Berriane va mal, si l�on tient compte de la tension qui domine les deux factions mozabite et cha�mbie. De notre envoy� sp�cial � Gharda�a, Kamel Gaci Hier, le calme est quelque peu revenu dans la bourgade, � l�approche de l�enterrement des deux victimes tomb�es lors des derniers affrontements qui s�apparentent, aux yeux de tous, � �une v�ritable intifadha �. En attendant, la ville retient son souffle. La r�union des notables de Berriane et des autorit�s locales de la wilaya de Gharda�a avec M. Dahou Ould Kablia, �missaire du gouvernement d�p�ch� d�urgence pour une �ventuelle issue du conflit qui oppose les deux communaut�s de la localit� � savoir mozabite et cha�mbie, qui s�est sold�, pour rappel, par deux morts et quelque 78 bless�s, s�est achev�e, dimanche dernier, sur un constat d�impuissance. Le ministre d�l�gu� des Collectivit�s locales a regagn� Alger bredouille avec dans les bagages un CD compromettant. Des �l�ments de l�URS (Unit� r�publicaine de s�curit�) ont �t� film�s en train �d�aider� les Cha�mba � p�n�trer au quartier de la RN 1 o� est fortement concentr�e la communaut� mozabite. Les images montraient aussi la passivit� des agents de l�ordre face aux saccages des magasins et des incendies des maisons appartenant aux familles mozabites. �Zerhouni est averti�, expliquent avec acharnement les notables de cette citadelle. �Si aucune d�cision n�est prise d�ici trois jours, ce CD sera diffus� sur Youtube, pour que le monde entier sache ce que nous subissons ici � Berriane comme d�passements.� La situation est dramatique sur le terrain. La ville est encercl�e de toutes parts par des renforts impressionnants des services de s�curit�. La gr�ve g�n�rale est respect�e � la lettre par tout le monde, y compris par les institutions publiques, et ce, depuis vendredi dernier, premier jour des tragiques �v�nements. Les reproches sont diam�tralement oppos�s entre les Cha�mba et les Mozabites et personne n�est en mesure de trouver une quelconque solution au conflit. Les accusations sont d�une extr�me gravit� au point o� la haine a pris largement le dessus. Depuis quatre jours, la population berrianie assiste, effar�e et impuissante, � cette violence extr�me. Tout a commenc� vendredi dernier � la sortie de la grande pri�re, lorsque les deux parties ont �chang� des tirs de pierres et autres projectiles suite � l�agression d�un Mozabite handicap� dans la soir�e de jeudi. L�embl�matique place administrative situ�e � cinq m�tres de la RN 1 s�est transform�e en champ de bataille. Les agressions se sont propag�es � d�autres quartiers o� deux morts et un grand nombre de bless�s ont �t� enregistr�s, semant la panique au sein des familles. Plus de 10 000 personnes, nous raconte-t-on, ont quitt� leur maison, cherchant refuge ailleurs, par peur des repr�sailles. A Berriane, les deux communaut�s repr�sentent quelque 25 000 �mes et les communaut�s sont s�par�es par la RN 1 et dans plusieurs endroits de la ville, elles cohabitent dans le m�me quartier. Dans une attitude d�sormais classique de d�ni, le gouvernement, par l�interm�diaire de son ministre de l�Int�rieur, s�est empress�, lors d�une conf�rence de presse, de pointer du doigt des bandes de voyous qui s�vissent dans les quartiers comme cela se passe, selon lui, dans la capitale. Ce qui a jet� de l�huile sur le feu ajoutant � la violence entre les deux communaut�s, pr�sent�es par tout Gharda�a comme un conflit interethniques. Le maire de la ville, en l�occurrence M. Bahmed Hadjadj, qui nous a re�us dans son bureau, nous dira que �cette confrontation entre les jeunes est le r�sultat de la grande pauvret� qui s�vit � Berriane. Cette violence peut conduire � un embrasement incontr�lable, si les hautes autorit�s ne d�bloquent pas des fonds pour garantir un �quilibre social dans cette localit�. Le maire de Berriane nous fera savoir que les �lus APW, APC et les notables de la ville ont d�cid�, lors d�une r�union qui s�est tenue hier au si�ge de la commune, de geler toute activit� ou relation avec le chef de da�ra de Berriane. Ce dernier que nous avons joint pour d�amples informations s�est refus� � tout commentaire. A souligner que parmi les revendications formul�es par les repr�sentants de la communaut� mozabite qui ont �t� remises au ministre d�l�gu� aux Collectivit�s locales, figure en premier lieu le d�part de ce responsable, qui serait, selon des t�moignages, � l�origine de ces derniers �v�nements sanglants. Il est aussi demand� la traduction imm�diate des auteurs des troubles et des assassinats devant la justice ainsi que des sanctions soient prises � l�encontre des policiers impliqu�s dans ces �v�nements. De sources officielles, nous avons appris que l�auteur pr�sum� du meurtre de Kerrouchi, ce p�re de six enfants, instituteur dans une �cole de la ville, a �t� interpell� et diff�r� devant le parquet de Berriane. Il a �t� �crou�, en attendant sa comparution devant le tribunal. Les d�pouilles mortelles des deux victimes n�ont pas encore �t� remises � leurs familles respectives, elles seraient gard�es � la morgue jusqu�au r�sultat final des autopsies.