320 partenaires pour le développement du véhicule autonome. Des sociétés comme Toyota, BMW, Nissan ou encore Volkswagen s'intéressent déjà à la nouvelle technologie de Nvidia. Ces nouvelles pièces matérielles représentent les nouveaux secteurs de croissance dans les deux flux de revenus mesurables de l'entreprise, les jeux et l'automobile. Alors que la société était bâtie sur les technologies hardwares des jeux (Gaming), son P-dg Jensen Huang projette l'apport des puces automobiles comme celui de la croissance future de Nvidia. Au cours de la prochaine année, Huang s'attend à ce que la majeure partie des puces utilisées pour les voitures autonomes soient placées dans les data-centers afin de simuler à distance la conduite des véhicules. Le matériel des jeux vidéo est l'un des secteurs des plus porteurs pour Nvidia grâce à la progression de la popularité de l'e-sport. Il représentait 59% du chiffre d'affaires de l'entreprise au dernier trimestre. Les jeux vidéo sont généralement pratiqués sur des écrans de 24 ou 32 pouces. Les écrans plus grands nécessitent plus de pixels à rafraîchir par seconde, ce qui complique leur fabrication. Mais la société a réussi à lever cette problématique en présentant, à l'occasion du CES 2018, une nouvelle génération de grands écrans 4K 65 pouces dédiés aux jeux vidéo, baptisée BFGD (Big Format Gaming Display). Ces écrans qui fonctionnent à 120 Hz mesurent 65 pouces de diagonale, soit 165 centimètres. Ils sont certifiés DCI-P3 côté colorimétrie et capables d'afficher des effets HDR pour la gestion de la lumière. Le «Projet Linda» Côté intelligence artificielle (IA), Google a saisi l'opportunité du CES 2018 pour ne pas se laisser distancer dans sa guerre qu'il mène contre ses concurrents dans le marché des enceintes dites «intelligentes». Des annonces sur son assistant vocal «Google Home» ont été placardées sur toutes les surfaces autour de la ville de Las Vegas. Si cette campagne publicitaire à destination du grand public sera concluante au sens commercial pour Google dans sa guerre des enceintes intelligentes menée principalement contre Amazon qui est censé détenir plus de 70% du marché, le monde saura qu'il commercialise également un assistant vocal connecté. Il faut rappeler qu'Amazon a été le premier à dégainer avec son enceinte intelligente appelée «Amazon Echo». C'est une enceinte qui collecte et interprète en permanence les ondes sonores créées autour d'elle. Il suffit à l'utilisateur de prononcer le mot «Alexa» pour la faire passer en mode d'écoute active pour lui délivrer des réponses telles que la météo, les services de streaming musical, les informations, etc. Google a, par la suite, suivi Amazon avec un concept très similaire, matérialisé par son enceinte Google Home. Les principales différences portent sur la manière d'interpeller son assistant, «OK Google», ainsi que des réponses formulées par l'enceinte qui provient essentiellement des contenus multidimensionnels de Google. Concernant les ordinateurs, et comme à l'accoutumée, le CES 2018 a apporté des nouveautés. Ainsi, la firme Razer a présenté le «Project Linda», une solution qui permet de transformer le Razer Phone, smartphone orienté gaming du même fabricant, en ordinateur portable arborant un écran tactile Quad HD de 13,3 pouces et un clavier rétroéclairé d'obédience Razer Chroma, et disposant de plusieurs touches spécifiques à l'interface Android. Le «Projet Linda» est également doté d'un disque dur de 200 Go pour étendre la capacité du Razer Phone. La connectivité se compose des ports USB-C, USB et une prise jack. Avec une telle solution, il sera possible de transformer le «gaming phone» en un ordinateur de jeux vidéo. Le «Projet Linda» est l'appareil destiné à faire exécuter des jeux nécessitant la puissance de calcul d'un ordinateur, et ce, à un coût très faible, puisque le boîtier du laptop n'englobe pas de processeur ou de mémoire RAM très coûteux. Pour les jeux qui exigent du matériel plus robuste, Razer s'est associé à Shadow, une entreprise qui exécute des jeux vidéo sur PC et les diffuse vers l'ordinateur de l'usager pour qu'il puisse jouer à distance. Ainsi, Razer permet donc aux adeptes du Gaming de se retrouver virtuellement avec un PC surpuissant pour jouer aux jeux vidéo les plus récents sur un dock embarquant un smartphone Android. L'idée de «Linda» qui demeure aujourd'hui à l'état de projet peut devenir une rampe de lancement pour un processus de fusion entre les environnements informatiques de bureaux (Desktop) et mobiles. Mieux, elle transforme l'écran tactile du téléphone en un clavier pour l'ordinateur portable.