Un mois a pass� depuis les inondations qui ont frapp� la wilaya de Gharda�a. D�importants moyens ont �t� engag�s pour prendre en charge les populations et effacer les traces de la catastrophe. Retour sur les lieux du sinistre. La population de la vall�e du Mzab se remet difficilement des inondations qui l�ont frapp�e le jour de l�A�d el-Fitr. A Gharda�a, dans les quartiers situ�s le long des berges de l�oued, les commerces commencent � rouvrir. On peut, enfin, voir les ruelles de Hadj-Messaoud. Ces derni�res avaient �t� totalement inond�es, obligeant les unit�s de la Protection civile � utiliser des canots pneumatiques pour porter secours aux habitants. Par endroits, l�air est irrespirable. Les tonnes de boue qui se sont d�vers�es sur le centre-ville se sont transform�es en poussi�re. �L�atmosph�re est �touffante. Les services de la commune ont nettoy� � plusieurs reprises mais cette poussi�re est toujours l�, pr�cise un chauffeur de taxi qui pr�f�re rouler vitres ferm�es. La situation est tellement critique que l�arm�e a d� �tre appel�e en renfort. Lundi dernier, des djounoud ont proc�d� au nettoyage des principales art�res de la ville. C�est � El-Ghaba, la palmeraie de Gharda�a, que les stigmates de la catastrophe sont les plus visibles. Ce quartier, l�un des plus peupl�e de la ville, a �t� saccag� par les inondations. Il ne reste plus rien des villas cossues, des jardins luxuriants et des commerces. La mosqu�e, b�tie sur les bords de l�oued, ressemble � une ruine. Brouettes et pelles � la main, des gendarmes ramassent l��paisse couche de boue qui tapisse la salle de pri�re. Les traces sur le plafond prouvent que l�eau a totalement submerg� le premier niveau. Au vu des d�g�ts subis par les fondations, il est peu probable que l��difice puisse accueillir de nouveau les fid�les. La r�gle des croix C�est que les habitants de la palmeraie sont aujourd�hui confront�s � la probl�matique de la classification de leurs maisons. Comme � Boumerd�s et Alger lors du s�isme de 2003, Gharda�a subit la r�gle des croix de couleur. Certains estiment que les services du contr�le technique (CTC) ont class� des habitations en vert alors qu�elles sont irr�cup�rables. �Des maisons d�labr�es sont consid�r�es par l�administration comme �tant en bon �tat. Pourtant, il ne faut pas �tre ing�nieur pour constater qu�une b�tisse ne peut �tre restaur�e�, fulmine un jeune homme. Pour lui, les services charg�s de la classification n�ont pas respect� les directives du ministre de l�Habitat. Une situation qui risque de s�av�rer ing�rable dans les mois � venir. Aujourd�hui, plusieurs familles n�ont plus qu�un seul objectif : b�n�ficier de l�aide de l�Etat pour quitter la palmeraie et oublier ce maudit 1er octobre. Bien entendu, ces familles comptent bien garder leurs lopins de terre. Elles pourront, comme leurs anc�tres, profiter de la fra�cheur des palmiers durant la canicule. Amanat el-Se�l C�est que les anciens avaient mis en place un ing�nieux syst�me d�alerte pour faire face aux impr�visibles crues des oueds qui traversent la vall�e du Mzab. Ce syst�me de veille existe toujours. Il est g�r� par une instance nomm�e Amanat el-Se�l. El-Hadj Sa�d � personnage aussi jovial que bavard � est membre de cette instance. Il n�h�site pas � aborder les journalistes pour tenter d�expliquer le r�le de Amanat el-Se�l lors des derni�res inondations. �Durant les dix jours qui ont pr�c�d� les crues, nous avions constat� des modifications climatiques importantes dans la r�gion. De nos postes de surveillance de Boulila et d�Amlagua, nous avons vu les vents changer subitement de direction. Les premi�res pluies qui se sont abattues par la suite ont confirm� nos pr�visions. Nous �tions cependant tr�s satisfaits par ces pr�cipitations puisqu�il n�a pas plu sur la vall�e du Mzab depuis 14 mois�, raconte El-Hadj Sa�d. Lorsque le cours de l�oued se forme, les membres de Amanat el-Se�l tirent des coups de fusil. Des coups de feu � r�p�tition signalent un danger imminent. �Les premiers jours, il n�y a eu que quelques d�tonations�, note El-Hadj Sa�d. Mais comme pour tenter de se justifier, il ajoute : �J�ai constat� par la suite que la situation pourrait tr�s vite se d�t�riorer. J�ai donc saisi personnellement l�administration locale sur les risques d�une crue importante de l�oued Mzab. Finalement, la catastrophe a �t� in�vitable.� A en croire cette version, les autorit�s locales ont �t� pr�venues mais n�ont pas jug� utile de r�agir. Reste, n�anmoins, une question : pourquoi les membres de Amanat el-Se�l n�ont pas multipli� les coups de feu pour pr�venir la population de la palmeraie ? El-Hadj Sa�d a refus� de r�pondre � cette question. Une r�action qui viendra confirmer les informations sur l�inefficacit� de ceux charg�s de g�rer ce syst�me d�alerte traditionnel. Selon des personnes rencontr�es sur place, les repr�sentants de Amanat el-Se�l s��taient endormis la nuit de la catastrophe� Le �plan Orsec� du MDN Bien s�r, cette anecdote ne justifie en rien l�inefficacit� des autorit�s locales en mati�re de pr�vention et d�intervention. A commencer par les APC qui ont d�livr� des permis de construire sur les berges des oueds. Quant aux op�rations de secours, le wali avait lui-m�me reconnu les d�faillances lors d�une conf�rence de presse organis�e au lendemain de la catastrophe. En fait, le pire a pu �tre �vit� gr�ce � l�intervention de l�Arm�e populaire nationale. Le lieutenant-colonel Hakem Chikh, commandant de la cellule de communication de la 4e R�gion militaire, est revenu sur les moyens d�ploy�s. �L�ANP est intervenue d�s les premi�res heures des inondations. Les unit�s engag�es ont �t� d�ploy�es dans le cadre d�un plan qui d�termine les moyens � mettre en �uvre lors de catastrophes. Chaque wilaya a son propre plan. Il est mis � jour r�guli�rement avant d��tre adopt� et sign� par le minist�re de la D�fense nationale�, a indiqu� l�officier sup�rieur. Ce dispositif sp�cifique � l�ANP a �t� d�une importance capitale dans le cas de Gharda�a puisqu�il a permis de g�rer les premi�res op�rations de secours. A ce titre, il est utile de pr�ciser que l�Alg�rie ne dispose toujours pas de base juridique sp�cifique aux plans Orsec. Le jour de la catastrophe, l�ANP avait d�p�ch� des h�licopt�res de transport sur les zones sinistr�es. Puis c�est un v�ritable pont a�rien qui a �t� mis en place � partir de la base militaire de Boufarik pour acheminer des unit�s de la Protection civile. Les jours suivants, des unit�s du G�nie militaire sont intervenues pour d�senclaver des localit�s, rouvrir des routes et m�me renforcer des ponts comme ce fut le cas � El-Atteuf. Les hommes du G�nie ont �galement �t� charg�s des op�rations de terrassement des sites qui accueilleront les chalets o� seront log�es les populations sinistr�es. Ces unit�s sont aujourd�hui encore en alerte. Pr�tes � faire face � la fatalit�.