Apr�s une interpellation sur la s�questration des d�pouilles des colonels de l�ALN, Amirouche et Si El Haoues, rest�e lettre morte jusque-l�, le RCD soumet de nouveau � la question le ministre des Moudjahidine. Cette fois-ci, la question orale, pos�e par le d�put� Ali Brahimi, a trait au sort et aux torts caus�s aux populations d�port�es et plac�es par l�arm�e coloniale dans les sinistres camps de regroupement. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - C�est bien � une question cruciale et d�importance certaine que devra r�pondre le ministre des Moudjahidine, M. Sa�d Abadou. Le d�put� du RCD l�interroge, en effet, sur ce que le gouvernement et l�Etat alg�riens ont fait aupr�s de l�ancienne puissance coloniale pour faire reconna�tre et indemniser le double crime de d�portation et d�incarc�ration concentrationnaire. M. Ali Brahimi a pris le soin d�adjoindre � son interpellation un descriptif document� de la situation de ces populations d�port�es pendant l�incarc�ration et apr�s l�ind�pendance. Le d�put� rappelle que c�est en 1955, dans les Aur�s, dans un premier temps, qu�ont �t� cr��s les premiers centres de regroupement, avant qu�ils ne se g�n�ralisent et s��tendent � tout le pays en 1957. �Le commissariat aux actions d�urgence de la puissance occupante avan�ait, au 1er avril 1961, le chiffre, discutable, de 2 392 centres de regroupement. Benyoucef Benkhedda, pr�sident du GPRA, �valuait le nombre des Alg�riens regroup�s � 2 500 000 personnes, tandis que des recherches ult�rieures en d�nombrent plus de trois millions (Michel Cornaton parle de 3,5 millions�, note M. Ali Brahimi qui ajoute qu�apr�s l�ind�pendance, certains de ces sites sont devenus des villages ou m�me des bourgs viables tandis que d�autres sont demeur�s tels quels. Le d�put� demande au ministre des Moudjahidine d�informer si, � d�faut d�avoir saisi la France pour reconnaissance et indemnisation des victimes, en conformit� avec le principe juridique de la succession d�Etat, les autorit�s alg�riennes ont indemnis� les anciens d�port�s et si cette indemnisation a concern�, outre les personnes abattues ou disparues, les maisons d�truites ou les d�port�s morts de faim ou de maladies inh�rentes � cet univers concentrationnaire. Citant le rapport Michel Rocard �tabli apr�s une enqu�te de terrain de trois mois, en 1958, M. Ali Brahimi souligne que 500 enfants mouraient par jour de malnutrition et de manque de soins. Le d�put� a invit� �galement le ministre � s�expliquer sur le silence qui a entour� cette page de l�histoire de la guerre de Lib�ration nationale. �Pourquoi, paradoxalement, l�historiographie de l�Alg�rie ind�pendante fait peu de cas de ces camps de regroupement, rejoignant presque ainsi le mutisme si �justifi� impos� durant la guerre et l�apr�s-guerre par les autorit�s fran�aises ?� Le ministre des Moudjahidine est enfin interrog� sur ce que son d�partement compte faire pour rem�dier au peu de cas fait de cet �pisode de l�histoire du peuple alg�rien. Le ministre des Moudjahidine ne sera cependant pas seul � descendre au Parlement pour y r�pondre. Le ministre de l�Habitat est �galement convi� � apporter un �clairage sur des aspects du m�me probl�me relevant de la comp�tence de son d�partement. M. Noureddine Moussa, objet donc d�une question orale, est interrog� sur la situation au jour d�aujourd�hui des camps de regroupement. �Sont-ils recens�s ? Combien y en a-t-il ? Dans quelles wilayas ? Sont-ils encore habit�s ?� sont, entre autres, les questions auxquelles le ministre devra r�pondre. Le d�put� pose aussi la question de savoir si, � l�ind�pendance, il y avait un plan de relogement de ces populations regroup�es et si, par ailleurs, l�Etat alg�rien est pr�t � indemniser les propri�taires des assiettes fonci�res sur lesquelles ont �t� �rig�s les camps de regroupement et si le minist�re de l�Habitat envisage de r�gulariser les constructions par un acte de cession de l�assiette fonci�re.