Ma�tre Andr� Merchie vient de s��teindre la semaine derni�re � Bruxelles. Il avait �t�, pendant la guerre d�Alg�rie, l�un des quatre membres permanents du Collectif belge des avocats du FLN qui activait alors sous la responsabilit� de Ma�tre Serge Moureaux, fils du ministre de l�Instruction publique. Durant toute la guerre, Andr� Merchie a consacr� son temps, comme ses autres confr�res du collectif � la d�fense des militants, devenant � la longue un permanent du Front, au m�me titre que ceux de la F�d�ration de France du FLN. Il assurait plus particuli�rement dans le nord de la France, les visites r�guli�res aux prisons et les contacts avec les responsables des d�tentions de Loos-Lez-Lille, Douai, B�thune, Valenciennes, Dunkerque, Avesnes... maintenant un contact permanent du d�tenu avec le �nidham�. Il plaidait �galement, en appui de Serge Moureaux, C�cile Draps et Mark Dekock, pour nos militants, devant les tribunaux militaires fran�ais. Comme secr�taire g�n�ral de l�ASBI, �Comit� d�aide aux d�tenus alg�riens�, il �tait, de par sa fonction, compl�tement investi dans le soutien aux prisonniers et � leurs familles, remplissant en quelque sorte, la mission que le CSD poursuivait au sein de la F�d�ration de France � l�int�rieur du territoire fran�ais. Si aujourd�hui nous nous inclinons � sa m�moire, interrogeons-nous pourquoi ces jeunes avocats, si �loign�s � l��poque du drame que vivaient les Alg�riens, se sont-ils engag�s sans r�serve dans un combat qui, a priori, n��tait pas le leur. Ces juristes, � l�aube d�une carri�re que leur engagement allait s�rieusement perturber, avaient spontan�ment compris que les hommes qu�ils d�fendaient contestaient d�embl�e la loi du colonisateur, qui jusqu�� pr�sent, couvrait du manteau du l�galisme colonial l�occupation de l�Alg�rie, apaisant ainsi bien des consciences troubl�es. Et c�est pr�cis�ment cette hypocrisie que nos avocats dans la fougue de leurs premi�res ann�es de bareau, entendaient d�voiler. Convaincus qu�au-dessus de la loi contingente du moment, traduisant la pr�dominance de certains hommes � ou certains peuples � sur d�autres, ils croyaient en une loi permanente, expression d�une v�rit� �ternelle : l�homme est n� pour vivre libre. Et cette loi naturelle, aucun juge, aucune juridiction, ne sauraient la transgresser sans perdre le respect attach� � leur fonction. Le droit, quelles que soient l�apparence l�gale de son expression et la solennit� dont il s�entoure, ne peut excuser ni encore moins justifier, par une servile application de la Loi positive, l�injustice fondamentale proc�dant de la n�gation ou du m�pris de la loi naturelle. Tel �tait le message universel que le collectif des avocats du FLN en France, en Belgique et dans d�autres pays voisins, entendaient transmettre. La voix de l�un d�eux, celle d�Andr� Merchie s�est �teinte. Cependant � l��poque, elle parvint � se faire progressivement entendre, d�autant plus convaincante qu�elle �manait d�un avocat belge, compl�tement �tranger � une Alg�rie qu�il ne connaissait pas, mais dont la lutte exprimait les aspirations profondes de l�homme du Tiers-monde au respect de sa libert� et de sa dignit�.