En pr�sence de M. Mohamed Ghazi, wali d�Annaba, qui les a r�unis lundi dernier, les armateurs, patrons de p�che, investisseurs et membres de la Chambre des m�tiers de la p�che ont bris� la loi de l�omerta. Une loi qui �tait de mise depuis plus d�une vingtaine d�ann�es au port de la Grenouill�re, poste terrestre frontalier o�, selon les participants � cette r�union, tout s�ach�te et se vend, y compris les femmes et les boissons alcoolis�es, sauf le poisson et les produits de car�nage. Les d�nonciations sont d�une extr�me gravit�, en ce sens qu�elles portent sur un aspect int�ressant non seulement le socio-�conomique et le sanitaire, mais �galement l�int�grit� territoriale de notre pays. �La s�curit� au port de p�che d�Annaba est totalement inexistante. Les pr�pos�s � cette mission donnent l�impression de vivre dans un centre de repos. Des personnes n�ayant rien � voir avec les m�tiers de la mer y commercent librement, vendant des produits interdits sans que nul intervienne. Ils viennent en bateaux, organisent des orgies, tabassent quiconque ose s�opposer � leurs faits et gestes et repartent en toute impunit�. Nous avons, � maintes reprises, alert� les autorit�s portuaires, vainement�, dira un armateur. Ses propos ont �t� repris par plusieurs de ses homologues et les �lus de la Chambre des m�tiers de la p�che. Lors de cette rencontre, les difficult�s mat�rielles inscrites � l�ordre du jour, tels les �quipements des embarcations, la r�alisation d�un nouveau port de p�che (ceux de la Grenouill�re et de Cheta�bi �tant satur�s), l�accostage, la p�che illicite� sont pass�es au second plan. Les propos avanc�s sont l�expression d�un ras-le-bol difficilement contenu depuis des ann�es. Ce sont ceux-l� m�me dont se sont fait l��cho, ces derni�res ann�es, diff�rents titres de la presse locale et nationale. En pr�sence de repr�sentants des autorit�s portuaires, police, gardes-c�tes, douanes et gestionnaires des ports, les gens de la mer d�Annaba ont r�it�r� leur appel de d�tresse. Ils l�ont fait, non seulement pour sauver ce qui peut l��tre d�une activit� de la p�che en d�perdition, mais aussi par patriotisme. �Seul un miracle a fait qu�il n�y ait pas eu d�attentat dans notre wilaya ces derni�res ann�es. Tous les trafics, y compris de drogue et de blanches, s�op�rent au vu et su de tout le monde au port de la Grenouill�re, livr� � la p�gre et � la mafia locale, nationale et internationale�, mart�leront, tour � tour, les armateurs et patrons de p�che. Dans cette infrastructure o� r�cemment il y a eu mort d�hommes, les sabres, �p�es, couteaux de boucher, gourdins et autres armes prohib�es ont remplac� les filets, les casiers et les pi�ces de car�nage. Les truands et les trafiquants font et imposent leur loi. Sans peur ni reproche, les participants n�ont pas h�sit� � mettre en accusation les responsables des diff�rents services de s�curit� du port. �Il y a eu r�cemment mort d�homme sur le port. Ils n�ont pas r�pondu � notre appel au secours, lanc� bien avant que survienne le drame. Ils ne l�ont �galement pas fait lorsque des sabres, des �p�es et des couteaux de boucher ont �t� tir�s pour agresser les armateurs et les p�cheurs. Toute cette situation a �t� port�e � la connaissance de la police du port en vain�, ont ajout� les pr�sents. Et, lorsque ces accusations sont lanc�es devant le principal responsable de la police maritime, celui des gardes-c�tes, de la douane et de beaucoup d�autres d�cideurs, il y a lieu de s�inqui�ter quant � la gestion de cette infrastructure, fronti�re terrestre avec le monde ext�rieur. A la pr�sence r�guli�re, continuelle et perturbatrice d�une activit� strat�gique comme la p�che, s�ajoute la pr�sence des bandes de d�linquants et celle des trafiquants de tous genres. Sur ce port et sous les yeux des services de s�curit�, le trafic de drogue, armes, de blanches, de devises� est un quotidien que vivent les principaux animateurs du monde de la p�che. Ils l�ont dit et r�p�t�. Hier facteur incontournable de d�veloppement socio�conomique de toute la r�gion, le port de la Grenouill�re se meurt, faute de s�curit�. Plus aucun armateur ou op�rateur �conomique n�ose s�y aventurer sous peine d��tre agress�. Faute de contr�le par les gardesc�tes, les rares zones poissonneuses, y compris celles du littoral annabi, sont syst�matiquement pill�es. La pollution des fonds marins s�est transform�e en banalit�, tant et si bien que les filets ne �p�chent� plus que des tas de ferraille et autres ordures, jet�s par les bateaux en rade ou les chalutiers. L�inexistence de stations de carburant, sleep-way, roul�ve, l�isolement pr�m�dit� et � dessein de l�Entreprise publique �conomique de construction et de r�paration navale (Ecorep), la n�cessit� de d�molir le mur de �Berlin�, l�abandon total qui caract�rise le port de Cheta�bi, l��quivalent de plus de quatre milliards d��quipements livr�s aux intemp�ries sur le quai Babayou de la Grenouill�re, sont d�autres probl�mes soulev�s lors de cette r�union. Comme cela est devenu coutumier, le wali a aussit�t d�cid� de prendre les premi�res mesures. En attendant la r�alisation d�un nouveau port de p�che, inscrit au programme du minist�re comp�tent en la mati�re, le directeur de l�ex�cutif a d�cid� la d�molition du mur de �Berlin�, le renforcement des moyens de contr�le au poste de police, la descente de police 24 h sur 24 sur le port, la r�alisation d�un abattoir � Zaouia (Cheta�bi) et de cases pour les p�cheurs, la r�activation des deux stations d�approvisionnement en carburants et lubrifiants des embarcations. Les m�mes engagements avaient �t� pris par les pr�d�cesseurs de l�actuel wali. Ils n�ont pas �t� tenus � ce jour. En sera-t-il autrement apr�s cette rencontre ?