Abdelaziz Bouteflika a annonc�, hier, sa d�cision de recourir � une r�vision partielle de la Constitution par voie l�gislative. Outre l�annulation de la limitation des mandats pr�sidentiels, cette r�vision pr�voit la r�organisation des relations entre les membres du pouvoir ex�cutif, la protection des symboles de la nation ainsi que l�instauration d�un syst�me de quotas pour accro�tre la repr�sentativit� des femmes en politique. Tarek Hafid - Alger - Si�ge de la Cour supr�me. Apr�s avoir prononc� un long discours consacr� au secteur de la justice, le chef de l�Etat a d�clar�, hier, officiellement ouverte l�ann�e judiciaire. Abdelaziz Bouteflika ne regagne pas sa place, mais reste appuy� sur le pupitre. Il regarde solennellement l�assistance, boit un grand verre d�eau puis aborde le sujet qui tient en haleine toute la classe politique depuis plusieurs ann�es : la r�vision constitutionnelle. �En de multiples occasions, depuis 1999 et 2004, j�avais exprim� mon souhait de revoir la Constitution lorsque les circonstances le permettraient. Comme chacun le sait bien, les constitutions sont le produit de l�effort humain. Elles sont donc � m�me d��tre am�lior�es et perfectionn�es. Elles sont l�expression de la volont� des peuples � un moment pr�cis de leur histoire. Elles sont aussi une incarnation de la philosophie et de la vision civilisationnelle de la soci�t� qu�ils projettent �, a indiqu� Bouteflika en guise de pr�ambule. Retards Sans entrer dans les d�tails, il a reconnu que son projet de r�vision a d� �tre ajourn� � plusieurs reprises. �Lorsque j�avais exprim� mon souhait de revoir la Constitution, j�avais alors indiqu� les motifs qui imposaient la n�cessit� de l�adapter aux �tapes � venir. Et malgr� ma profonde conviction quant � la n�cessit� de la revoir dans les meilleurs d�lais possibles, le poids des engagements autant que les priorit�s nationales ou encore la multiplicit� des consultations ont emp�ch� la r�alisation de cet objectif et impos� de ce fait de la pond�ration. A ce moment-l�, nos pr�occupations �taient toutes tendues vers la lutte contre le terrorisme, la cons�cration de la politique de concorde civile et de r�conciliation nationale et la prise en charge des effets de la trag�die nationale. J�ai donc pr�f�r� accorder l�enti�re priorit� aux pr�occupations du citoyen et � la r�solution de ses probl�mes ainsi qu�� la poursuite des grandes r�formes nationales et des grands projets de d�veloppement avec le souci de leur r�alisation � temps. �Enrichissements� Concr�tement, cette r�vision � son initiateur pr�f�re utiliser le terme �enrichissement � � tournera autour de trois axes principaux. Le premier consiste � �permettre au peuple d�exercer son droit l�gitime � choisir ses gouvernants et � leur renouveler sa confiance en toute souverainet�, tant il est vrai que nul n�a le droit de limiter la libert� du peuple dans l�expression de sa volont�, car la relation entre le gouvernant �lu et le citoyen �lecteur est une relation de confiance profonde, r�ciproque, bas�e sur le choix populaire, libre et convaincu�. M�me s�il ne le dit pas ouvertement, cette nouvelle disposition annulera l�article 74 qui stipule que �la dur�e du mandat pr�sidentiel est de cinq ans� et que �le pr�sident de la R�publique est r��ligible une seule fois�. En clair, Abdelaziz Bouteflika fait sauter le verrou constitutionnel qui l�emp�chait de briguer un troisi�me mandat. Le second axe concerne �la r�organisation, la pr�cision et la clarification des pr�rogatives et des rapports entre les constituants du pouvoir ex�cutif �. Abdelaziz Bouteflika n�a pas donn� de d�tails sur les changements qu�il compte introduire. Il a juste pr�cis� que ces modifications ne toucheront pas �aux �quilibres des pouvoirs�. �Un pouvoir ex�cutif doit �tre fort, uni et coh�rent, � m�me d�assumer ses responsabilit�s et de d�cider avec c�l�rit� et efficacit�, de sorte � �viter les dualit�s et les contradictions et de d�passer les effets n�gatifs induits par l�incapacit� � coordonner certains programmes. Ces dualit�s et ces contradictions conduisent finalement � l��miettement et � la dissolution de la responsabilit� et au chevauchement des d�cisions, induisant par la m�me un retard dans l�ex�cution des programmes et la r�alisation de nos projets portant ainsi atteinte aux int�r�ts du peuple et de la nation�. Il faudra attendre la lecture du projet de r�vision pour conna�tre la teneur exacte des amendements qui seront introduits. On saura donc dans les semaines � venir si l�on va vers la cr�ation du poste de vice-pr�sident et si le responsable de l�ex�cutif aura le statut de Premier ministre. Symboles Le troisi�me axe de cette r�vision sera consacr� exclusivement �aux symboles et aux constantes de la nation�. �La protection des symboles de la glorieuse R�volution devenus aujourd�hui les symboles constants de la R�publique, en ce qu�ils repr�sentent comme h�ritage �ternel pour l�ensemble de la nation afin que nul ne puisse y toucher, les alt�rer ou les manipuler, et ce en conf�rant � ces symboles la place constitutionnelle qui leur est due�. Il y a lieu de noter que ce point n�a jamais �t� �voqu� depuis juillet 2006, date � laquelle Bouteflika avait annonc� sa volont� de revoir la loi fondamentale. Il semblerait que cette question s�est impos�e suite � la pol�mique sur le nombre de martyrs de la R�volution. Repr�sentativit� Bouteflika a �galement pens� � la gent f�minine. Annonc�e en �annexe�, l�instauration de quotas pour permettre aux femmes d�accro�tre leur repr�sentativit� en politique. �Vous vous souvenez qu�� l�occasion de la Journ�e mondiale de la femme, j�avais lou� l�importance des acquis m�ritoires r�alis�s par la femme alg�rienne ainsi que la place distingu�e qu�elle a gagn�e durant la glorieuse lutte pour la lib�ration nationale et son immense sacrifice � cette fin (�) Nous avons donc veill� � ce que le projet de r�vision constitutionnelle comporte une disposition nouvelle consacr�e � la promotion des droits politiques de la femme et � l��largissement de sa repr�sentation dans les assembl�es �lues, � tous les niveaux� a-t-il lanc� avant de cl�turer son intervention. Un discours longuement applaudi par une assistance persuad�e d�avoir �t� t�moin d�un �v�nement historique.