Trois mois apr�s sa g�n�ralisation, la crise �conomique mondiale actuelle r�v�le de plus en plus clairement son �tiologie. On est au moins s�r � pr�sent qu�elle sera longue. Pour une raison simple : elle est mondiale et la solution doit �tre mondiale. Or, celle-ci peine � s�esquisser et m�me lorsqu�elle le sera, elle posera de tr�s grandes difficult�s pour sa mise en �uvre. Nous assistons pour l�instant � des solutions nationales combinant politique mon�taire accommodante et relance budg�taire mais quels effets pourraient avoir ces d�marches nationales, ces �batailles nationales� quand la globalisation ne laisse aucune place � des sursauts nationaux de �patriotisme �conomique�. L��conomie moteur qui est celle des USA est bien malade et la lourdeur de sa pathologie ne cessera pas de sit�t de contaminer les autres �conomies mondiales. Cette �conomie est d�j� en r�cession mais, plus grave encore, elle tra�ne une dette publique exorbitante, une industrie en perte de comp�titivit�, un ch�mage qui augmente � un rythme insoutenable, un dollar de plus en plus menac� et des �conomies mondiales qui n�arrivent plus � assurer leur r�le traditionnel de soutien direct ou indirect � cette �conomie. Le capitalisme enti�rement financiaris� est-il seulement gu�rissable ? Les USA accepteront- ils la th�rapie radicale : refonder le capitalisme sur des bases plus entrepreneuriales et moins financi�res et boursi�res ? L�enjeu est l� et bien l� et les agitations du pr�sident fran�ais tr�s m�diatis�es n�y pourront rien. Il est sage de se pr�parer � une assez longue travers�e du d�sert et la r�cession qui touche d�j� plusieurs �conomies risque de durer. R�tablir la confiance dont a tellement besoin le march� interbancaire ne va pas se faire rapidement et les plans de relance ont un d�lai de rebond assez long. Ceux qui sont mis en �uvre aujourd�hui dans les pays europ�ens, aux USA et en Asie, pourront, au mieux, att�nuer les d�g�ts. M�me les pays �mergents sur lesquels reposaient les espoirs d�une att�nuation de la r�cession de l��conomie mondiale sont touch�s, et la Chine et l�Inde connaissent d�j� un ralentissement �conomique. Un tel contexte, il faut l�admettre, est lourd d�incertitudes et ne permet aucune pr�vision s�rieuse quant aux cons�quences que pourrait subir l��conomie alg�rienne et notamment sa principale richesse que sont ses hydrocarbures. Les derni�res pr�visions de Merry Lynch donnent un prix du baril de 25 dollars pour 2009 ! C�est dire le pessimisme ambiant ! Nous allons donc exporter moins en volume et � des prix faiblement r�mun�rateurs. Nos recettes d�exportation vont, bien �videmment, s�en ressentir. En fait, notre capacit� de financement. Ceux qui, par cons�quent, pr�disent la crise pour les autres et le calme pour notre �conomie prennent des risques consid�rables. Pronostiquer un prix du baril de 60 dollars pour 2009 et affirmer, par exemple, que notre �conomie se portera bien jusqu�en 2015, y compris avec l�ensemble des engagements de d�penses publiques pris d�j� et � prendre, nous projette dans une aventure bien� aventureuse. Ces pr�dicteurs nous affirment m�me que l�on peut, sans aucun fr�missement, maintenir un niveau d�importation de 34 milliards de dollars par an, pendant les cinq ann�es � venir ! Ce sont d�ailleurs ceux-l� m�mes qui appelaient � la pr�voyance, il y a quelques semaines, et recommandaient un recadrage du programme d�investissements publics, un report de certains projets, une attention particuli�re au volume trop important des transferts sociaux qui alourdissent le budget de l�Etat. Alors affirmer aujourd�hui que ��a passe� jusqu�en 2015� ? Il est incontestable que la marge de man�uvre des �policy-makers� alg�riens est appr�ciable : une �conomie d�sendett�e, des r�serves de change importantes et g�r�es convenablement, un fonds de r�gulation des recettes bien fourni. Mais il faut bien comprendre que pour l�Alg�rie, l�enjeu de la gestion des effets de la crise �conomique mondiale actuelle consiste pr�cis�ment � tout faire pour ne pas perdre cette marge de man�uvre ou en tout cas minimiser sa r�duction autant que faire se peut, et ce, pour deux s�ries de raisons : 1/- Nous ne savons pas quelles seront les modalit�s de sortie de crise des pays capitalistes d�velopp�s : quels seront les d�lais de rebond �conomique attendu des nouvelles politiques mon�taires et des plans de relance qu�ils mettent en �uvre ? Quel sera le degr� �d�agressivit� de leurs �patriotismes �conomiques�. Mais nous ne connaissons surtout pas les le�ons que vont tirer ces pays de la crise mondiale et la place que vont occuper les pays du Sud dans les nouvelles strat�gies des pays capitalistes. S�il y a r�duction de leur d�marche libre �changiste et donc plus grande protection de leurs �conomies ; s�ils vont r�duire leurs investissements � l��tranger ; s�ils vont r�duire leurs �aides publiques� et leurs cr�dits accord�s aux pays du Sud� 2/- La seconde raison qui justifie une grande vigilance de la part des d�cideurs a trait aux d�fis qui nous attendent. Ils sont nombreux et redoutables et particuli�rement trois d�entre eux : a/ renouer avec notre ambition industrielle ; b/ construire une �conomie de services ; c/ faire �merger une �conomie fond�e sur la connaissance. Ces trois d�fis majeurs exigent une intervention de l�Etat, une politique �conomique active et donc n�cessitent des ressources financi�res, beaucoup de ressources financi�res. Plus que jamais, il faut cesser les �tartarinades�, instituer au plus haut niveau un comit� de veille, travailler aux ajustements n�cessaires � la sauvegarde de la marge de man�uvre actuelle et lancer la politique de l�offre qui commence par un programme global de soutien � la PME, un �small business act� que le pr�sident de la R�publique a d�ailleurs demand� au ministre de la PME lors de son audition au mois de septembre. A m�me �t� fix�e � cette occasion l��ch�ance de fin d�cembre 2008 pour discuter et adopter ce plan. Pour r�sumer, trois op�rations semblent utiles � mener rapidement qui aideront l��conomie nationale � traverser sans gros d�g�ts les ann�es 2009 et 2010 : 1- �tablir l��tat des r�alisations des deux programmes d�investissements publics inscrits dans les plans de relance I et II ; 2- revisiter la nomenclature de ces investissements en reportant ceux qui ne sont pas strat�giques et qui ne cassent pas la coh�rence des programmes. En un mot : �taler dans le temps le programme de relance ; 3- recadrer le programme d�importations dans le sens de son all�gement en supprimant les importations non indispensables. Il faut rappeler � ce sujet que c�est en 1974, c�est-�-dire au moment du premier �choc p�trolier� qui a am�lior� la position financi�re du pays, que fut institu� le monopole de l�Etat sur le commerce ext�rieur pour faire la chasse aux importations superflues.