�Migration subsaharienne et harraga : regards crois�s � a �t� le th�me principal d�un atelier de r�flexion et d�information organis� hier � Alger conjointement par le CISP (Comitato internazionale per lo sviluppo dei popoli) et l�UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les r�fugi�s). Journalistes, sociologues et sp�cialistes des migrations ont tent� de d�cortiquer le ph�nom�ne migratoire en Alg�rie. Un pays pourvoyeur d��migr�s et qui tend paradoxalement � devenir une terre d�accueil pour de nombreux immigr�s subsahariens. Lotfi M�rad - Alger (Le Soir) - Le ph�nom�ne migratoire depuis l�Alg�rie est pass� d�une �migration ouvri�re l�gale � une autre clandestine via la mer sur des embarcations de fortune. C�est le ph�nom�ne des harraga prenant de l�ampleur � mesure que les fronti�res europ�ennes deviennent herm�tiques. De plus en plus de jeunes sont tent�s par une travers�e hasardeuse vers les c�tes sud de l�Europe au p�ril de leur vie, fuyant le marasme social et le mal-vivre. Et face � ces manifestations �videntes de d�sespoir, l�Etat n�a pas trouv� mieux que de criminaliser l��migration clandestine. Pour Zine Eddine Zemmour, sociologue � l�Universit� d�Oran par ailleurs chercheur au Centre de recherche anthropologique, sociale et culturelle (CRASC), les solutions sont �de nature politique �. �L�Etat doit penser � un projet d�organisation sociale et �conomique clair en associant tous les intervenants dont des membres de la soci�t� civile et des sociologues �. Reprenant le t�moignage d�un jeune candidat � l��migration clandestine tir� d�un film-documentaire diffus� durant la rencontre, Zine Eddine Zemmour conclut que �le jeune est en qu�te d�une situation stable, un avenir�. L�Alg�rie un pays d�immigration �par d�faut� Force est de constater que depuis quelques ann�es, l�Alg�rie est devenue une terre d�accueil souvent �par d�faut� pour de nombreux immigr�s venant d�Afrique subsaharienne. N�ayant pu r�ussir � poursuivre leur p�riple pour rejoindre le Vieux Continent, des Subsahariens, en situation irr�guli�re, refusant de rentrer dans leur pays d�origine, se r�signent � rester en Alg�rie. Et l� encore, ils sont victimes de racisme des citoyens et des autorit�s et tous les probl�mes li�s � leur situation d�ill�gaux. Emanuelle Mitte, charg� de protection au niveau de la repr�sentation � Alger de l�UNHCR, rel�ve cet �tat de fait. Il s�agit, selon elle, de l�interdiction de travailler l�galement pour les adultes qui se retrouvent donc oblig�s de verser dans l�informel et plus grave encore, �les enfants des immigr�s ill�gaux non inscrits � l��tat civil sont, eux, interdits d��cole�. Un autre drame que les autorit�s alg�riennes doivent prendre en charge sous un angle humanitaire. Avec des chiffres, la repr�sentante de l�UNHCR a indiqu� qu�un millier de demandes de statut de r�fugi� sont en attente de traitement au niveau des services de l�agence onusienne � Alger. �Depuis les ann�es 1990, 150 certificats de r�fugi� en Alg�rie ont �t� accord�s � des ressortissants essentiellement originaires d�Afrique subsaharienne �, poursuit Emannuelle Mitte. A cet �gard, les autorit�s doivent r�fl�chir � une v�ritable politique d�immigration. �En r�gularisant les immigrants ayant un contrat de travail par exemple�, pr�conise un intervenant en soulignant que l�Alg�rie aura dans un futur proche besoin d�une main-d��uvre �trang�re. �Avec l��l�vation du niveau de vie, les Alg�riens rechigneront � occuper certains emplois qui, de fait, reviendraient aux immigr�s�, poursuit-il. En somme, reproduire la politique migratoire �hypocrite� des pays europ�ens.