Sur les douze chefs de l�ex�cutif, Premiers ministres et chefs de gouvernement, que l�Alg�rie a consomm�s depuis Mohamed Ben Ahmed Abdelghani, huit ont, apr�s leur d�barquement ou d�mission, fait l�exp�rience de l�opposition. Des quatre qui se sont interdits d�explorer les sentiers tortueux de l�opposition, Ahmed Ouyahia est celui qui met plus de discipline dans sa fr�quentation du pouvoir, depuis le pr�sident Zeroual d�j�. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Comptabilisant le record de long�vit� dans la fonction de chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia, converti en Premier ministre apr�s la toute r�cente r�vision partielle de la Constitution, ne s�est pas encore d�couvert une �me d�opposant. Il ne se pla�t qu�au c�ur du pouvoir ou, � tout le moins, dans sa p�riph�rie imm�diate. Que de fois, invit� � c�der son fauteuil, a-t-il d� patienter, coi, attendant sa prochaine convocation. Il observa cette attitude en 1998 d�j� lorsque, la pr�sidentielle approchant, on lui pr�f�ra Sma�l Hamdani. Il en fera de m�me en mai 2006, lorsque le pr�sident Bouteflika le somma de faire place � Abdelaziz Belkhadem. Deux ans durant, jusqu�au 23 juin 2008, il s�obligea � camper dans la p�riph�rie du pouvoir, sans fonction officielle. Il reprit du service en tant que chef du gouvernement comme s�il n�avait pas connu l�infortune d�une �viction quelque peu rustre. En cela, il est v�ritablement atypique. De tous les chefs de gouvernement que l�Alg�rie connut depuis 1979, il est le seul � faire acte de capacit� et de disponibilit� � conduire des programmes quels qu�ils soient. C�est � croire que toute conviction propre est chez lui inhib�e. Ce n��tait pas le cas, bien entendu, de nombre de chefs de gouvernement et de Premiers ministres qui avaient offici� avant que luim�me ne d�couvre la fonction. Abdelhamid Brahimi, Kasdi Merbah, Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali et R�da Malek, qui se sont succ�d� � la t�te de l�ex�cutif entre 1984 et 1994, ont go�t�, diversement certes, aux vertus de l�opposition. Premier ministre sous Chadli, de 1984 � 1988, Abdelhamid Brahimi, dit Hamid la science, a vers� dans une franche opposition d�s qu�il quitta sa fonction. En sus, il s�exilera. Kasdi Merbah, chef de gouvernement de 1988 � septembre 1989, courra m�me l�aventure partisane, apr�s avoir fond� le MAJD. De puissant chef de gouvernement, il deviendra militant partisan � la t�te de son nouveau parti jusqu�� son assassinat l��t� 1993. Mouloud Hamrouche, qui officia, toujours sous Chadli, de 1989 � juin 1991, accomplira, d�s sa mise � l��cart, une double opposition, l�une au sein du FLN et l�autre par rapport au pouvoir qui a succ�d� au pr�sident Chadli. Sid-Ahmed Ghozali (1991-1992) pratique l�opposition depuis au moins une d�cade. Ce qui lui a valu d��tre arbitrairement interdit de se doter d�un instrument l�gal de lutte : un parti politique. R�da Malek (1993-1994) s�est joint � l�animation du p�le d�mocratique en cr�ant l�ANR, un parti qui s�est voulu d�inscrire son action dans l�opposition. Mokdad Sifi, qui figure aussi parmi les pr�d�cesseurs de Ouyahia dans l�exercice de la fonction de chef de gouvernement, s�est �galement essay� � l�opposition en se portant candidat � la pr�sidentielle de 1999, avant de se retirer en compagnie de 5 autres candidats, contre le candidat du pouvoir, Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Benbitour, chef de gouvernement entre 1999 et 2000, d�missionna avec fracas pour contester la d�rive autoritaire que le pr�sident amor�ait en recourant � l�ordonnance. Benbitour, depuis, est un intervenant r�gulier dans le d�bat politique. Il est contradicteur pers�v�rant du pouvoir en place. Ali Benflis (2000-2003) osa, lui, en 2004, rivaliser avec Bouteflika en se portant candidat � la pr�sidentielle. Son opposition � Bouteflika et sa d�faite �lectorale lui ont valu de perdre aussi le Front de lib�ration nationale dont il �tait secr�taire g�n�ral. Benflis n�a cependant pas durablement investi dans l�opposition. Du moins, il s�est abstenu d�activit� politique publique.