�Cela fait plusieurs ann�es que je n�ai pas dormi sereinement. Nous avons fait la guerre et lib�r� ce pays et maintenant nous sommes abandonn�s. Si l�Etat n�a pas besoin de nous, qu�ils nous jettent � la mer�, d�plore cette vieille femme qui vit au rez-de-chauss�e de l�immeuble num�ro 5 de la rue Adjissa-Ma�mar (ex-Lavoisier) � Bab-el-Oued. Lotfi M�rad - Alger (Le Soir) - Comme elle, ce sont plus d�une soixantaine de personnes qui habitent dans cet immeuble de quatre �tages datant de l��re coloniale. La menace d�effondrement est constamment pr�sente, mettant ainsi la vie des locataires en danger permanent. La fa�ade principale de cet immeuble coinc� entre deux vieilles b�tisses tout aussi d�cr�pies laisse deviner l��tat de d�labrement avanc� dans lequel se trouvent les appartements. �Regardez dans quel �tat se trouve cet immeuble ! Nous vivons � peu pr�s�, nous dira un habitant de l�immeuble. La cage d�escalier en bois, dont certaines marches sont rafistol�es par les habitants de l�immeuble avec des planches, risque de s��crouler � tout moment. Par endroits, il faut faire de longues enjamb�es pour pouvoir acc�der aux �tages sup�rieurs. Les compteurs d��lectricit� sont accroch�s aux murs p�le-m�le et les fils de raccordement pendillent dangereusement audessus de nos t�tes. Les murs fissur�s et les plafonds �ventr�s. Pourtant, des travaux de r�habilitation ont �t� engag�s par les services de la da�ra de Bab-el-Oued, apr�s le classement de l�immeuble de la rue Lavoisier dans la cat�gorie orange 4 suite au tremblement de terre de mai 2003. Mais l�entrepreneur a, semble-t-il, interrompu les travaux et abandonn� le chantier faute d�argent. En t�moigne l��chafaudage rouill� encore debout le long de la fa�ade apr�s plusieurs mois d�arr�t. Et comme pour compliquer davantage la situation et exacerber les craintes d�un imminent effondrement, un chantier d�excavation vient d��tre ouvert � quelques m�tre. �Les travaux qui y sont men�s causent d�importantes vibrations�, t�moigne un autre habitant de l�immeuble. A quelle logique r�pond la d�cision d�engager des travaux de r�habilitation d�un immeuble irr�cup�rable d�autant qu�il ne constitue nullement un patrimoine � sauvegarder ? �A celle de l�affairisme !� nous r�pond-on. Notre interlocuteur, qui dit avoir habit� l�immeuble il y a 45 ans, ne trouve pas les mots pour exprimer son d�sarroi. �Je suis all� hier (lundi ndlr) voir les services de l�urbanisme de l�APC de Bab-el-Oued pour les alerter. On m�a demand� de faire une lettre accompagn�e d�une p�tition sign�e par tous les locataires. Nous allons faire ce qu�ils nous demandent et on verra ce que cela va donner�, poursuit-il. En d�pit des nombreuses promesses de relogement maintes fois r�it�r�es par les autorit�s locales et qui, malheureusement, n�ont pas �t� tenues, l�espoir reste permis. D�autant qu�� quelques encablures du 5, rue Adjissa- Ma�mar, �les locataires d�un immeuble mena�ant ruine situ� sur le boulevard Abderrahmane- Mira ont �t� relog�s hier (lundi ndlr)�, nous apprend un jeune gardien de parking. Un parking qui a remplac� d�autres immeubles, eux aussi d�molis apr�s le s�isme de mai 2003. Ils sont combien d�Alg�riens � vivre dans des immeubles inhabitables de par leur v�tust� et leur insalubrit� ? A Babel- Oued, Belcourt, El-Harrach, mais aussi � Oran, Constantine, Annaba, B�ja�a, ce sont plusieurs milliers de familles qui nourrissent l�espoir de se voir un jour lib�r�es des affres de la pr�carit�. Des quartiers entiers de nos villes attendent d��tre d�molis ou r�habilit�s. L�Etat doit intervenir en urgence. C�est � lui seul qu�incombe cette responsabilit�. Ou bien attend-on qu�il y ait mort d�homme pour r�agir ? Malheureusement, plusieurs exemples confirment cet �tat de fait. Une chose est s�re, les catastrophes et les effondrements qui surviennent un peu partout en Alg�rie, surtout en cette p�riode de fortes intemp�ries, viennent rappeler � tous les habitants des immeubles mena�ant ruine que la mort est aux aguets.