Cens�s destin�s aux familles ayant fait la demande et pr�tes � en payer le prix tel que fix� par l�Etat, les logements sociaux participatifs (LSP) initi�s dans le cadre du projet pr�sidentiel du million de logements ont �t� d�tourn�s de leur vocation initiale. A Annaba, hormis ceux r�alis�s par l�OPGI, AADL et EPLF, les LSP font le bonheur des promoteurs immobiliers du secteur priv�. Construits sur des terrains domaniaux attribu�s � un prix symbolique, les programmes LSP r�alis�s par ces promoteurs figurent dans les bilans de r�alisation des administrations de l�Etat ; les prix de cession fix�s font l�objet de transactions douteuses. Ils sont fix�s de 5 � 7 millions de dinars le F3 de 80 m2 et plus pour le F4. Une condition est cependant fix�e par le promoteur pour donner un accord d�attribution de principe. Elle consiste � demander � l�acqu�reur de d�clarer au notaire, et de l� aux imp�ts, un prix trois fois inf�rieur. Ce type de transaction s�est g�n�ralis� depuis l�apparition des nouveaux riches d�guis�s en hommes d�affaires. Ceux deux derni�res ann�es, le secteur de l�immobilier a flamb�, encourageant les op�rations de blanchiment d�argent de la mafia locale de l�immobilier. D�un quartier � un autre � Annaba-Ville, les prix du LSP fluctuent toujours � la hausse. A la Baie des Corailleurs, Kouba, Oued Forcha, Pont Blanc, Bougantas, la valeur de cession des LSP a atteint des cimes inaccessibles pour le cadre moyen. Achev�es et r�ceptionn�es, plusieurs centaines de ces logements ont �t� c�d�es � des industrielles et hommes d�affaires alg�riens dans le besoin de placer les liquidit�s mal acquises. Le secteur priv� de la production industrielle, celui de la transformation et les soci�t�s �trang�res sont particuli�rement demandeurs de ces transactions immobili�res. Leurs g�rants acqui�rent ou louent � de tr�s forts prix les logements pour peu que ces derniers r�pondent � une multitude de crit�res (surface, �l�ments de confort, standing de l�immeuble et du quartier). Certains LSP con�us, pour la plupart, � cette fin sont c�d�s � des pr�te-noms, g�n�ralement des membres de la famille lorsqu�il s�agit d'acqu�reurs nationaux qui paient cash. A Annaba, cette cat�gorie d�appartements ne se construit plus au profit des citoyens dans le besoin d�un logement. R�alis�s en milieu urbain, quartiers et cit�s hupp�s, les LSP sont en fait c�d�s sous des pr�te-noms � une seule et unique personne. La d�marche est destin�e � tromper les services de la wilaya charg�s du suivi des listes d�attribution. Cette situation a eu pour cons�quence la dilapidation du portefeuille foncier �tatique pour le seul profit des promoteurs priv�s. Plusieurs membres du comit� d�aide locale � la promotion des investissements et de la r�gulation fonci�re (Calpiref) en charge des attributions de terrains � b�tir dans le cadre du programme pr�sidentiel ont, � maintes reprises, alert� les pouvoirs publics sur le trafic du foncier, en vain. Des terrains attribu�s par les domaines ou par l�agence fonci�re pour la r�alisation du programme pr�sidentiel de logements sociaux ont �t� d�tourn�s. D�autres destin�s � la r�alisation de surfaces communes, d�gagements, places publiques, espaces verts ont �t� squatt�s par les m�mes promoteurs. En mati�re de terrains � b�tir, Annaba est devenue le royaume de la baronnie. Les responsables locaux qui animent les r�unions et les visites de travail et d�inspection paraissent impuissants face � ce ph�nom�ne. Le rapport de forces qu�ils tentent de cr�er avec les riches promoteurs immobiliers leur est toujours d�favorable. Un argumentaire complexe o� s�enchev�trent sciemment les mauvaises raisons et les explications discutables est constamment avanc� pour permettre � ces promoteurs de b�n�ficier de la plus grande part de projets de LSP. Pour avoir os� concurrencer ces derniers et leur disputer des terrains � b�tir, les entreprises de promotion du logement familial (EPLF) risquent de dispara�tre. Autre cons�quence : le mouvement de col�re des habitants de divers bidonvilles de Annaba qui, � la fin de la semaine derni�re, ont pris possession des logements achev�s et toujours non attribu�s. Ce sont pour la plupart des LSP r�alis�s par des promoteurs priv�s.