Encore une ann�e qui tire � sa fin, avec un go�t d�inachev�, du moins pour ce qui est de la consolidation et la promotion des libert�s syndicales en Alg�rie. L�ann�e 2008 est incontestablement celle de la mont�e en force des syndicats autonomes, au d�triment du syndicat historique UGTA qui, lui, est en tr�ve depuis deux ann�es d�j�. Sur un chemin parsem� d�obstacles et de pressions, les syndicats autonomes sont arriv�s tant bien que mal � arracher une cr�dibilit� inesp�r�e dans la corporation des fonctionnaires. Une cr�dibilit� qui les a pouss�s � prendre la responsabilit� de rester mobilis�s jusqu�� la satisfaction des revendications socioprofessionnelles des travailleurs de la Fonction publique. Le recul du gouvernement sur ses engagements d�augmenter les salaires des fonctionnaires et de promulguer dans les d�lais les statuts particuliers des diff�rents secteurs, voire avant janvier 2007, a �t� l��l�ment d�clencheur pour une ann�e mouvement�e. 2008 : L�ann�e des gr�ves De janvier � d�cembre, plusieurs dates ont marqu� la sc�ne nationale, portant haut et fort des revendications l�gitimes et incontournables pour la stabilit� de la Fonction publique. Mais pas uniquement. La premi�re gr�ve qui a marqu� l�ann�e 2008 fut celle d�clench�e par les lyc�ens d�Alger, pour s��tendre � l�ensemble des lyc�es d�Alg�rie. Les lyc�ens contestaient la surcharge des programmes d�coulant de la r�forme du syst�me �ducatif. Leur mouvement a dur� une quinzaine de jours et a co�ncid� avec la gr�ve lanc�e le 15 janvier par la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, onze syndicats au total, qui ont protest� contre la nouvelle grille des salaires, car selon eux, celle-ci ne r�pondait pas aux aspirations des fonctionnaires. Regroup�s en une seule force, les syndicats autonomes �taient � leur premi�re manifestation unifi�e. Un �cho favorable a �t� rencontr� par ce mouvement qui a su rassembler des milliers de fonctionnaires autour d�une cause �l�mentaire, car il s�agit, en premier lieu, d�une question de vie. Les syndicats autonomes, en revendiquant des salaires d�cents, ont aussi revendiqu� le respect du droit syndical et la reconnaissance de cette force montante, en tant que partenaire social. Mais ce qui est p�nible dans ce combat, c�est qu�en face, il y a le pouvoir avec son rouleau compresseur. Tous les moyens ont �t� mis en branle pour discr�diter ces voix r�volt�es. Intimidations, sanctions, licenciements, d�nigrements et recours � la justice furent les r�ponses r�serv�es � chaque fois pour les syndicats autonomes, au vu et au su de l�UGTA qui n�a pas �lev� la voix, ne serait-ce qu�une seule fois, pour d�noncer l�arbitraire et l�injustice auxquels ont fait face leurs coll�gues syndicalistes. Au contraire, Sidi-Sa�d se donnait raison en alignant ses arguments sur ceux avanc�s par le gouvernement et en saluant les augmentations de salaires et l�avancement des n�gociations sur les statuts particuliers. Il fallait donc faire cavalier seul ! Les Syndicats autonomes ont poursuivi leur chemin et ont arr�t� de nouvelles dates pour rebondir. Apr�s la gr�ve de la Coordination en janvier 2008, ce fut l�Intersyndicale autonome de la Fonction publique, avec huit syndicats, qui exprima un mois plus tard, les 10, 11 et 12 f�vrier, un m�contentement g�n�ral devant les d�cisions du gouvernement relatives aux augmentations de salaires, en d�non�ant la d�gradation des conditions de vie de la population. L�Intersyndicale monta au cr�neau et exigea l�ouverture de n�gociations pour la Fonction publique, r�clamant entre autres, des pensions dignes pour les retrait�s, des emplois stables, des indemnit�s pour les ch�meurs et la titularisation des contractuels. De beaux espoirs qui s��vanouirent au fil des semaines et des mois. La gr�ve de trois jours, qui a eu lieu les 13, 14 et 15 avril et qui a paralys� les deux secteurs de l��ducation et la sant�, �tait l�expression de l�autonomie arrach�e par les fonctionnaires pour d�fendre leurs droits. La place des syndicats autonomes fut r�ellement arrach�e lors de leur deuxi�me appel � la gr�ve, en novembre dernier, o� les deux secteurs ont enregistr� un taux de suivi impressionnant. En dernier lieu, la gr�ve du secteur de la sant�, le 15 d�cembre, a confirm� la d�termination des syndicats autonomes � se positionner, d�sormais, comme acteurs principaux dans la lutte syndicale et pour les causes justes. Le vide syndical laiss� par l�UGTA est-il combl� ? Il convient de rappeler que l�apparition des syndicats autonomes remonte bien aux ann�es 1970 et 1980. Les actuels cadres qui activent dans les syndicats autonomes �taient, pendant ces ann�es, �tudiants. Ils ont particip� � la r�volte de la jeunesse en octobre 1988. Leur combat s�est inscrit dans la dur�e et trouve aujourd�hui sa maturit� dans la naissance des syndicats autonomes � travers tous les secteurs d�activit�. Le concept d�autonomie signifie pour eux �autonome vis-�-vis de l�UGTA et du pouvoir�. Ils sont n�s par besoin de prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs, pour faire face � la d�t�rioration dramatique de leurs conditions de vie et � leur paup�risation. Ann�e apr�s ann�e, la pratique syndicale collective et solidaire s�ancra dans les esprits des leaders syndicaux. Un programme d�action et une ligne syndicale d�mocratique et revendicative fut adopt�e par tous. Pendant que la Centrale syndicale UGTA est occup�e � faire all�geance au pouvoir et au pr�sident de la R�publique. La reconduction de Sidi- Sa�d � la t�te de la Centrale syndicale ainsi que l'ing�rence, lors de son dernier congr�s, de plusieurs ministres dans la d�signation des membres du comit� ex�cutif, ont confirm� le choix de l�UGTA de s�allier au gouvernement, pour ne pas dire contre les travailleurs. Sidi-Sa�d s�en est all� seul n�gocier avec l�ex-chef du gouvernement la nouvelle grille des salaires. Il en est ressorti fier, mais, a provoqu� une protesta qui ne va pas s�estomper en 2009.