Le prochain livre Journal d�un homme livre, du journaliste Mohamed Benchicou, a fait l�objet d�une inexplicable censure au niveau de l�imprimerie Mauguin de Blida. Cette pratique, digne des r�gimes m�di�vaux, renseigne encore une fois sur la nature d�un r�gime qui fait de la lutte contre la libert� d�expression l�une de ses priorit�s. Ly�s Menacer - Alger (Le Soir) - Le livre du directeur du journal Le Matin, que les autorit�s ont suspendu depuis 2004, a �t� en fait bloqu� � l�imprimerie m�me, � la suite d�une descente polici�re �muscl�e�, apprend-on dans le communiqu� diffus� par Mohamed Benchicou. �C�est la deuxi�me ann�e cons�cutive que la censure m�chante, absurde et irr�fl�chie frappe mes �crits�, lit-on dans le document. La sortie du Journal d�un homme libre a �t� programm�e � l�occasion du prochain Salon international du livre qui devra avoir lieu � la fin de ce mois. �L�an dernier, l�abus de pouvoir consistait � prohiber Les ge�les d�Alger au Salon du livre d�Alger et � murer le stand de mon �diteur, ce qui nous pla�ait d�j� dans l�outrance m�di�vale et le grotesque �, s�indigne Benchicou, qui a �t� emprisonn� pendant deux ann�es � la prison d�El-Harrach. �Aucune raison ne justifie cette interdiction, car tout a �t� fait dans les normes et le respect des proc�dures administratives qu�autorise la loi alg�rienne. En plus, j�avais avis� les organisateurs du Salon du livre d�Alger, qui m�ont donn� leur accord, pour participer � cette manifestation. Le directeur du salon et celui de l�Anep �taient tr�s courtois avec moi et m�ont m�me promis d�assister � la s�ance de vente d�dicace au Palais des expositions�, d�clare l�auteur de Bouteflika : Une imposture alg�rienne. Ce qui �tonne Benchicou, c�est le fait d�interdire un livre dont personne n�est mis au courant sur son contenu. �Il s�agit l� d�un acharnement � interdire un homme ou un auteur, que d�interdire le livre lui-m�me. Dans les pays o� le principe de la libert� d�expression est respect�, on laisse le livre sortir et ensuite entamer une action en justice, seule institution � pouvoir d�cider de son retrait des �tals des libraires ou non�, estime notre interlocuteur, joint par t�l�phone. Interrog� sur les d�tails de cette �b�vue� des pouvoirs publics, Benchicou affirme que les employ�s de l�imprimerie ont �t� terroris�s par les policiers, qui auraient expliqu� � la directrice que �l�ordre est venu de tr�s tr�s haut�. Ce qui pousse l�auteur du Journal d�un homme libre � s�interroger sur celui qui se cache derri�re �ce label de tr�s, tr�s hautes autorit�s.� Malgr� l�interdiction qui frappe son livre, Benchicou ne d�sarme pas et d�clare qu�il fera tout pour trouver un autre imprimeur, ici en Alg�rie, avant la fin du mois de novembre prochain. Sinon, le manuscrit sera diffus� sur la Toile, via le site du journal �lectronique Le Matin. Le livre sortira toutefois en France, aux �ditions Villeneuve, au courant de ce mois d�octobre. Par ailleurs, Mohamed Benchicou d�clare que �par cet acharnement contre mes �crits, et apr�s m�avoir emprisonn� et suspendu le journal que je dirige, le pouvoir alg�rien entend me d�signer comme le r�calcitrant � une sorte d�all�geance collective, qui ne dit pas son nom, qui s�imposerait au monde de l��dition en Alg�rie, et � laquelle nul �crivain ou �diteur ne saurait se soustraire, sans se rendre coupable de la fitna�. Benchicou esp�re, par ailleurs, voir �ceux qui ont interdit mon livre r�viser leur d�cision et le laisser para�tre en Alg�rie�. En attendant, Benchicou r�affirme son engagement et d�clare refuser �ce statut d�insoumis, je ne suis qu�un auteur parmi ceux qui font vivre l�expression dans mon pays. Je d�nonce, et je d�noncerai toujours, la censure m�di�vale, cet �tranglement du verbe et de la parole qu�entend instituer le pouvoir par la force et la pr�bende, un fait accompli qui abolirait, dans l�Alg�rie du XIXe si�cle, la libert� d��diter et de lire et qui consacrerait, � jamais, le livre comme une affaire de clous, de grandes planches et de brigades de police. Je continuerai � me battre, par tous les moyens, pour que le livre Journal d�un homme libre voie le jour dans les librairies de mon pays, comme je ne renonce pas � imposer le retour du quotidien Le Matinsur les �tals de nos buralistes�.