Avoir raison du coriace r�gime politique en place en �peronnant une alternative pacifique serait donc possible. Ahmed Benbitour, le chef du gouvernement qui refusa la d�rive totalitaire en d�missionnant de sa fonction, en a l�intime conviction. Interview� par El-Watan, il affirme travailler d�arrache-pied � �laborer les instruments de ce changement. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - S�il s�est voulu avare en d�tails, Ahmed Benbitour a indiqu�, n�anmoins, que l�alternative se voudra un d�passement des instruments mis en place par le r�gime actuel et n�impliquera pas ceux qui gravitent autour de lui. �Donc lorsque je parle de changement dans le calme et la s�r�nit�, je travaille � l��laboration de nouveaux instruments pour la r�alisation de ce changement. Ces nouveaux instruments concernent essentiellement la vision, c�est-�-dire expliquer la situation actuelle du pays, la situation vers laquelle il va d�river sans le changement et la situation � laquelle il peut pr�tendre s�il y a un changement de r�gime. Ils concernent �galement la capacit� de rupture avec le r�gime en place, c�est-�-dire expliquer que malgr� la fermeture de tous les canaux de progr�s, il est possible de mobiliser les gens en faveur du changement, de le mettre en �uvre et de construire un projet de soci�t�, un Etat protecteur et d�veloppeur, de m�me qu�une �conomie productive g�n�rant des flux de revenus durables au b�n�fice de tous (�)�, a-t-il expliqu�. De l�, la vocation de M. Benbitour appara�t un brin claire. Il �uvrera � mobiliser autour d�un projet de soci�t�. Ce qui, � l��vidence, n�ira pas se suffire de la r�daction simplement d�une charte ou d�un manuel de m�thodologie politique. Un projet de soci�t� se d�cline en un programme et se concr�tise par l�action et l�engagement militant. Autrement dit, un projet de soci�t� est port� par un parti politique. Or, est-ce � un parti politique que pense v�ritablement l�ancien chef de gouvernement ? On ne peut l�affirmer de suite, tant M. Benbitour s�est soigneusement gard� de sugg�rer une telle d�duction. Ce qu�il a soulign�, en revanche, c�est que le moment n�est pas encore arriv� pour d�voiler la substance de cette cogitation. Ayant fait sa religion que le changement ne viendra pas de l�int�rieur du syst�me, Ahmed Benbitour se tiendra hors des enjeux �lectoraux en perspective, la pr�sidentielle d�avril 2009, en premier chef. �Parce que tout est verrouill�, vous n�avez aucune chance d�acc�der au pouvoir pour r�aliser le changement avec les instruments que ce pouvoir a mis en place�, a-t-il estim�. Connu, par ailleurs, pour la pertinence de ses analyses, M. Benbitour a r�cidiv� pour dire que nous sommes dans une situation de non-gouvernance. Et on ne peut pas lui reprocher de l�avoir dit tardivement. L�ancien chef de gouvernement a, plus que d�autres, entretenu la r�gularit� en terme d�intervention dans le d�bat. Sur la r�vision de la Constitution op�r�e le 12 novembre dernier, il a estim� que le Parlement n�a pas vot� mais a simplement ent�rin� les amendements. Pour lui, la mise au service du Parlement a commenc� avec le recours � l�ordonnance, un recours qui lui a dict� de remettre le tablier. Et contrairement � l�expos� des motifs officiels, M. Benbitour est d�avis que �cette r�vision touche incontestablement les �quilibres fondamentaux du pouvoir, puisque les amendements se situent essentiellement dans le titre deuxi�me de l�organisation des pouvoirs. Ils touchent des points essentiels comme l�alternance au pouvoir et la distribution du pouvoir � l�int�rieur de l�ex�cutif�.